Oh My Gore ! - Forum

[BRUNO MATEI]

Titre d'origine: The Killing Hours / The Clairvoyant
Réalisateur: Armand Mastroianni.
Année: 1982.
Durée: 1h37.
Origine: U.S.A.
Distribution: Perry King, Norman Parker, Elizabeth Kemp, Kenneth McMillan, Jon Polito, Joe Morton.

Sortie salles France: 24 Octobre 1982. U.S: 1985 (uniquement en vidéo)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Amand Mastroianni est un réalisateur et scénariste américain, né le 1er Août 1948 à New-York. A partir de 1989, l'essentiel de sa carrière est érigée sous le label de télé-films et séries TV.
1980: Noces Sanglantes
1982: Un Tueur dans la Ville
1985: Tales from the Darkside (série TV)
1986: The Supernaturals
1987: Distortions (Machinations)
1989: Cameron's Closet.

La cadavre d'une jeune femme est repêchée par la police dans un canal new-yorkais. Ce crime est le premier d'une longue série dont l'une des particularités dénote que les victimes sont retrouvées menottées. La police impuissante patauge par manque de mobile et de preuves, jusqu'au jour où une clairvoyante, étudiantes en beaux arts, vienne les épauler avec une série de dessins prémonitoires.

A l'origine conçu par William Friedkin, cette seconde réalisation d'un vétéran de la TV tire son originalité par son thème sur la prescience affilié au climat trouble d'une série d'homicides particulièrement cruels. Hormis sa facture télévisuelle (non exempt d'attrait !) et sa mise en scène routinière, Un Tueur dans la Ville réussit facilement à nous tenir en haleine par l'efficience d'un script intrigant (entre deux fausses pistes et une romance en trio) ainsi que la spontanéité attachante des comédiens de seconde zone. D'ailleurs, pour les fans du délirant Class 84 sorti la même année, ils pourront reconnaître Perry King, l'ancien professeur féru d'auto-justice, en l'occurrence reconverti en journaliste arrogant et arriviste. Ce qui interpelle donc dans cette investigation criminelle matinée de surnaturel, c'est la cruauté des meurtres accomplis sans concession par un meurtrier sans visage. Ils se révèlent d'autant plus inventifs pour les lieux dans lesquels les victimes sont embrigadées (véhicule, piscine, ascenseur) qu'elles n'ont aucune chance de se dépêtrer des menottes attachées à leurs poignées. Cet effet de claustration est particulièrement bien rendu avec une séquence aquatique auquel un individu tente de s'extraire la tête hors de l'eau, en essayant par tous les moyens de se libérer des menottes raccordées à l'une de ses chevilles. Le sentiment d'insécurité est notamment exacerbé par l'éclairage de néons orangers d'une piscine couverte subitement obscurcie dans la pénombre. Enfin, vers la dernière partie, une séquence de viol particulièrement crue et malsaine n'hésite pas à incommoder le spectateur dans son réalisme glauque résultant des exactions de quidams obscènes. Dans la chambre d'un hôtel miteux, ce groupe d'individus est sur le point d'accomplir des jeux sexuels avec le consentement d'une femme menottée en lui infligeant de prime abord divers sévices corporels, comme cette torture à la braise de cigarette. L'ambiance feutrée est également accentuée par une bande-son bourdonnante et le mutisme des antagonistes.
Quand à la résolution de l'intrigue, elle se révèle assez étonnante pour dévoiler l'identité du meurtrier ainsi que son mobile imparti à une sinistre affaire crapuleuse.

Agréablement bien troussé et interprété par d'aimables comédiens, Un Tueur dans la Ville est un curieux thriller qui ne manque pas de susciter anxiété et appréhension face à une énigme ombrageuse. A découvrir pour les amateurs de raretés et d'ambiance glauque illustrant avec persuasion l'inquiétude d'une cité urbaine hostile.