d'ac avec asath!
There will be blood est un des ces films étranges qui semble échapper à tout genre prédéfini et qui fait vivre aux spectateurs une expérience unique. Ainsi le film n'est pas un film sur le pétrole, même si c'est très intéressant de découvrir l'organisation du forage et de l'exploitation du pétrole au début du XXème siècle, cela ne sert que de toile de fond au véritable intérêt du film: ses personnages.
Malgré ce caractère unique, There will be blood n'est pas vierge de toute influence: le film de Paul Thomas Anderson se veut l'héritier d'un grand cinéma américain dont le scénario se base sur des personnages forts et dont le scope magnifie les grandes étendues et ces paysages si caractéristiques des États Unis. Certes tout ceci n'est pas très original et les emprunts fréquents au western classique et aux grands drames épiques qui nous content la destinée de leur personnage principal peuvent rebuter. Mais il faut bien avouer que le résultat a une sacrée gueule. Les images du film sont souvent sublimes, et elles bénéficient d'un bon sens du cadre et de la lumière de la part du metteur en scène. Bref le film est visuellement très soigné, ce qui fait toujours plaisir à voir en ces temps troublés où n'importe quel produit bâclé à tendance à sortir dans les salles obscures...
Mais outre cet aspect visuel, la force du film réside avant tout dans son scénario, habilement construit et qui repose sur des personnages incroyables.
Ce qui permet à Daniel Day Lewis (qu'on pouvait déjà voir en boucher moustachu et vindicatif dans Gangs of New York) de littéralement crever l'écran dans le rôle de son homonyme foreur. C'est en effet assez incroyable de voir à quel point l'acteur c'est impliqué dans son rôle. c'est bien simple, Daniel Day Lewis EST son personnage (l'acteur a d'ailleurs reçu un oscar bien mérité pour ce rôle). Face à lui, tout une pléthore d'autres excellents acteurs lui donnent la réplique.
Centre du récit, le personnage de Daniel est pourtant hautement antipathique, il est en effet décrit comme un salaud antipathique qui utilise les autres pour son propre profit. Ce personnage hait l'humanité toute entière et n'a d'autre intérêt que l'argent qu'il peut se faire en exploitant le pétrole. Il aurait donc été aisé de la part du réalisateur de prendre parti contre son personnage et de livrer un violent pamphlet anticapitaliste. C'est bien loin d'être le cas, Paul Thomas Anderson pose au contraire un regard très neutre sur ses personnages. Jamais il ne les juges, et en bon conteur il fait toujours passer les enjeux dramatiques de son histoire avant toute possibilité d'interprétation. Il en résulte ce film si étrange que je décrivais au début, si difficile à saisir et pourtant incroyablement fort. En effet, ce faisant le réalisateur laisse le spectateur seul juge, libre à lui de voir dans le film une critique des débuts du capitalisme pétrolier ou pas. Cela permet au film de trouver un ton très juste, propice à cette histoire qui évite ainsi toute lourdeur.
Bref, There will be blood est un film hautement recommandable dans tout ses aspects!