SUSPIRIA @ 24.04.2008 à 17:16 a écrit: c'est (parait-il) une nouvelle référence qui renouvelle, réinvente la peur et l'horreur au cinéma !
bé pas trop je trouve, la structure narrative du film c'est du très classique, et la mise en scène c'est du Blair Witch/Cloverfield...
Vraiment rien de nouveau pour moi donc... Mais le film n'est pas pour autant un désastre, et se révèle même plutôt efficace au détour de quelques scènes.
Par son scénario
[Rec] a tout du huis clos très classique, où un petit groupe doit faire face à des hostiles dans un lieu clos et exigu. Mais balaguero et Plaza comptent bien transcender ce scénario par leur volonté de faire du "cinéma vérité". C'est à dire non seulement d'adopter une mise en scène caméra à l'épaule, mais surtout de faire de cette caméra un personnage à part entière du film: le spectateur ne s'identifiant plus au personnage qu'il voit devant l'écran, mais à celui qui est derrière la caméra.
Ainsi
[Rec] commence comme un documentaire sensationnaliste sur un sujet chiant, usant de cet artifice pour nous présenter les différents personnages. Pour renforcer la présence de la caméra-personnage, des dialogues entre le caméraman et la journaliste sont présent. Le film regorge d'autres astuces qui visent à nous prouver que les événements décrits sont réels et que la caméra sert de témoin à tout ceci, ainsi on aura droit à toute une panoplie d'image tremblotantes, de défauts du son, etc... qui visent à "faire vrai". Tant et si bien que c'est finalement ces effets qui servent de véritable ressort narratif au film, le scénario étant traité un peu par dessus la jambe par les deux réalisateurs qui semblent obsédés par leur mise en scène.
Mais c'est précisément là où le film se révèle décevant: en effet ce procédé de mise en scène n'apporte finalement pas grand chose au film, et pire encore, il est totalement désamorcé par la structure très classique épousée par le scénario. En effet l'histoire de [Rec] est finalement bien peu ancrée dans le réel et adopte toutes les caractéristiques du scénario type de film d'horreur, avec des agressions mystérieuses, des effets de suspense, des passages soudains qui effrayent le spectateur, et l'inévitable passage explicatif final. Comprenons-nous bien, tout ceci est bien loin d'être dommageable pour un film, d'autant plus que Jaume Balaguero avait su prouver par le passé qu'il était tout à fait capable de réaliser des films très classiques qui usaient de tout les archétypes du genre (
La secte sans nom et surtout
Fragile, tout les deux très bons) mais qui parvenaient à être terrifiants parce qu'ils étaient tout simplement très bien exécutés par un réalisateur qui savait visiblement ce qu'il faisait. Mais dans le cas de
[Rec], ce classicisme entre en conflit avec la volonté de livrer quelque chose de réaliste. En effet là où les films d'horreur traditionnels font appels à l'imaginaire du spectateur pour fonctionner et nous faire avaler des scènes finalement très irréalistes, [Rec] se démarque par une recherche de la crédibilité à tout prix, qui tombe à plat lors desdites scènes irréalistes que le film ne parvient pas à éviter (l'exemple le plus frappant étant cette scène finale, où la journaliste et son caméraman, coincés dans un des appartements, prennent le temps de déchiffrer des vieux articles de journaux, contenants le fin mot de l'histoire, alors même que toute une horde de contaminés grognent derrière la mince barrière offerte par la porte de l'appartement).
En somme
[Rec] souffre du manque d'audace de ses auteurs. Il aurait sans doute fallu utiliser ce procédé de mise en scène sur un projet plus radical, où la crédibilité aurait été étendue à tout les aspects du film. Pour ma part, ayant été séduit par cette histoire de contamination au relents apocalyptiques, j'aurais aimé voir ce scénario traité de manière classique avec le savoir faire en matière d'ambiances glauques et oppressantes de Balaguero.
Toutefois malgré ce défaut de taille il faut se garder de trop hâtivement juger négativement le film. En effet, le tout est rattrapé par quelques scènes tout particulièrement efficaces. Je pense notamment à cette scène où le caméraman espionne une examination particulièrement douloureuse des victimes du virus par le médecin: le concept du cinéma vérité est ici pleinement utilisé, notamment par l'utilisation très habile ses hors champs. l'horreur de la situation est alors surtout rendue par des bruitages. A ce titre il faut signaler que la bande son du film est particulièrement réussie. Elle a été l'objet d'un soin et d'un travail évident (encore une entorse à la crédibilité absolue recherchée!) mais se révèle particulièrement efficace et angoissante, palliant très efficacement l'absence de musique et offrant même quelques moments véritablement stressants (notamment les cris, absolument atroces et inhumains, des contaminés.) Enfin, comment ne pas citer la scène finale, point culminant du métrage, qui met en scène une créature humanoïde aux membres arachnéens absolument terrifiante, qui n'est pas sans évoquer ces bestioles à la maigreur malsaine que semble affectionner le romancier Ramsey Campbell (dont Balaguero semble décidément être un grand amateur).
[Rec] demeure un film partiellement raté, et ce malgré une réelle volonté de mise en scène qui reste intéressante à défaut d'être véritablement efficace. Trop timoré dans son traitement, le film ne parviendra pas à convaincre totalement, mais heureusement il reste quelques belles scènes assez angoissantes qui lui permettent tout de même de figurer parmi les films qui méritent notre sympathie.
Asath @ 24.04.2008 à 17:16 a écrit:En gros ils ont repris les bons points du Blairwitch project de façon plus aboutie
huhu je pense exactement l'inverse, [Rec] c'est justemment vachement moins abouti que Blair Witch, où le principe de la caméra-personnage fait intégralement partie de l'histoire, alors que dans [Rec] si on enlevait le personnage du caméraman ça changeait pas grand chose à la structure de l'intrigue en dehors de la scène d'espionnage que je citais plus haut...
mais bon, rien que pour la fin méga flippante, il faut aller le voir
