MAY
L'HISTOIRE
May travaille dans un cabinet vétérinaire. C'est une jeune fille timide et complexée qui a beaucoup du mal à se faire des amis et dont l'attitude est étrange aux yeux des autres. Elle partage son appartement avec sa seule vraie amie, une poupée que lui a donné sa mère quand elle était petite. Un jour, elle flirte avec un jeune mécanicien intrigué par son attitude. Leur relation ne dure pas longtemps et après d'autres brèves rencontres sans lendemain, May décide de se fabriquer elle-même un amant idéal...LA CRITIQUE
Diplômé de l'Université de Caroline du Sud au département scénario, Lucky McKee réalise "MAY", son deuxième long métrage en 2002. Première vraie distribution pour ce jeune cinéaste à travers le monde toutefois beaucoup se souviendront de la sortie anecdotique du film en France avec seulement 8 copies en 2004.May Canedy (Angela Bettis) est une fille isolée du monde qui l'entoure et son histoire n'a rien d'un conte de fée. Petite fille, elle se voit contrainte de masquer son strabisme avec un bandeau noir ; difficile dans de telles conditions de se faire des amis. Complexée, à la limite de l'autisme, "MAY" trouve réconfort en la "personne" de Suzy, une poupée au teint livide, enfermée dans un bocal, que sa mère lui offre pour son anniversaire et qui n'a rien à envier au personnage de Sally dans "L'ETRANGE NOEL DE MR JACK". La comparaison avec Tim Burton ne s'arrête pas là : comme dans "EDWARD AUX MAINS D'ARGENT", "MAY" souffre d'un défaut physique qui la place en marge de la société et la rend inadaptée socialement. Pourtant, dans l'espoir d'échapper à son enfance, "MAY", devenue une jeune femme d'une beauté inconvenante, part pour Los Angeles, décroche un job dans une clinique vétérinaire (où elle fera la connaissance de Polly, une lesbienne nymphomane jouée par Anna Faris ("SCARY MOVIE", "SMILEY FACE", "LOST IN TRANSLATION")) et munie de lentilles correctrices et protectrices, finit par obtenir un rencart avec Adam, le mécano Playboy du coin (alias Jérémy Sisto, le "cupidon" de "DETOUR MORTEL"). Ce dernier, attiré par l'étrangeté et la fragilité de "MAY" se laisse séduire timidement ; cet amour qu'on aimerait parfait rend "MAY" définitivement aveugle tandis que Suzy, elle, garde les yeux grands ouverts entrainant, peu à peu sous les crissements insupportables du bocal fendu, une scission entre les tourtereaux. Commence alors une lente descente dans les enfers entre détresse, colère et haine pour une jeune fille inexpérimentée (qui a dit naïve ?) sur le plan sentimental et prise au piège de ses sentiments. Ce n'est guère Polly trop occupée avec son minou qui lui viendra en aide, celle ci l'ayant délaissé pour les formes avantageuses d'Ambrosia (une des Cheerleaders sortie de "SEX ACADEMY"). La glace est désormais brisée entre "MAY" et Suzy, il leur est alors permis de fusionner corps et âmes pour la réalisation d'un projet trop bien connu de la romancière Mary Shelley : la fabrication de l'ami idéal...
"MAY" est un film autobiographique puisque son auteur, Lucky McKee, était lui même un enfant très solitaire, atteint d'un léger strabisme. (Nb : la tendance autobiographique est récurrente dans les films d'horreur. Il en est ainsi de l'homosexualité implicite dans "JEEPERS CREEPERS" de Victor Salva, lui même homosexuel). Le film n'en est que plus intéressant car loin des sentiers battus et rebattus des films d'horreur au sens classique du terme, celui-ci y insurge une part bouleversante de réalité. L'image est une donnée primordiale, elle est le piveau central de la réussite sur tous les plans. Rien ne sert de chasser le naturel nous semble dire le réalisateur, il finira par vous rattraper en dévoilant aux autres l'image que vous paraissez donner de vous-même. Ce message fataliste et bouleversant est d'autant plus accentué dans le film que l'imperfection physique dont souffre "MAY" est en même temps l'arme absolue de la séduction. La critique de McKee est des plus virulentes. L'ami idéal que "MAY" finit par se confectionner à l'aide de ses rencontres infructueuses n'a rien à envier au "FRANKENSTEIN" de Terence Fisher : ridicule à souhait, il arbore pourtant les meilleurs attributs de ses antagoniques congénères (tout droit sorti d'un épilogue de Brian Yuzna). Si dans "EDWARD AUX MAINS D'ARGENT", l'intention était de créer un homme comme les autres, ici, le processus est inversé : c'est le reflet d'elle même que "MAY" a créé, plus exactement ce que son handicap a fait d'elle aggravé par le regard et aussi l'absence de regard d'autrui. Au final, la folie aura raison d'elle mais l'automutilation n'aura pas été vain, "MAY" aura peut être créé le seul être capable de la voir pour ce qu'elle est. "C'est un film d'amour et de mort, un film sur la quête de la perfection, sur la déception aussi, celle que nous procure notre entourage quotidiennement." Tels sont les mots employés par le réalisateur pour décrire son film.
"MAY" fait parti de ces films où l'horreur réside davantage dans la réflexion que dans l'image. Soulignons néanmoins la séquence finale particulièrement dure qui renvoie directement à "AUDITION" de Takashi Miike. Lucky McKee dédramatise l'atmosphère morbide d'un humour pince sans rire et prend même un malin plaisir à référencer certains classiques comme "TRAUMA" de Dario Argento, film dans lequel, curieusement, l'héroïne est anorexique et donc, elle aussi, en état perpétuel de souffrance. "MAY" est une œuvre exemplaire, une référence plastique comme psychologique sur le comportement de l'humain. Lucky McKee conte l'une des plus belles histoires du genre, un cinéma qui s'essaie très rarement au drame. Une conjugaison puissante déjà culte parmi de nombreux fans de genre.
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Super film d'horreur, psychologique, attendrissant, original, cette actrice est vraiment excellente dans un de ces premiers roles.
A voir absolument, c'est bien trashy!
un film a voir absoluement!!!
la tranquillité de ce film est surprenant, mais c'est ce qui en fait toute ca force, car ca nous emmene très loin, jusqu'a en tiré de la sympathie et de la compréhension pour le personnage principal...
tout est soigné, la musique, l'ambiance, le jeu des acteurs, l'histoire!!
un film d'horreur qui donne envie de chialer.
trop rare et, du coup, precieux.
de plus, l'actrice nous emmene loin.
Effet basket ball diaries: angela bettis est elle vraiment folle dans sa vraie vie de tous les jours ?
et certains plans font fremire par leur beauté (scene d'intro et scene de fin en particulier).
a voir (et mourrir)
Faut aimer le genre
Ce film est assez lent ... il se passe pas grand chose , mais moi j'ai été pris dans l'ambiance !
Je peux néanmoins comprendre que des gens le trouve nul à chier
je lui donne un 6.5/10
Une plongée dans le morbide lyrique!!
Touchant et horrible à la fois!
Très dérangeant....
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