TETSUO I & II
Note du rédacteur : 8 / 10
L'HISTOIRE
Selon toutes apparence paisible salary-man, un homme se transforme peu à peu en métal et devient une machine de guerre.LA CRITIQUE
"TETSUO : THE IRON MAN"Durée : 1h07
Année : 1987
Pays : Japon
Réalisation, scénario, montage : Shinya Tsukamoto
Photographie : Kei Fujiwara, Shinya Tsukamoto
Musique : Chu Ishikawa
Costumes : Kei Fujiwara
avec : Kei Fujiwara, Renji Ishibasi, Tomoro Tagushi, Shinya Tsukamoto,...
"TETSUO" est de ces films trop rares dont on ne ressort pas indemne. A fortiori lorsqu'il s'agit de votre toute première rencontre avec ce génial cinéaste qu'est Shinya Tsukamoto.
Il s'agit d'un film difficile à cerner : qu'en dire ? L'intrique est on ne peut plus minimaliste, les dialogues quasi inexistants, la narration réduite au minimum syndical,... on est bien loin du film traditionnel. "TETSUO" est avant tout un film visuel (et auditif), une expérience sensorielle bien plus qu'une oeuvre intellectuellement décryptable.
En constante recherche de l'image choc et porté par une bande son époustouflante (oscillant tour à tour entre noise, indus et percussions), le film se situe au carrefour du vidéo-clip (un des reproches qu'on a pu lu faire) et du film expérimental. Très proche des manga aussi : "TETSUO" est le résultat d'une soupe d'influences diverses, mais le résultat est finalement tellement personnel qu'il ne ressemble à rien d'autre qu'à lui même.
« Un homme se transforme en métal... » Ce film est symptomatique de son époque, celle d'un boom économique fonçant droit vers la crise, de l'aliénation de l'humain par la technique et de sa lente mais inévitable mutation en machine (thème que l'on retrouve dans le "VIDEODROME" de Cronenberg, influence avouée de Tsukamoto). Mais contrairement aux autres oeuvres produites à la même époque sur un thème semblable en grande majorité pessimiste, "TETSUO" représente presque cette mutation comme un souffle libérateur. Car si durant les premières minutes Tsukamoto filme à hauteur d'humain, il se pose bientôt sa caméra aux cotés du monstre – cet être du renouveau et antidote à l'apathie qui frappe le Japon moderne – et adopte au fur et à mesure sa vision (quoi qu'il s'agisse là d'une lecture à la lumière de ses films postérieurs dans lesquels le propos est plus clair : dans "TETSUO", tout ceci semble encore d'avantage intuitif que véritablement réfléchi).
"Monstre", le mot est lâché. Le cinéma de Tsukamoto descend en ligne droite des films de monstres japonais des années 50/70 (sa société de production s'appelle d'ailleurs Kaiju Theatre – théâtre de monstres), le monstre – qu'il prenne la forme d'un gros lézard ou d'un mutant chromé – y est le produit (en même temps que le symbole) de la dérive technologique et du traumatisme atomique (un point Godwin pour moi ; cela dit, le rapprochement Tetsuo/Hiroshima est plus que tentant).
Sauf qu'ici, le monstre a de l'avenir...
D'un point de vue purement technique, Tsukamoto est vraiment fauché et cela se ressent du point de vue des effets spéciaux, qui sont vraiment bricolés avec des bouts de fils de fer (certains diront que ça rajoute un coté cheap appréciable). Mais fort heureusement, ce manque flagrant de moyens financiers est compensé par une réelle inventivité dans la mise en scène, une maestria dans la représentation cinématographique de l'ultraviolence, ainsi qu'une excellente (bien que non conventionnelle) performance des acteurs, parmi lesquels Tsukamoto lui même. De plus, l'utilisation du 16mm donne un rendu argenté (quoi qu'il soit ici plus approprié d'utiliser le terme « chromé ») du plus bel effet, exacerbant le coté métallique du film. Ainsi, ce qui aurait pu devenir un film ringard supplémentaire est un véritable coup de poing, un évènement de l'histoire du cinéma de SF, qui influencera par la suite (en plus des moult clipeurs qui lui pompent constamment dessus) de nombreux réalisateurs comme Sogo Ishii (Electric Dragon 80.000V) ou Darren Aronofsky (Pi et dans une moindre mesure Requiem for a dream).
"TETSUO II : THE BODY HAMMER"
Durée : 1h33
Année : 1991
Pays : Japon
Réalisation, scénario, montage : Shinya Tsukamoto
Photographie : Fumikazu Oda, Katsunori Yokoyama
Musique : Chu Ishikawa
avec : Nobu Kanaoka, Min Tanaka, Keinosuke Tomioka, Tomoro Tagushi, Shinya Tsukamoto,...
"BODY HAMMER" est en quelque sorte le remake de "THE IRON MAN". Mais loin d'être sans intérêt, il en développe les thèmes principaux de manière plus explicite, tout en adoptant une narration plus conventionnelle (et de fait est plus accessible).
Tourné cette fois en couleur et avec des moyens plus importants ("moins modiques" serait un terme plus juste), "TETSUO II" se veut plus rationnel et limpide que le premier (qui atteint il faut le dire des sommets d'hermétisme). Mais il perd d'un coté ce qu'il gagne de l'autre, car il faut bien avouer que ce film est bien moins fort émotionnellement et visuellement inventif que le premier.
Ce que "TETSUO II" a de stupéfiant, c'est que tout étant une oeuvre secondaire (cinématographiquement parlant) de Tsukamoto, il soit en quelque sorte la matrice de tous ses réalisations futures, le film où Tsukamoto pose enfin une base cohérente à son univers, explicitant et approfondissant le premier "TETSUO", tout en esquissant de nouveaux thèmes qu'il explorera par la suite (la fascination de l'arme à feu dans Bullet ballet, le "sang maudit" dans Gemini,...).
Mais qu'on ne me fasse surtout pas dire ce que je n'ai pas dis, pris indépendamment "TETSUO II" est loin d'être un mauvais film. Quoi que plus posée, la mise en scène reste extrêmement dynamique et l'action est soutenue. De plus, la bipolarité des couleurs (bleu de la ville déshumanisée / rouge des souterrains) se révèle fortement esthétique en plus d'être symbolique.
Note de Epikt : 8 sur 10
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Sharita Termeer - 07/08/2014 à 09:46
# 3
Properly just considered i'd say howdy. Terrific web site Ian.
Sharita Termeer - 07/08/2014 à 07:05
# 2
Properly just considered i'd say howdy. Terrific web site Ian.
Sharita Termeer - 01/08/2014 à 14:46
# 1
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