par SUSPIRIA » 07 Janvier 2009, 10:07
Alors que Twilight s'annonce comme un succès mondial en faisant valser les records, ce film qui peut se prévaloir d'être le deuxième meilleur démarrage de l'histoire aux Etats-Unis derrière Titanic méritait que l'on s'arrête sur l'adaptation qu'il fait de la saga de Stephenie Meyer. En effet, il est opportun de se demander si le film que signe Catherine Hardwicke est fidèle ou non à la quadrilogie d'ores et déjà vendue à plus de dix huit millions d'exemplaires dans le monde.
« Twilight dans sa version filmique est une adaptation des plus fidèles. On peut donc être satisfait si l'on ne connait pas l'oeuvre originale et rassuré si on l'a grandement aimé. »
Anwei Guégan
Entre fidélité...
Dès l'annonce de son lancement au cinéma, Twilight suscitait les plus folles attentes au regard de l'engouement provoqué par les quatre tomes du livre. Par conséquent, pour la réussite de cette adaptation, il semblait nécessaire de ne pas mécontenter les millions de personnes et les centaines de sites de fans avec pour ambition d'être incroyablement fidèle à l'oeuvre de l'auteure américaine.
Une trame événementielle respectée à la lettre
Prenant pour support le premier livre de la saga, Twilight, Chapitre 1 autrement baptisé Fascination, reprend ainsi dans sa globalité, la presque intégralité de l'histoire écrite par Stephenie Meyer. Ainsi, dans le déroulement des péripéties et dans la progression de l'histoire, le film suit-il le livre sans écart majeur. De la rencontre du couple Bella-Edward à l'arrivée de cette dernière à Forks où se construit la relation avec son père, la fidélité au récit est en tous points, remarquable. En effet, la trame des événements est reproduite au détail près, comme l'atteste par exemple la reprise fidèle de la scène de combats qui se déroule dans la salle de danse, autrement appelée salle des miroirs. Un vampire traqueur décidé à s'en prendre à Bella pour la tuer va être confronté à tout le clan Cullen, réunit pour sauver l'intruse humaine qu'est l'héroïne. Ici, film et livre font histoire commune et ne peuvent être séparés.
Un environnement retranscrit et transposé méticuleusement
D'autre part, le soin porté à la reconstitution des lieux et zones explorées par le roman - les régions les plus humides et les moins ensoleillées d'Amérique du Nord - est là encore exemplaire. Au niveau des couleurs alors que le roman use de verts, d'ocre et de couleur terre pour définir l'environnement dans lequel évoluent les personnages, le film reprend les mêmes indications et offre pléthore de ciels bas et lourds où la végétation est luxuriante et typique des grandes étendues glacées de ces latitudes. Ainsi, l'ensemble des décors est d'une rare fidélité au livre que ce soit à Forks, dans la villa blanche où résident les vampires du clan Cullen ou dans la transposition à l'écran de la chambre de Bella.
Une caractérisation des personnages exceptionnellement fidèle
Tout d'abord, l'ensemble des personnages est présents et aucun des acteurs du livre ne manque dans le film. Ensuite, concernant les personnages et leur transcription à l'écran, le travail d'incarnation et d'interprétation effectué est là encore plus que notable. Physiquement et esthétiquement, que ce soit au niveau des choix de monstration faits et du casting réuni, l'identité entre les personnages du livre et ceux du film est flagrante.
Les comédiens retenus (Kristen Stewart, Robert Pattinson...) sont sans conteste l'exact pendant de ceux du livre. D'Edward à Emmett, tous les personnages du livre connaissent un passage à l'écran réussi. Ainsi, Alice, petite brunette qui semble danser tout le temps, est campée d'une manière semblable à celle décrite par Stephenie Meyer lorsqu'elle la qualifie de fée virevoltante et qu'elle évoque sa grâce dite «divine » et « impériale ». Par ailleurs, les faciès blafards des personnages qui caractérisent leur appartenance au genre vampirique sont particulièrement bien rendus alors que la faute de goût était plus que possible.
De même, alors que chacun des protagonistes du livre est introduit par un archétype clairement défini, le film reprend les mêmes codes. Ainsi, Carlisle est présenté à l'instar du roman, comme un vampire patriarche, puisqu'il a mordu les autres protagonistes et en a fait des créatures semblables à lui. Pour sa part, Jasper peine à se contrôler comme dans les pages du tome 1 lorsqu'il s'essaie au régime « végétarien » des Cullen. Ainsi, vit-il difficilement le fait de devoir se réfréner devant Bella lorsqu'il la voit.
Par conséquent, les amateurs de la saga retrouveront au cinéma et avec bonheur les personnages du roman tels qu'ils les connaissent. Tous clairement identifiables et remarquablement caractérisés, ces derniers jouissent de tous les caractères majeurs que le roman leur a donnés. Les pouvoirs des vampires que sont Edward et Alice sont fidèlement conservés. Ainsi, comme dans l'ouvrage de Stephenie Meyer, Edward lit dans les pensées tandis qu'Alice voit l'avenir.
A tous les points de vue, Twilight dans sa version cinéma respecte donc majoritairement les choix de l'auteure de la saga et représente ce que les fans étaient désireux de voir au cinéma. Toutefois, comme chaque adaptation cinématographique reste une évidente trahison - le nombre d'informations contenu dans les pages du livre excédant de loin les 2h10 du film, certains éléments mineurs ont été reniés.
...et trahison
Ainsi, pour ce qui est du respect du livre et de sa progression, le film de Catherine Hardwicke scénarisé par Melissa Rosenberg se permet deux écarts majeurs et quelques libertés dans l'agencement de certains éléments explicatifs, plus richement détaillés dans louvrage.
La venue précipitée des vampires nomades
Tout d'abord, l'arrivée des vampires nomades se produit dans le livre dans les cent dernières pages du roman au moment de la partie de baseball alors que le film pour sa part ménage cette scène dès son début, faisant de ces derniers, une menace directe pour le territoire de Forks et des Cullen - végétariens et adeptes de sang animal -. On peut estimer qu'un tel choix soit lié à des raisons d'efficacité narrative. Ainsi, dans le métrage, s'attaquent-ils aux humains dès le départ, faisant nombre de victimes et inquiétant le clan Cullen, pour s'en prendre plus spécifiquement à Bella, alors dans le livre, cette scène ne fait aucune victime humaine et n'a pour seule cible que l'héroïne amoureuse d'Edward.
Une temporalité normalement raccourcie pour le métrage
Le deuxième écart majeur qui distingue le film du livre tient au temps et à la durée du récit. En effet, là où l'histoire du premier tome de la saga se déroule sur une année scolaire, le film opère un autre choix et s'inscrit dans une trame plus courte de quelques mois. Ainsi, là où l'oeuvre écrite offre deux bals à ses personnages, l'oeuvre filmique n'en retient plus qu'un. De la même manière, l'installation de la relation entre Edward et Bella est plus progressive, plus expliquée, plus approfondie dans l'ouvrage que dans le film, où tout semble plus soudain, au point que l'on peine à comprendre pourquoi cette relation nait et devient si intense. Des éléments enlevés du fait de l'adaptation semblent incontestablement manquer alors que le livre s'avérait plus prolixe sur ce plan.
D'autre part et de manière plus anecdotique, certains éléments de l'histoire ont évolué entre le livre et son pendant filmique. Ainsi, le lien fait par le livre entre les indiens de la réserve Quileute, leur mythologie et l'existence particulière d'Edward est modifié. En effet, dans le livre de Stephenie Meyer, l'histoire de la tribu et ses liens avec les « sang-froid » sont développés et racontés par Jacob, un des amis indiens de Bella lorsque ce dernier la retrouve sur la plage de la réserve Quileute. Et c'est ce récit qui va permettre à l'héroïne principale de comprendre qu'Edward est un vampire. A contrario dans le film, cette scène est occultée et ce ne sont que quelques informations glanées sur Internet ou dispensées par Jacob via l'adresse d'une librairie et l'achat d'un livre qu'il lui conseille, qui serviront à expliciter ce qu'est Edward.
Dans une perspective identique, la manière dont le clan Cullen s'est formé sous la férule de Carlisle, n'est expliquée que par un seul et modeste flashback dans Twilight alors que le livre ne se limite pas à la seule transformation d'Esmé, la femme du patriarche en vampire, pour au contraire raconter en détails toute l'histoire du clan.
Jacob et Bella, deux personnages plus sommaires à l'écran
En plus de ces modifications compréhensibles dans le récit retenu pour le film, on constate également une approche des personnages moins approfondie que dans le chapitre 1 de la saga. Ainsi, Jacob et les liens qu'il entretient avec Bella sont grandement limités. Mais plus sûrement, c'est le sort réservé l'héroïne qu'est Bella, qui laisse perplexe. Affadie à l'écran et davantage présentée comme une adolescente légère, sa personnalité apparait moins complexe et donc moins intéressante. En effet, plus caricaturale, elle ne lit pas autant que dans le livre, n'a pas l'ironie dont transpire ce dernier et fait surtout beaucoup attention à elle-même. Son pendant filmique est manifestement plus lisse et moins fascinant, cette dernière ne ressortant pas comme dans le livre où elle apparait si décalée et différente des gens qui l'entourent.
D'une fin anodine et presque définitive à une fin de cinéma ouverte et appelant une suite
Par ailleurs, on retiendra une technique très cinématographique pour aborder la fin du film au risque d'être infidèle au livre original. En effet, la dernière séquence de Twilight ouvre sur le deuxième volet du film en montrant le vampire Victoria qui observe le couple Edward-Bella. La saga pour sa part n'évoque pas Victoria puisqu'elle est le centre même de l'intrigue du second tome de la saga. Quant à la fin du premier tome, il se termine sur une scène de bal où Bella désireuse d'être changée en vampire, doit subir le refus catégorique d'Edward - comme si l'auteure n'avait pas prévue ou même écrit par avance le tome 2.
Qu'en penser ?
Globalement très respectueux de la saga originale et plutôt agréable pour l'amateur éclairé ou le fan patenté, Twilight apparait comme une traduction fidèle du livre de Stephenie Meyer à quelques écarts près, tous aisément compréhensibles au regard de la nature même d'une adaptation littéraire au cinéma. De fait, si l'on regrettera de manière pointilleuse, l'absence de certains éléments explicatifs ou de détails psychologiques qui donnent au livre toute sa puissance, Twilight dans sa version cinématographique apparait plus facile par instants, sans toutefois décevoir véritablement. En somme, parce que Twilight dans sa version filmique est une adaptation des plus fidèles, on peut être satisfait si l'on ne connait pas l'oeuvre originale et rassuré si on l'a grandement aimé.
SOURCE: DVDRAMA
C'est sûr qu'avec un film vampirique aussi romantique et fleur bleue porté sur et par des ados au look angélique fera loin de faire l'unanimité et se fera le plus souvent descendre sur ohmygore.