SAUNA
L'HISTOIRE
1595 : la guerre russo-suédoise vient de se terminer. Deux frères finlandais font partie d'une commission qui a pour but de délimiter de nouvelles frontières. En chemin, ils sont responsables de la mort atroce d'une jeune russe. Un des frères, rongé par le remords, est hanté par le fantôme de la jeune fille. La commission arrive alors dans un étrange village situé dans un marais abritant un inquiétant sauna, où l'on peut laver ses péchés.LA CRITIQUE
Mandatés pour délimiter la nouvelle frontière entre la Russie et la Finlande, Erik et Knut se mettent en route pour rejoindre leurs homologues russes. En chemin, les deux frères font halte dans la demeure d'un fermier. A l'insu de son cadet, le cruel Erik abandonne à son sort une jeune fille dans la réserve à provisions. Dès lors, Knut sera assailli par la vision de la morte, qui l'implore de revenir sur ses pas...Cette mission en compagnie d'officiers russes va les mener tout droit vers un étrange village inconnu de tous, dans un territoire marécageux officiellement inhabité...
Un no man's land aux origines obscures au sein duquel les habitants – méfiants et peu loquaces – portent des vêtements d'un blanc éclatant et qui, curieusement, ne compte qu'un seul et unique enfant.
Au beau milieu du marais, trône une bâtisse mystérieuse, un sauna, sensé d'après la légende, laver les péchés de tout ceux osent s'y aventurer... Depuis son arrivée, Knut se sent inexorablement attiré par ce lieu. Son frère Erik ne croit pas en ses pouvoirs, d'ailleurs il n'aime pas l'eau, lui que la guerre a endurci et conduit aux meurtres de 73 personnes, dont cette jeune fille russe que Knut était sur point de violer...
En quête de rédemption, les pécheurs se rendent donc dans cet endroit énigmatique, mais pour eux, il est déjà trop tard...
Après "JADE WARRIOR" un premier long métrage plutôt orienté arts martiaux, Antti-Jussi Annila délivre ce bien étrange drame horrifique et psychologique, qui utilise d'anciennes croyances scandinaves comme point de départ pour son scénario.
Lieu autrefois sacré pour les finlandais, le sauna du marécage ressemble plutôt à l'Enfer pour le groupe d'étrangers qui débarque dans ce village aux terribles secrets... Les habitants quant à eux parviennent à vivre à côté de cet édifice menaçant, vouant une véritable obsession à la propreté et dissimulant la moindre icône à caractère religieux aux côtés des archives du village, autrefois abandonné par des moines russes qui croyaient en ses pouvoirs rédempteurs.
Au fil de son introspection dans l'obscurité du sauna, Knut, seul face à sa conscience, entraînera bientôt ses compagnons de route dans sa chute, car pour obtenir la pardon chacun doit nécessairement en payer le prix...
Très subtilement truffé de symboles, d'allégories, de références historiques, culturelles et religieuses, "SAUNA" - au même titre que d'autres films comme par exemple "ANTARCTIC JOURNAL" - axe son récit sur les aspects psychologiques de personnages torturés, sur les relations complexes qu'ils entretiennent. Des personnages aux antipodes les uns des autres, qui renferment finalement le mal en chacun d'eux, sans doute l'essence même de l'être humain...
La culpabilité qu'éprouve Knut, ses sentiments à l'égard de son barbare de frère (et vice versa), les rapports troubles qu'entretiennent Semenski et Musko, lequel semblant totalement épris du cartographe finlandais et prêt au pire pour exister à ses yeux... Chacun son fardeau à porter, chacun ses secrets... Tour à tour, les membres de la commission affronteront leurs démons dans une atmosphère inquiétante et glaciale, au milieu d'envoûtants décors naturels constitués de forêts aux arbres noueux, terres abîmées par la guerre, lac marécageux et rivière ensanglantée.
Si certains spectateurs risquent bien de se perdre en route, "SAUNA" n'en demeure pas moins une pièce hautement digne d'intérêt, que ce soit par son scénario ou son esthétique. L'œuvre, originale et tortueuse, propose une réflexion sur le pardon et l'expiation qui mériterait sans doute un second visionnage pour en parfaire la compréhension.
Attention, vous laissez des commentaires sur le film et non sur la critique ou le site.
Tout commentaire injurieux, raciste ou déplacé sera supprimé par la rédaction.
Bon film, très belle image. J'ai été surpris de la progression du film.
En bref, je ne regrette pas d'avoir suivi les conseils du site qui a bien noté le film.
Néanmoins, j'ai du mal avec l'interprétation du film... Beaucoup d'éléments restent flous pour moi. Ça n'enlève rien à la qualité du film.
Pas du tout d'accord avec Jean-Paul! Je ne suis pas un expert,
mais je viens de visionner "the descent", admis comme un chef d'oeuvre
du film d'horreur, alors que les ficelles sont sans arrêt visibles (personnage féminin héroïque pressentie dès le début), les plans "qui font peur" téléphonés, avec augmentation du son vulgaire à chaque fois.
Alors que "Sauna", une vraie grande surprise: une histoire qui prend son temps
pour être implacable pour ses personnages, des acteurs qui habitent leurs
personnages, une économie de plans gores et climax pour la fin.
Et oui, je pense au contraire que le film est subtil, comparé à "the descente", Sauna
n'a pas un 10eme des plans gores de ce soi-disant chef d'œuvre et pourtant sa tension dramatique prend bcp lus aux triples.
J'aurai aimé que Jean-Paul, tu nous donnes un exemple de film subtil à ton goût
(Parce que tout est question de comparaison assez subjective dans ce cas.)
S'il y a un mot déplacé dans cette critique c'est bien le mot "subtile", car ce film est tout ce qu'on voudra sauf cela. il use et abuse de la façon la plus pénible (et lassante) des ficelles du film "gore", au point d'en devenir ridicule et involontairement drôle. Le reste, la psychologie des personnages et le prétexte historique passe complètement inaperçu. Tout y passe: giclements de sang, rouflements életroniques, musique facile etc. Le film illustre assez bien la formule de Talleyrand: tout ce qui est excessif est insignifiant. L'auteur est incapable de MENAGER ses effets, ce qui aurait été indispênsable.
Sa note: 4/10Cette page a été vue 6056 fois.