Titre d'Origine: The Hunted
Réalisateur: William Friedkin
Année: 2003
Origine: U.S.A.
Durée: 1h35
Distribution: Tommy Lee Jones, Benicio Del Toro, Connie Nielsen, Leslie Stefanson, John Flinn.
Sortie salles France: 26 Mars 2003. U.S: 14 Mars 2003
FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood.
1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.
Avec Traqué, l'année 2003 est le vrai retour de William Friedkin ! Avec un réalisme âpre, il nous présente aujourd'hui sa version hardcore de Rambo lorsqu'un vétéran renoue avec ses pulsions meurtrières et son instinct de survie pour déjouer son ancien enseignant lors d'une traque rigoureuse compromise avec les forces de l'ordre. Survival redoutablement intense, de par l'efficacité optimale des poursuites échevelées à travers une nature hostile ou au coeur d'une métropole (la séquence du métro s'avérant aussi palpitante que vertigineuse !), et la prestance virile de deux monstres sacrés, (Tommy Lee Jone et Benicio Del Toro affichant communément une posture stoïque dans leur incessant jeu de cache-cache avec la mort), Traqué laisse les mains moites.
A l'instar du corps à corps viscéral perpétré à l'arme blanche entre nos deux antagonistes, l'un des combats les plus sauvages que l'on ait vu au sein de l'industrie du cinéma d'action. Préconisant la carte du divertissement homérique, William Friedkin y apporte sa touche dérangeante par son ambiance malsaine tacite et sa réflexion imposée à l'animosité de l'homme. Pour ces thèmes impartis au traumatisme de la guerre et au bellicisme meurtrier d'une machine à tuer, le film conjugue un parallèle avec notre incivisme à exploiter la cause animale. A l'instar de notre instinct prédateur à daigner le traquer pour le plaisir de la chasse ou pour notre attrait culinaire ("six milliards de poulets vont être massacrés dans les abattoirs cette année, que se passerait-il si une espèce prédatrice n'avait plus de respect pour nous et commençait à nous massacrer les uns les autres" évoquera Hallam !). Par le biais de ce vétéran abdiqué par sa nation, les thèmes de l'impossible réinsertion sociale et la démission paternelle sont mis en évidence lorsque son entraîneur des forces spéciales a tout simplement omis de lui apporter soutien, révérence et compassion après l'avoir endoctriné à transcender son instinct de survie. Exploitant habilement la variété des décors oscillant l'environnement naturel et les infrastructures (urbaines et industrielles) de notre civilisation moderne, William Friedkin transfigure une chasse à l'homme aussi intrépide qu'haletante. Un parti-pris insidieux afin de nous converger à la confrontation au sommet de deux baroudeurs contraints de renouer avec leur sauvagerie primitive au prix de leur survie. La figure du père étant ici acculée à sacrifier son fils, à l'instar de la citation empruntée à l'épreuve d'Abraham lors du monologue introductif et en épilogue.
Mené de main de maître par la géométrie de sa mise en scène où le sens du montage et du cadrage exacerbent l'efficacité des évènements épiques, Traquée fait preuve d'un réalisme décoiffant pour mettre en exergue l'instinct sanguinaire de l'homme confronté à son pire ennemi, lui même ! Le duel opiniâtre Tommy Lee Jone / Benicio Del Toro faisant des étincelles dans leurs stratagèmes de survie !