F . .

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar BRUNO MATEI » 12 Février 2011, 23:01

F
Réalisateur: Johannes Roberts.
Année: 2010.
Origine: Angleterre.
Durée: 1H19.
Distribution: David Schofield, Eliza Bennett, Ruth Gemmell, Juliet Aubrey, Emma Cleasby, Finlay Robertson.

FILMOGRAPHIE: Johannes Roberts est un réalisateur et scénariste anglais né le 24 Mai 1975 à Cambridge, en Angleterre.
Son dernier film, F, a été acclamé par la critique anglaise.

* F (2010)
* When Evil Calls (2007)
* Forest of the Damned (2005)
* Darkhunters (2004)
* Hellbreeder (2003)
* Sanitarium (2001)

F est une petite production anglaise qui traite de l'insécurité et la montée de la violence dans le milieu scolaire sous la forme tendue d'un slasher oppressant au dénouement déroutant qui en laissera plus d'un sur les lauriers !
Le film serait tiré d'évènements réels.

Robert Anderson est un professeur cinquantenaire peu autoritaire, ce qui lui vaut d'être la brimade de ses élèves de classe. Un jour, parce qu'il a attribué un F à l'un de ses élèves (la pire note infligée en Angleterre), celui-ci se rebiffe subitement en l'agressant violemment à la tête.
Pour la directrice du lycée, cette agression d'un élève envers son professeur ne vaut pas un recours en justice alors que les parents d'élève estiment que l'adolescent s'était de prime abord senti dépité et rabaissé à cause de la mauvaise note appliquée pour son médiocre travail scolaire.
11 mois plus tard, Robert Anderson reprend les cours dans une classe au climat toujours aussi insolent et arrogant.
Le soir même, alors que quelques personnes sont encore dans les locaux de l'établissement, une bande de jeunes cagoulés font irruption pour décimer sans raison les individus pris en otage contre leur gré.


A travers une structure horrifique entièrement vouée à une terreur psychologique sous-jacente et un suspense lattent remarquablement entretenu plutôt que l'armada d'effets chocs outranciers, le réalisateur britannique souhaite dresser avant tout un constat d'échec sur les rapports davantage conflictuels et tendancieux entre les adultes et leur progéniture. Et plus particulièrement ici les difficiles relations humaines d'enseignement pour un professeur déférent envers l'élève lambda.
Le début du film sobre et probant établit avec réalisme lucide une étude psychologique sur le portrait d'un professeur de lycée, (David Schofield, remarquable de présence bilieuse dans une composition flegme et anémique !) éreinté et anxieux de l'attitude hostile ou apathique de ses élèves de classe.
Suite à un incident majeur porté en sa disgrâce par une violence physique gratuite, la trame introductive se soumet aux responsabilités injustifiées d'un acte aussi brutal compromis dans la banalisation de l'agressivité.
Alors que la hiérarchie scolaire imbue de son autorité tendra à défendre l'élève légitimé par les parents d'élève plutôt que de compatir vers le professeur brimé, accusé d'avoir offensé cet étudiant par un blâme jugé moralement trop répressif et répréhensible.

C'est le poids de la culpabilité, les remords implicites, l'échec personnel de l'éducation inculquée, la quête de vérité et de la justice dissoute dans une fumisterie faussement humanitaire qui sont dépeints en premier lieu vers la personnalité déshonorée d'un homme esseulé, démotivé, abandonné par tous. Même par sa propre famille auquel sa fille, élève de ce même lycée, accorde la moindre affection ou une éventuelle empathie pour son paternel davantage introverti. Surtout sachant que ce dernier s'est furtivement exilé dans sa solitude gangrénée par la dépendance alcoolique.

Mais l'heure des règlements de compte va subitement faire voler en éclat ses conflits de génération ! Que ce soit par l'acte destucteur de sombres individus cagoulés dénués d'identité et de motivation que par le professeur dénigré qui va désespérément tenter de sauver sa fille retenue prisonnière en sa présence à l'intérieur de son établissement.

Toute la narration nous invite alors à un suspense implacable dont la tension habilement entretenue va s'accroitre au fur et à mesure de l'amoncellement abrupt des évènements meurtriers ultra violents, décris sobrement sans complaisance, même si la résultante de certains crimes restent visuellement impressionnants, horrifiantes dans les expressions défigurées (comme cette victime agonisante, rampant avec difficulté sur le sol ensanglanté et de s'apercevoir au final que sa machoire est déchiquetée !).
D'ailleurs, ici, les victimes embrigadées dans ce huis-clos obscur et clairsemé pleurent et invoquent de manière désemparée la pitié avant de périr de manière inexorable. Autant dire que l'âpreté de la violence décrite ici avec beaucoup de réalisme et de férocité impressionne d'autant plus que les meurtriers se révèlent sans doute possible de simples délinquants juvéniles décimant leurs protagonistes par rancoeur vindicative, en s'adonnant librement au crime crapuleux sans fondement.
Avec un sujet aussi brulant, terriblement actuel, on pense inévitablement aux faits-divers improbables commis ces dernières années par de jeunes étudiants comme la tristement célèbre fusillade de Colombine aux Etas-Unis. On songe aussi au film culte prophétique de Stanley Kubrick avec Orange Mécanique , au délirant Class 84 de Mark Lester ou plus récemment au choc traumatique Eden Lake et ce couple de promeneurs traqués par nos têtes blondes surexcitées à la cause barbare !
Alors que la mise en scène consciencieusement maitrisée à utiliser habilement la gestion de l'espace des moindres recoins du lycée pourrait également évoquer le film Assaut de Carpenter (pour le climat soigné d'un huis-clos étouffant et ses nombreux oppresseurs assumés dans une violence jusqu'au boutiste). Le commissariat assiégé remplaçant ici cet établissement scolaire devenu une véritable prison labyrinthique auquel chacun des témoins tentera de survivre face à une menace quasi invisible du fait des déplacements mesquins, incessants et très furtifs des meurtriers encapuchonnés !
C'est une sensation tangible d'une angoisse perceptible qui suinte l'écran dans chacun des plans réalisés avec fluidité technique. Un sentiment d'insécurité omniprésent se répercute dans l'esprit du spectateur entrainé dans un cauchemar urbain terrifiant d'agressivité immorale.

ATTENTION SPOILER !!! (sans dévoiler de détails explicites)
L'incroyable final nihiliste engagé dans une prescience pessimiste s'applique dans un dilemme moral compromis au professeur définitivement torturé et injustement fustigé. Un dénouement radical, douloureusement cinglant dans sa tonalité déroutante. FIN DU SPOILER.
On quitte alors l'écran brutalement opaque dans un sentiment inéquitable d'amertume et dans ce pessimisme moral d'appréhender l'avenir pour cette nouvelle génération d'adolescents déboussolés, sans doute davantage sevrés au phénomène de popularité, la starisation des médias engagés dans une télé-réalité faussant et creusant un peu plus chaque jour la part de vérité mise en exergue dans le simulacre et l'hypocrisie. Triste reflet d'une société de consommation manipulatrice engendrant le malaise grandissant de la masse populaire au profit de la criminalité urbaine.

LES REVOLTES DE L'AN 2000.
F. , titre interlope sommairement intitulé est un slasher de haute volée qui sait utiliser ses clichés à bon escient dans une mécanique huilée d'une science du suspense haletant, ne relâchant pas d'une pression le spectateur captivé, impliqué dans un climat oppressant remarquablement entretenu par une réalisation agencée.
Loin des situations stéréotypées banalement étalées au profit de séquences chocs spectaculaires du slasher balisé (on est loin des conventions récurrentes de la mécanique ludique des Urban Legend, souviens toi..., Meurtres à la St-Valentin et consorts), F. tire sa force dans son climat réaliste brutal, dans son sujet actuel traitant de la banalisation de la violence chez les jeunes davantage repliés dans une moralité douteuse et expéditive. L'excellence de la sobre interprétation soumise à des personnalités sournoises et à leur psychologie détaillée permet aussi d'accentuer, d'exacerber la véracité des faits démontrés avec vigueur et rigidité.
Un film d'horreur inquiétant qui fait froid dans le dos par son thème traité avec intelligence et refus de rédemption par le biais d'une structure ludique, laissant finalement en point d'orgue acerbe une trace indélébile dans nos méninges tourmentés.


NOTE: F a une double signification dans le film: c'est le bloc où a lieu tous les crimes, mais aussi la mauvaise note attribuée à un élève.
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Messagepar ottorivers » 26 Février 2011, 10:53

Johannes Roberts s'améliore au fur et à mesure de ses films c'est évident.
Il a toujours essayé tant bien que mal de faire naitre des atmosphères étranges malgré des budgets plus que restreints, et y parvenait parfois.
Ses précédentes œuvres n'avaient pas à rougir dans le petit monde de la série B destiné à la vidéo et apportaient le quota de gore et d'action et étaient franchement sympas.
J'entend par la que si on achetait le DVD on ne se sentait pas arnaqué et on en avait un minimum pour notre argent ce qui n'est hélas pas souvent le cas.
A l'exception de l'Horrible Heelbreeder, avec notre Dominique Pinon national qui est juste irregardable tant il est crétin, le reste de sa filmo abordait tous les genres du fantastique avec un bonheur mitigé.
Dominique Pinon jouera également dans When Evil Calls (2007) avec un autre clon maléfique comme dans le précédent, mais malgré plus d'humour celui ci reste à peine convaincant.
On monte un cran au dessus avec F, qui possède des acteurs dignes de ce nom (qui savent jouer ) et des moyens un poil plus conséquents, au moins de quoi éviter l'apparence cheap du produit vidéo.
L'histoire est plus intimiste et moins démonstrative mais le suspense est au rendez vous et on sent le savoir faire du réalisateur qui avec trois fois rien nous donne le maximum.
Attention le film n'est pas géniallissime non plus, le coup des ados encapuchonnés ressemble un peu aux enfants invisibles de "ILS" et à quelques slashers, et devient un peu redondant et facile au bout d'un moment.
Pas trop de gore dans les meurtres mais cela n'aurait rien apporté de plus et ils restent malgré tout assez cruels et crédibles.
J'aime les histoires qui savent garder un certain mystère, mais ici c'est un peu abusé puisqu'on ne saura rien de rien, ce qui reste tout de même hyper simpliste.
On essaiera même pas de nous donner diverses versions ou de nous faire réfléchir à quoi que ce soit. L'attaque sert juste de pretxte à 90 minutes de cache cache et de course poursuite. C'est bien exécuté mais le sujet aurait mérité un peu plus que ça pour dépasser le stade de la série B du samedi soir.
Essai semi réussi donc.
Dommage, mais on attendra le prochain alors.

6.5/10
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