Victoria de Sebastian Schipper, 2015

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Victoria de Sebastian Schipper, 2015

Messagepar BRUNO MATEI » 05 Décembre 2015, 07:58

Réalisateur: Sebastian Schipper
Année: 2015
Origine: Allemagne
Durée: 2h18
Distribution: Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauff , André Hennicke, Eike Frederik Schulz, Hans-Ulrich Laux

Sortie salles France: 1er Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Sebastian Schipper est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste allemand, né le 8 Mai 1968 à Hannover.
1999: Absolute Giganten. 2006: Ein Freund von mir. 2009: Vers la fin de l'été. 2015: Victoria

"Ce film renversera le monde". Darren Aronofsky

Uniquement tourné en temps réel d'un plan-séquence de 2h18, Victoria est une expérience cinématographique unique en son genre. Une véritable épreuve de force, un uppercut émotionnel comme on en voit peu dans le paysage du polar auquel le drame social l'emporte avec une rigueur à couper le souffle. Par le biais d'un tour de force technique ahurissant de maîtrise et précision, Victoria privilégie les émotions fortes et fragiles à travers le portrait scrupuleux d'une jeunesse insouciante contrainte d'exécuter une dangereuse transaction contre leur gré. Le récit décrivant avec ultra réalisme la rencontre impromptue d'une jeune espagnole, Victoria, avec trois délinquants allemands ivres de fureur de vivre. S'attardant durant 45 minutes sur leur virée nocturne avec une attention emprunt de lyrisme, Victoria nous immerge à travers leur sympathique amitié sous le témoignage innocent de la jeune fille en quête de sensations nouvelles.

En dépit de l'aspect irresponsable de cette jeune clique d'adultes peu fréquentables, Sebastian Schipper parvient inévitablement à nous provoquer de l'empathie pour leur esprit de cohésion inscrite dans l'amitié et leur désir insouciant d'une liberté sans règles sous euphorie d'alcool et de joints. Ce sentiment tendre de camaraderie sera notamment renforcé du regain d'affection que Sonne et Victoria vont apprivoiser durant leur cheminement périlleux. La grande force du film réside donc dans le portrait imparti à leur caractérisation humaine où désespoir et fragilité vont s'embraser un peu plus, ces derniers conscients d'un danger trop ardu étant toutefois contraints d'y céder sous le chantage d'un mafieux impérieux. Passés les préparatifs et le passage à l'acte du hold-up retranscrit avec suggestion et vigueur anxiogène Spoiler ! (notamment celle de l'attente interminable du chauffeur et de la panne du véhicule qui s'ensuit !), Fin du Spoiler le cinéaste va nous dépeindre avec toujours cette même rigueur d'ultra réalisme (l'action est filmée en temps réel !) les conséquences tragiques de leur exploit de courte durée. Ce sentiment d'urgence d'éviter à tous prix la riposte des policiers, l'affolement et le marasme qui émanent de leur fuite à bout de souffle ainsi que la peur de trépasser, Sebastian Schipper les transcendent à l'instar d'un reportage pris sur le vif si bien que le langage cinématographique s'est évaporé au profit d'une expérience immersive avec l'engrenage de la délinquance. Cette densité émotionnelle allouée à l'injustice de leur défaite, cette angoisse exponentielle perçue à travers leur détresse sont exacerbés par les présences écorchées vives de comédiens plus vrais que nature au point d'en oublier leur "jeu d'interprétation". Et sur ce point probant, nous ne sommes pas prêts d'oublier la prestance bouleversante de Laia Costa se livrant corps et âme dans la peau de Victoria avec une fraîcheur, une innocence et une insolence dépouillées. Curieuse et fascinée par le danger de l'interdit, elle alterne les sentiments d'angoisse et de panique, du courage et de la détermination, de la tristesse et du désespoir durant un parcours initiatique à couteaux tirés.

Les Enfants du Silence
Expérience cinégénique dépassant le simple stade du divertissement policier, Victoria transfigure le drame social et psychologique sous couvert du mal-être d'une génération terriblement fragile et déboussolée. D'un ultra réalisme à faire rougir l'illustre John Cassavetes, Victoria est prioritairement sublimé par la prestance viscérale de gueules juvéniles criantes de vérité humaine. Soyez également avertis d'une méchante gueule de bois vers l'ultime acte du baroud d'honneur pour la verdeur de son acuité dramatique inconsolable. Au-delà de son tour de force technique d'une rigueur chirurgicale, cette oeuvre incandescente enchaîne le désespoir d'une innocence galvaudée. Une tragédie humaine inoubliable !

P.S: A découvrir obligatoirement en VOst !
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BRUNO MATEI
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