BALADA TRISTE DE TROMPETA
L'HISTOIRE
Espagne, pendant la guerre civile, un clown est contraint de combattre avec l'armée. Emprisonné puis tué, il laisse un fils, Javier. Celui-ci devient à son tour clown dans les années 70. Un clown triste. Il est alors embauché dans un cirque où il tombe amoureux de la compagne de son chef. Une sombre rivalité s'installe alors entre les deux hommes.LA CRITIQUE
Voici donc le nouveau rejeton de l'espagnol Álex de la Iglesia, qui écume les festivals internationaux depuis quelques mois déjà.Le film démarre dans une ambiance qui rappelle pas mal "L'ECHINE DU DIABLE" de Guillermo Del Toro, sans doute essentiellement par le simple fait que l'action se déroule en pleine guerre civile au beau milieu d'une tripotée d'enfants. Et cette première scène plante bien le décor : un numéro de clowns sous les bombardements interrompu par des soldats républicains, qui se solde par la réquisition de tous les hommes du cirque en âge de combattre...
De ce triste spectacle qui le séparera à jamais de son père (la vedette du show), Javier gardera des stigmates indélébiles, propices à un pétage de plombs en bonne et due forme avec pour seul mot d'ordre : la vengeance !
La toile de fond historique et politique faisait déjà partie intégrante du générique d'intro, qui retrace en quelques images d'archive, plusieurs décennies de guerre civile, dictature et terrorisme ; où les icônes catholiques se mêlent à des figures du cinéma d'épouvante et à des symboles de la culture populaire espagnole, le tout sous une musique martiale percutante.
Le contraste entre éléments sonores et visuels illustrent parfaitement l'ensemble de ce qui va suivre, tout comme la dualité entre le clown « drôle » (la tyrannie) et le clown « triste » (la rébellion), ou tout simplement comme l'image du clown en général : amusant pour certains et effrayant pour d'autres...
Et dans la même logique, les deux personnages qui se disputent la belle Natalia sont bourrés de contradictions, ni tout blancs, ni totalement noirs, chacun est capable de la plus belle sensibilité comme de la pire sauvagerie derrière son costume. D'ailleurs la star féminine de la troupe verse tout autant dans l'ambigüité que ses deux prétendants : sous ses airs fleur bleue, on lui découvrira un goût prononcé pour les rapports violents, qui font toute la complexité de ce triangle amoureux...
L'objet des convoitises des deux hommes, devenus de véritables monstres de foire, les conduira crescendo vers une folie meurtrière sans limite. Du sadisme mais aussi une bonne dose de masochisme, avec des scènes d'humiliations, de supplices et d'automutilations, suffisamment éprouvantes pour faire sortir quelques spectateurs de la salle...
On rit jaune devant l'humour noir que nous propose – comme à son habitude – Álex de la Iglesia, tant certaines séquences mettent mal à l'aise. Seulement, dans "BALADA TRISTE", contrairement à la légèreté d'un "JOUR DE LA BETE" ou d'un "ACCION MUTANTE", l'ambiance est beaucoup plus pesante, plus glauque...
Dans un univers baroque à souhait marqué par le folklore forain, les costumes et les maquillages sont aussi impressionnants que flippants, à l'image des deux acteurs principaux, hyper convaincants ! Non sans rappeler le cultissime "FREAKS" de Tod Browning, les membres de la troupe font preuve d'une émouvante solidarité devant cette histoire d'amour impossible, qui ressemble à un conte de fée macabre jalonné de symboles culturels espagnols.
Voilà peut-être le seul bémol de "BALADA TRISTE" (qui ne sera assurément pas du goût de tous...) : il est préférable d'être familiarisé avec l'histoire du pays pour en comprendre pleinement toutes les subtilités. Néanmoins, avec une mise en scène et une photographie particulièrement soignées, ce film déjanté, déroutant et violent mais poétique et plein d'onirisme à la fois, ne laisse définitivement pas indifférent !
Attention, vous laissez des commentaires sur le film et non sur la critique ou le site.
Tout commentaire injurieux, raciste ou déplacé sera supprimé par la rédaction.
Un très bon film, rempli de personnages vraiment attachants, ce qui est quand même assez rare. C'est beau, triste et violent, drôle parfois. Toujours juste. Un de ses meilleurs films à mon sens et la très bonne surprise du moment.
Sa note: 8/10C'est loin d'etre le meilleur de De la iglesia (a mon gout) mais c'est un bon moment a passer, on regrettera certains choix scénaristiques qui plombent un peu le film avec des longueurs...suivient par des scènes d'action hallucinantes...heureusement.
Sa note: 8/10Un excellent moment.
Ayant découvert Alex de la Iglesia par ce film, j'ai regardé ensuite toute sa filmographie, pour me rendre compte que c'était vraiment le plus à mon goût.
On y retrouve un certain sérieux-pesant-glauque, exacerbé par le très bon jeu d'acteur de la part des clowns et peut être plus par son contraste avec une légèreté diffuse dans laquelle on reconnait le style habituel d'Iglesia.
Pour moi qui connais autant l'histoire hispanique que la littérature inuit, le cadre historique n'aura pas été un obstacle notable à l'appréciation de ce petit bijou.
A voir !
Cette page a été vue 5933 fois.