par Sir Gore » 27 Mai 2006, 11:38
Voix Profondes se veut l'avant-dernier film du pape de l'horreur macabre et du fantastique ésotérique. On y décèle des éléments prémonitoires, mis en scène par un Fulci affaibli, conscient qu'il n'a plus beaucoup d'années à vivre. Ainsi, l'on retrouve pour une ultime fois cette impudicité maladive qui a fait les grands jours de gloire du bonhomme, à l'époque de Frayeurs, L'Au-Delà et consorts; Fulci pénètre régulièrement à l'intérieur du cercueil où le cadavre d'un homme - cet homme, en quelque sorte, c'est lui - se décompose peu à peu. Les effets spéciaux utilisés afin d'illustrer cet état de pourrissement progressif sont pour le moins saisissants et méticuleux.
Hélas! Voix Profondes souffre de défauts non négligeables, notamment d'un point de vue technique: l'image est assez terne, plus proche d'une production télévisée que d'un véritable film de cinéma, et les éclairages sont trop surexposés; quant au récit, il tend à patiner trop souvent pour ne pas sembler parfois ennuyeux.
En contrepartie, le métrage nous réserve quelques séquences d'onirisme entre la jeune fille et son père d'une beauté impressionnante (la poursuite dans les bois, le train, le final). Les scènes Gore s'avèrent elles peu présentes, mais l'on retiendra néanmoins une scène d'autopsie bluffante, ainsi qu'un plat peu ragoûtant, où les jaunes d'½ufs sont remplacés par des yeux, crevés les uns après les autres à l'aide d'un couteau. Buon Apetito !
Voix Profondes bénéficie d'un scénario moins rachitique qu'à l'habitude fulcienne, une sorte d'enquête à la Agatha Christie relativement bien menée, même si au demeurant simpliste. Le casting s'en sort plutôt honorablement - Karina Huff qu'on avait déjà pu voir dans le très sympathique La Casa Nel Tempo tire son épingle du jeu dans le rôle de la fille du défunt aidant celui-ci à saisir les origines de sa mort -, et concernant la bande-son, celle-ci tient la route, alternant le bon (mélodies synthétiques funestes du meilleur effet) et le moins bien (beats 80's un brin datés).
Cette ½uvre ne figure sans doute pas sur le podium des plus grands crus du réalisateur de L'Emmurée Vivante, la faute à certaines maladresses plus ou moins importantes. Toutefois, elle reste un jalon incontournable dans sa vaste filmographie, ce rien que pour la fascination (la peur ?) de la mort qu'elle assène, et dans ce sens, elle préfigure en quelque sorte le canevas thématique du tout dernier film de Lucio Fulci et l'un des plus foisonnants qu'est Les Portes du Silence. Un film précieux.
7/10