par SUSPIRIA » 31 Mai 2010, 20:08
"Torso" est réalisé par l'un des maitres de la série B (et Z) Italienne à qui l'ont doit les premiers giallos du début des années 70, juste après le coup d'éclat de "l'Oiseau au plumage de cristal", comme "l'étrange vice de Mme Wardh", "la queue du scorpion" et "l'alliance invisible". C'est également le responsable de "Mannaja, l'homme à la hache", les excellents "continent des hommes poissons" et "crime au cimetière étrusque" et ces fameuses zéderies bien connues des amateurs comme "le grand alligator", "Atomic Cyborg" et le génialement jouissif "2019, après la chute de New-York".
Une riche carrière établie de 57 films de divers genres dont "Torso" sera en 1973 son 5è et ultime Giallo.
Un mystérieux maniaque sexuel, masqué et ganté de noir sévit dans la région avoisinante d'une ville de Rome, s'en prenant à de jeunes adolescentes dévêtues et lubriques. Quatre jeunes demoiselles apeurées et inquiétées de la situation actuelle se décident à passer un séjour dans une demeure campagnarde isolée de tous.
Sergio Martino reprend une narration classique et conventionnelle avec ce mystérieux tueur épris indocilement de jeunes victimes et laissant comme seul indice suspect un foulard rouge sur fond noir (ou inversement ! ?). Et la révélation de l'intrigue à base de traumatisme enfantin est archi rebattue tombant malencontreusement ici comme un cheveu dans la soupe même si le flash back se révèle plutôt réussi dans la forme.
Quand à l'identité du meurtrier, elle se révèle sans véritable surprise et n'accroche pas ou si peu pour une éventuelle mécanique du suspense à tenter de découvrir qui était le véritable coupable de ses ignobles meurtres perpétrés.
Ou est alors l'intérêt de "Torso" me direz vous ? dans la mise en scène, dans les mises à mort, dans son érotisme, dans l'ambiance et dans une dernière partie remarquablement réalisée pour un chassé croisé étouffant dans un lieux clos de tous les dangers ou seuls la victime et le tueur sont réunis pour une partie de cache cache diablement efficace et intelligement structurée.
Les 20/25 premières minutes du film n'accrochent pas vraiment et l'on suit sans passion le déroulement de l'intrigue avec une certaine appréhension de peur de s'ennuyer ferme pour la suite à venir.
Mais dès le meurtre d'une donzelle effarouchée reclue dans une forêt glauque et boueuse, le sursaut d'intérêt se met en place, insinueusement mais surement. Cette séquence originale et brutale est réalisée de manière réaliste et joue habilement avec le climat peu réconfortant et accueuillant d'une nature forrestière vierge sous emprise du mal ! On pourra aussi penser à "La Baie Sanglante" tournée 2 ans auparavant avec cette nature hostile éprise de beauté macabre et morbide en filigrane avec l'accomplissement d'un meurtre sordide vécu sous un soleil matinal !
La succession de nombreuses scènes dénudées et d'un défilé d'actrices italiennes d'une beauté sans égale régale les yeux et offre à Torso une tonalité plus osée et corsée en terme d'érotisme que la traditionnelle. Ces séquences sont tout bonnement justifiées car le tueur pervers ne s'en prend qu'aux filles antinomiques à la vertue de la chasteté, totalement libérées de leur moeur sexuel, s'épanouissant avec une belle désinvolture comme cette séquence impertinante entre deux lesbiennes amoureuses se caressant et s'embrassant avec volupté et douceur.
Certains meurtres sont aussi assez brutaux, graphiques (le gars qui se retrouve la tête écrasée par une voiture) et sanguignolents (le tranchage des membres des 3 jeunes campagnardes).
Et c'est à partir de la réunion de campagne, lieu originellement bien choisi et plutôt inédit pour le genre que "Torso" va prendre une plus grande ampleur pour ne plus nous lacher jusqu'au final oppressant en diable dans une dernière demi-heure très efficace et renforcée par une réalisation travaillée jouant sur le caractère baroque de certains cadrages et effets de caméra insolites.
"Torso" pourrait rappeler aussi les slashers de bases et se révèle même assez précurseur de ce que l'on a connu dans les années 80 avec Vendredi 13 (le meurtre dans les bois, le tueur encapuchonné et la dernière partie ou tout le monde meurt sauf l'unique survivante réfugiée seule dans la maison !)
En conclusion un bon Giallo qui se voit avec réel plaisir malgré une première demi-heure laborieuse, un scénario peu intéressant et l'identité du tueur aléatoire mais sa mise en scène personnelle, les lieux de l'action, quelques bons meurtres, la beauté des comédiennes et surtout une seconde longue partie beaucoup plus ambitieuse et efficace rachètent largement les défauts conséquents cités plus haut.
Note: La production n'a pas dévoilé aux acteurs qui était réellement le tueur, de telle sorte que chacun était persuadé que quelqu'un d'autre commettait tous les meurtres.