Réalisateur: Catherine Hardwicke
Année: 2003
Origine: U.S.A
Durée: 1h40
Distribution: Holly Hunter, Evan Rachel Wood, Nikki Reed, Jeremy Sisto, Brady Corbet, Kip Pardue, deborah Kara Unger.
Sortie salles France: 10 Décembre 2003. U.S: 21 Août 2003
Récompenses: Prix de la mise en scène au Festival de Sundance.
Léopard d’argent au Festival de Locarno, 2003.
Prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville.
Prix spécial décerné à Evan Rachel Wood pour sa prestation dans le film en 2003 au Bratislava International Film Festival
FILMOGRAPHIE: Catherine Hardwicke est une réalisatrice, scénariste et chef décoratrice américaine, né en 1955 à Cameron (Texas, Etats-Unis).
2003: Thirteen. 2005: Les Seigneurs de Dogtown. 2006: La Nativité. 2008: Twilight, chapitre 1. 2011: Le Chaperon Rouge. 2012: Plush.
Pour son premier long-métrage, la future réalisatrice du 1er tome de Twilight a entrepris avec Thirteen un véritable coup de maître pour autopsier l'adolescence en perdition devant une éducation parentale en perte de vitesse.
A cause d'une mauvaise influence, une jeune collégienne de 13 ans sombre dans la marginalité et la drogue devant l'impuissance de sa mère.
Filmé à l'arraché dans un souci documentaire, Thirteen est une oeuvre forte d'une fragilité acerbe pour souligner le malaise existentiel d'une jeune adolescente prise au piège de la mauvaise influence d'une camarade de lycée. A eux deux, elles décident de former un tandem d'allumeuses impertinentes pour draguer les beaux mâles du quartier et n'auront de cesse de se livrer à une vie délinquante en commettant divers larcins dans les boutiques friquées. Tatouages et piercings imprimés sur leur corps dans des tenues vestimentaires aguichantes, les nouvelles égéries lycéennes s'entreprennent de brûler leur vie sous l'influence du sexe, de la drogue et de l'alcool !
Devant le laxisme d'une mère aimante et attendrissante, sa fille Tracy en profite pour dicter sa loi et sa rébellion mais ne peut refréner ses scarifications commises sur son poignet, faute d'un malaise existentiel toujours plus ingérable et du manque affectif d'un paternel inexistant. Dépassée par les évènements, la mère démunie éprouve une impuissance grandissante à tenter de renouer les liens familiaux.
Sans misérabilisme ni pathos, Catherine Hardwicke suit la pénible dérive de cette mère et la descente aux enfers de ces deux adolescentes avec un souci de réalisme ardu pour mettre en exergue la responsabilité parentale auquel l'éducation semble bannie de sa notion enseignante.
Si Thirteen s'avère aussi froid et bouleversant, il le doit notamment au talent de ces comédiennes d'une justesse confondante. Pour incarner une mère instable desservie par un récent divorce, Holly Hunter apporte une gracile dimension humaine pour tenter de raisonner sa fille plongée dans la spirale de l'insouciance. Pétillante d'énergie mais aussi démunie par sa fragilité morale, Evan Rachel Wood insuffle une contrariété latente vibrante de vérité pour retranscrire son désarroi existentiel d'une crise adolescente devant l'influence néfaste de son acolyte. Nikki Reed lui partage donc la vedette avec sournoiserie et désinvolture pour souligner le caractère inconscient d'une allumeuse dévergondée.
Ovationné et récompensé dans divers festivals, Thirteen marche sur les traces d'un Larry Clark pour mettre en relief le difficile cap de l'adolescence (en l'occurrence, du point de vue féminin !), compromis entre la fascination de l'interdit, le désir d'émancipation et l'influence des mauvaises fréquentations. Il en ressort une oeuvre bouleversante faisant office de véritable documentaire pour souligner l'introspection douloureuse d'une adolescente en crise existentielle, tout en s'attardant sur la remise en question de la responsabilité parentale.