WOLFMAN
Director's cut.
Réalisateur: Joe Johnston.
Année: 2010.
Origine: U.S.A/Angleterre.
Durée: 1H58.
Distribution: Benicio Del Toro, Emily Blunt, Anthony Hopkins, Hugo Weaving, Geraldine Chaplin, Art Malik, Kiran Shah, Elizabeth Croft, Sam Hazeldine, David Sterne...
L'ARGUMENT: Lawrence Talbot est un aristocrate torturé que la disparition de son frère force à revenir au domaine familial. Contraint de se rapprocher à nouveau de son père, Talbot se lance à la recherche de son frère
et se découvre une terrible destinée.
POINT DE VUE POSITIF: Producteur de "Willow" et huitième long-métrage du réalisateur de "Cherie j'ai rétréci les gosses", "Rocketeer", "Jumanji" et "Jurassic Park 3" pour en citer ces exemples les plus populaires, Joe Johnston rend doublement hommage à un célèbre monstre hérité de la Universal avec une texture visuelle proche des productions Hammer du plus bel effet.
Un jeune aristocrate pris de remord revient sur les lieux de son enfance pour retrouver son paternel amer et solitaire après avoir appris la mort soudaine de son frère avec qui il eut d'étroites relations. Pendant que des villageois sont massacrés par une horrible bête sauvage, Lawrence Talbot ne s'imagine pas qu'il va découvrir le plus terrible des secrets.
Joe Johnston s'empare du célèbre mythe de la lycanthropie et le réactulise avec vigueur dans un somptueux classicisme éprouvé pour l'évocation d'une sombre et conflictuelle affaire familiale.
Un affrontement psychologique entre un père damné imbus de sa personne superbement campé par l'imposant Anthony Hopkins dans un rôle en demi-teinte et celui du fils, victime malgré lui d'une terrible malédiction auquel Benicio Del Toro prête tout son talent félin dans celui de la créature pris en chasse et martyrisée par la populace avide d'esprit revanchard. Une interprétation sobre et nuancée consolidée dans un lourd pessimisme avec son regard de braise conscient d'être l'innocente victime condamnée aux limbes de l'enfer.
Dans des décors gothiques de toute beauté magnifiquement restitués sous un éclairage bleuté et de noir profond, "Wolfman" rend superbement hommage aux films de monstres classiques de l'âge d'or du Fantastique des années 30 tout autant que la célèbre firme anglaise de la Hammer des années 50 en évoquant classieusement l'histoire d'un homme poursuivi, traqué, pourchassé par une population rebelle aveuglée par la haine et la colère de ne pouvoir tolérer, admettre un acte aussi irrationnel dans un déluge de violence et de sang commis par une bête sauvage d'une férocité exemplaire !
A ce titre, les incroyables transformations du loup à base d'FX bluffants de Rick Baker mis en oeuvre à l'ancienne jouent la carte de la sobriété et impressionnent l'esprit du spectateur avec beaucoup d'efficacité et d'habileté sans jamais forcer le trait grossier de la facilité grand-guignolesque, un peu à la manière des deux transformations de la "Compagnie des Loups". Des effets prodigieux qui font mouche mais plutôt teintés de discrétion qui ne versent pas dans le caractère spectaculaire exacerbé par une surabondance de plans chics et chocs. Quand aux nombreux effets gores d'une rare sauvagerie, ils se parent d'une teneur hautement impressionnante mises en scène pour renforcer, accentuer le côté animal et bestial de la créature douée d'une incroyable force surhumaine dans sa brutalité ! Un monstre pictural d'une belle envergure, superbement dessiné par ce génie des maquillages passé maître dans l'art de l'authenticité fantaisiste.
Le scénario dense et bien construit donne la part belle aux conflits psychologiques des personnages torturés à la recherche de leur lointain passé entrecoupé de scènes d'actions jamais gratuites servant le rythme d'une narration intelligement mise en scène qui croit pleinement à son sujet. Le massacre dans le campement gitan, la course poursuite dans les rues et sous les toits d'un Londres opâque et embrumé et le final entrepris en affrontement dantesque dans les flammes de l'enfer resteront les séquences les plus affolantes et distinguées d'un univers homogène naturel consciencieusement concocté avec soin et souci d'une reconstitution victorienne faisant la part belle à ces nombreux monuments historiques funèbres.
"Wolfman" est un superbe spectacle esthétiquement renversant dans la flamboyance d'une ambiance gothique raffinée renvoyant avec grace aux plus belles heures de gloire des plus célèbres films de loups-garous et cela en dépit d'une romance qui manque un peu d'ampleur, d'émotion et de consistance. Emporté par deux acteurs enfiévrés qui n'ont plus rien à prouver, "Wolfman" sait se comporter avec pertinence comme une oeuvre sincère, respectueuse et digne de foi.