Date de sortie : 18 février 2009
Réalisé par Darren Aronofsky
Avec Mickey Rourke, Marisa Tomei
Film américain. Genre : Drame
Durée : 1h 45min. Année de production : 2008
Darren Aronofsky-Mickey Rourke dans un film sur le catch ! Un trio improbable qui nous fait entrer dans la salle avec un mélange de curiosité et dappréhension. On ressort 1h 45 plus tard avec une larme qui coule le long de la joue, profondément ému par une uvre définitive à la richesse de lecture qui ne cesse de croître à mesure que lon discute du film, entre deux pincements pour être sûr de ne pas avoir rêvé. On a ici envie de crier notre amour inconsidéré pour The Wrestler et loccasion quil nous offre denfin saluer le retour de cet immense comédien quest Mickey Rourke, qui vient juste de remporter le Golden Globe du meilleur acteur et qui est très bien parti pour les Oscars.
La déchéance de lacteur dans les années 90 est (involontairement) pour beaucoup dans laura et la puissance émotionnelle du film de Darren Aronofsky. Même si lauteur de The Fountain na pas écrit son scénario en pensant à linterprète dAngel heart, comment imaginer un dixième de seconde un autre que lui dans le rôle de Randy « The Ram » Robinson, cette ancienne gloire du catch qui survit grâce à des combats médiocres, vivant misérablement dans une caravane tout en contant fleurette à une strip-teaseuse au grand cur. Il s'agit peut-être là d'une des plus grandes performances d'acteur qui soit. A linstar de Stallone dans Rocky Balboa qui se mettait à nu, Rourke donne tout ce quil a en sinspirant directement de son passé. On assiste alors à une troublante et bouleversante confession intime où lart imite la vie et se nourrit delle pour atteindre une sorte dapothéose de film parfait. Car, oui, The Wrestler est un film de bout en bout maîtrisé et le jury de la Mostra de Venise 2008 présidé par Win Wenders ne s'y est trompé en lui attribuant le Lion d'Or.
Et sil doit sa charge émotionnelle immense à Mickey Rourke, il ne faut pas oublier que derrière la caméra se cache un prodigieux cinéaste (et cest quelquun qui nappréciait pas ses deux premiers films qui lécrit). Un artiste capable de changer complètement de style visuel, ici tout en caméra à lépaule pour être aux côtés dun Randy omniprésent, pour coller au mieux aux sentiments quil veut faire naître. Un conteur hors pair capable de vous plonger dans lunivers du catch comme si cétait votre sport préféré depuis la nuit des temps. A ce titre, non content doffrir une humanité aussi surprenante quexaltante à ses « monstres de foire », Aronofsky signe instantanément les séquences de référence sur la manière de filmer ce sport si spectaculaire. Et ceci en toute simplicité, comme si tout était dune évidence confondante.
Dune grande modestie, le réalisateur sappuie sur le récit ultra classique de la rédemption, mais il na de cesse de lenrichir de petites séquences qui le transcende. Au point que cette histoire de champion qui veut raccrocher sans jamais vraiment pouvoir et qui rêve secrètement dune gloire quil ne pourra jamais plus connaître, on en fait la sienne. Entre espoir et crainte ! Et les personnages qui gravitent autour de The Ram, avec en figure de proue la strip-teaseuse (Marisa Tomei, belle, sensible, troublante,...) et la fille abandonnée (une Evan Rachel Wood à fleur de peau), comme autant de (im)possibilités à notre héros fatigué de trouver enfin sa voie dans ce monde qui la rejeté.
A limage dun final sublime, lune des plus grandes scènes que le cinéma américain nous ait offert depuis 20 ans, The Wrestler nous fait chavirer de bonheur. Le bonheur de voir quun acteur génial peut rencontrer un cinéaste brillant et se servir de sa vie et de ses souffrances pour atteindre lidéal cinématographique.
LAURENT PECHA. 5/5