Réalisateur: Lucky McKee
Année: 2006
Origine: U.S.A
Durée: 1h30
Distribution: Agnes Bruckner, Patricia Clarkson, Rachel Nichols, Lauren Birkell, Bruce Campbell, Emma Campbell, Marcia Bennett.
Sortie salles Amsterdam: 24 Avril 2006. Canada: 3 octobre 2006
FILMOGRAPHIE: Lucky Mc Kee est un réalisateur américain né le 1er Novembre 1975 à Jenny Lind (Californie).
2002: All Cheerleaders Die (court). May.
2006: Master of Horror (un épisode). The Woods
2008: Red. Blue Like You.
2011: The Woman.
Tout le monde attendait au tournant le second film de Luckee McKee, réalisateur néophyte nous ayant préalablement offert un coup de maître avec son poème noir, May. Inédit en salles dans nos contrées, The Woods renoue avec la tradition du fantastique vintage. C'est à dire en privilégiant ici une atmosphère d'étrangeté tangible et l'étude caractérielle d'antagonistes particulièrement hostiles.
En 1965, sous l'allégeance de ses parents autoritaires, une jeune fille est envoyée dans un pensionnat. Au sein de l'institut, d'étranges disparitions surviennent auprès de certaines pensionnaires, et la forêt située à proximité semble habitée par une présence maléfique.
Joliment photographié et superbement éclairé de clairs-obscurs pastels, Lucky McKee nous illustre un conte horrifique légèrement influencé par Suspiria (la hiérarchie castratrice des 3 sorcières, la scénographie inquiétante d'un établissement scolaire exclusivement féminin, le cheminement tortueux de l'héroïne impliquée dans des disparitions meurtrières) mais pourvu d'une ambition personnelle dans sa thématique du sortilège. L'aspect fascinant et onirique qui en émane est prioritairement dû à l'esthétisme ténébreux de sa forêt hostile et de son internat régi par l'autorité d'institutrices perfides. Sur ce dernier point, le réalisateur a scrupuleusement choisi de recruter trois comédiennes au charisme terriblement expressif. Des sexagénaires longilignes tout en élégance hautaine vouées à sacrifier de jeunes internes au nom d'une divinité végétale.
Porté à bout de bras par la prestance renfrognée de la jeune Agnes Bruckner, The Woods nous décrit son cheminement indécis parmi l'amitié d'une souffre-douleur, la tyrannie d'une élève égotiste et la soumission de ses enseignantes impétueuses. Sujette à un don extralucide dans ses songes nocturnes et d'un pouvoir inexpliqué (comme cette capacité surnaturelle de la lévitation des objets), notre jeune pensionnaire semble peu à peu se compromettre aux rites diaboliques d'une étrange communauté !
Si le film s'avère tour à tour inquiétant, palpable et sait faire preuve d'intensité dans les incidents décrits, il est cependant loin de renouer avec les ambitions émotionnelles de May. Fautes à un montage désordonné un peu maladroit et surtout à un final bâclé beaucoup trop vite expédié.
Si The Woods aurait gagné à être beaucoup plus persuasif dans son point d'orgue concis, il ne manquait pas de fasciner par son intrigue à suspense bâtie sur la photogénie d'une forêt belliqueuse et de sorcières invocatrices. L'attrait visuel de cet environnement crépusculaire, le caractère attachant de la très convaincante Agnes Bruckner et l'utilisation judicieuse de sa partition chorale les hissent bien au dessus de l'habituel DTV de consommation.