PENSIONNAT, LE
L'HISTOIRE
« A l'âge de douze ans, j'ai quitté la maison pour aller en pension, et ainsi m'éloigner le plus possible de mon père.... Je n'avais qu'un seul ami avec qui je jouais de temps en temps derrière l'école. Il parait qu'il y avait auparavant une piscine à cet endroit, et qu'un élève s'y est noyé... Je connais une autre histoire étrange que je peux vous raconter si vous gardez le secret...»LA CRITIQUE
Trois ans après l'énorme succès en Thaïlande de son superbe premier film, "FAN CHAN" (aka "MY GIRL"), en co-réalisation avec cinq de ses anciens camarades d'université, Songyos Sugmakanan réalise "LE PENSIONNAT", toujours très marqué par le thème de l'enfance, véritable pivot de son œuvre naissante.Inspiré par sa propre jeunesse loin de ses parents, il délivre au public un film presque autobiographique, qui sous ses allures fantastiques, explore les émotions confuses d'un jeune garçon livré à lui-même dans un environnement inconnu et à priori hostile.
Lorsque Tôn est envoyé dans cet internat austère, il en veut à son père, mari adultère et instigateur de cette décision pour le moins radicale. En tant que nouvel élève arrivé en cours d'année scolaire, il peine à s'intégrer et à s'habituer à sa nouvelle vie, mais réussit néanmoins à se faire un ami, Vichien, avec lequel il passe le plus clair de son temps, dans et en dehors de l'établissement...
Mais depuis son arrivée, ses nouveaux camarades lui content d'inquiétantes histoires... il y a des années, un élève se serait accidentellement noyé dans la piscine et hanterait les lieux depuis. Lui-même est d'ailleurs le témoin d'étranges événements, en particulier à la tombée de la nuit...
"LE PENSIONNAT" reflète à merveille le caractère très personnel d'un scénario où rien ne semble laissé au hasard. Les émotions sonnent tellement justes que le vécu transpire derrière les images pour nous faire partager la vulnérabilité d'un enfant dans une période propice au doute, période dont il sortira finalement grandit grâce à son mystérieux nouvel ami et à cette volonté d'élucider le mystère qui entoure le pensionnat.
Porté par d'excellents acteurs en herbe, que l'on peine à croire quasiment débutants tant ils jouent à la perfection, ce film mêle avec intelligence et subtilité le surnaturel et le psychologique, sans jamais tomber dans quelque surenchère que ce soit.
Charlie Trairat (déjà au casting de "FAN CHAN") et Sirachuch Chienthaworn (habitué des spots publicitaires) sont d'autant plus attachants qu'ils interprètent leurs personnages avec naturel et spontanéité, unis par la même solitude et le même sentiment d'exclusion.
Simple et émouvant, "LE PENSIONNAT" nous entraîne dans un univers nostalgique et poétique à la photographie et à la musique magnifiques, loin des lassantes productions made in Asia qui exploitent exagérément le thème des fantômes à des fins strictement commerciales. Ici, le psychologique supplante le fantastique, malgré le goût de Songyos Sugmakanan pour les films à connotation surnaturelle, si l'on en croît ce petit clin d'œil amusant à "MR VAMPIRE", que le réalisateur se plaît à parodier sous les traits d'une version thaïe un peu kitsch !
Rien de surprenant à ce que "LE PENSIONNAT" ait obtenu plusieurs prix dans divers festivals internationaux, dont un Ours de Cristal à Berlin ! Un succès largement mérité pour ce réalisateur talentueux et prometteur, dont la sensibilité exacerbée n'a, espérons-le, pas fini de nous émerveiller.
Succombez à cet envoûtant hymne à l'enfance, sur nos écrans le 22 août prochain !
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Très recommandé même si le cinema thaïlandais ne vous motive pas a priori!
J'ai eu la chance de voir ce film lors de sa sortie en Thaïlande il y a plus d'un an. C'est un des tres rares films thaïlandais vraiment formatés pour plaire aux occidentaux tout en ne sacrifiant rien de son identité. Bien sûr c'est une histoire de fantômes, c'est quasi-incontournable dans le cinéma du sud-est asiatique, mais on est aux antipodes des habituelles pantalonnades exotiques aux effets spéciaux grotesques (du moins selon les standards des non-connaisseurs - moi y compris). Ce n'est pas non plus du gore hollywoodien, cela demeure infiniment thaï.
L'histoire de fantômes ne meuble pas tout le film, loin de la. Elle passe même au second plan parfois. "Dek Hor" c-a-d "le pensionnaire" dans son titre original est aussi une merveilleuse histoire d'enfance, d'amitié, d'épreuves, de rites. On peut y retrouver bien des moments, des situations qui rappellent subtilement "les choristes", et ce malgré l'éloignement culturel.
Si vous allez le voir, vous aurez en prime droit a une peinture toute en finesse de ces innombrables paradoxes qui font la société thaïlandaise, bien loin des clichés dont il est si difficile de se dépêtrer ici, surtout quand on évoque l'enfance. On y trouve intact ce subtil mélange de rigueur voire de rigidité auxquels viennent se superposer hédonisme et sensibilité, joie de vivre, insouciance et laxisme qui font la saveur (agréable ou pas suivant les sensibilités !) des pays du sud-est asiatique en général et de la Thaïlande en particulier.
Quant à savoir si c'est un film pour enfants comme le prix "Cannes junior" le laisse supposer, j'ai un doute. J'ai peur que de jeunes spectateurs français attendent (en moyenne, bien sûr) plus de spectaculaire dans un film présenté comme un film de fantômes.
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