The Loved Ones

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar SUSPIRIA » 06 Octobre 2009, 19:28

THE LOVED ONES
Un film de Sean Byrne
Avec Xavier Samuel, Robin McLeavy, John Brumpton, Victoria Thaine, Jessica McNamee
Durée : 1h24

Cela fait longtemps que vous n'avez pas vu un EXCELLENT film d'horreur ? Réjouissez-vous : The Loved ones, présenté à Sitges dans la section "Midnight X-treme", premier long-métrage de Sean Byrne, qui peut être vu comme un croisement original entre une comédie de John Hugues et Massacre à la tronçonneuse, est présenté comme la nouvelle sensation du cinéma de genre australien après Wolf Creek (dans un genre totalement différent). Une fracassante révélation.

La plupart du temps, le film sur l'adolescence donne lieu à des bluettes insignifiantes à base de roucoulades sentimentales et de clichés laborieux. Un peu moins régulièrement, des cinéastes plus malins n'utilisent la toile de fond ado que pour en dévoiler l'envers du décor avec son cortège de dépressions identitaires et d'affects torturés. C'est le cas de Sean Byrne qui, pour son premier long-métrage, prend un prétexte de teen-movie pour venger les opprimés du lycée et torturer les play-boys glamours. Brent, un lycéen beau et glabre de 17 ans, est kidnappé par une camarade secrètement amoureuse qui, accompagné de son père, va lui faire vivre un bal de fin d'année redoutable entre deux coups de perceuse. L'argument est simple et la manière dont il est décliné est à la fois prodigieuse et inattendue, toujours sur le fil. Son atout, c'est un scénario très malin qui ménage autant les gags que les rebondissements et charrie des émotions parfois totalement contradictoires. Au premier degré, cela tient de la parodie teen spirit (la chambre parfumée et le journal intime de l'adolescente, les tensions incestueuses, la gaucherie des ados dans leur tentative de drague, le puritanisme des bals de fin d'année).
Mais, derrière les images et donc les apparences, il reste une douleur indicible (le sexe sans passion, l'autodestruction, la mélancolie morbide). A un âge où la découverte de la sexualité a son importance, le film traite également des ravages de l'imagination et de la cristallisation du désir (le titre "the loved ones"/ "ceux que l'on a aimés"). Si l'adolescente séquestre le plus beau garçon du bahut, c'est parce qu'il ne la regarde pas et méprise sa sensibilité de vierge suicidée. Si elle le torture, c'est uniquement pour que ce pur fantasme sexuel lui appartienne et qu'il se soumette à ses volontés les plus humiliantes - histoire qu'il devienne aussi monstrueux qu'elle. L'inévitable scène du repas familial a des allures de cauchemars Lynchiens (on pense à celle de Eraserhead) avec des monstres ordinaires, descendants de la famille de Massacre à la tronçonneuse. Mais l'essentiel réside dans tout ce qui est caché. Une fois qu'il révèle les secrets, le film rend la réalité plus dérangeante. On peut déceler en creux le portrait d'une communauté aux prises avec des contradictions morales et des pulsions inavouables. Le plus étonnant, ce sont les scènes trash/gore d'une intensité assez inouïe.

Sans se prendre au sérieux, Byrne veut conserver l'humour coûte que coûte qui joue autant sur la stupéfaction générée par les atrocités (ça pousse le bouchon assez loin) que la dimension absurde (le climax final automobile - que l'on ne révèlera pas). Il a suffisamment compris les enjeux du film de terreur pour pouvoir faire mine de s'en détacher et les servir avec encore plus d'efficacité. Celui qui subit ce calvaire (Xavier Samuel qui tourne actuellement le troisième chapitre de Twilight) conserve la même tête d'adolescent somnolant d'un bout à l'autre et c'est le spectateur qui est amené à souffrir pour lui. C'est exactement ce à quoi Jennifer's body aurait dû ressembler : un film qui, sous la mécanique et les conventions, transcende toutes les attentes et dépasse toutes les espérances. A Sitges, tout le monde parle d'un "phénomène" et force est de reconnaître que Byrne sait tenir une caméra et dépeindre l'horreur la plus radicale en jouant avec les nerfs, sans mentir sur la marchandise. The Loved ones a été présenté il y a environ un mois au festival de Toronto où il a provoqué des réactions enjouées du même ordre et devrait prochainement, en toute logique, faire le tour des festivals français spécialisés dans le fantastique (Gérardmer) avant une sortie en salles. Faîtes-nous confiance : vous ne serez pas déçus.

En bref:
C’est exactement ce à quoi Jennifer's body aurait dû ressembler : un film qui, sous la mécanique et les conventions, transcende toutes les attentes et dépasse toutes les espérances. Faîtes-nous confiance : vous ne serez pas déçus.

9/10
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Messagepar ottorivers » 06 Octobre 2009, 20:01

Gagnant au "2009 Toronto International Film Festival" section Midnight Madness.

Je n'entends que du bien, impatient de le voir je suis. :predator:
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Messagepar Gama08 » 06 Octobre 2009, 21:33

ottorivers @ 06.10.2009 à 21:01 a écrit: Je n'entends que du bien, impatient de le voir je suis. :predator:


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Messagepar ottorivers » 06 Octobre 2009, 22:16

Merci, il n'était pas dans les icônes alors j'ai mis un predator (comme dans "il y a pas de rapport") :D

Remercié tu es.
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Messagepar SUSPIRIA » 07 Octobre 2009, 05:12

lol
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Messagepar asath » 07 Octobre 2009, 11:09

ca serait cool de respecter la nomenclature des titres des topics.

"titre du film"
"realisateur", "date"


d'ailleurs le film est sorti quand?
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Messagepar lirandel » 08 Octobre 2009, 13:42

cela donne envie d'alle le voir,et puis oui la date et le nom du realisateur seraient les bienvenus,merci pour ce post en espérant qu'il comble les attentes
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Messagepar BRUNO MATEI » 07 Décembre 2010, 07:23

SURVIVANCE.
Première réalisation d'un (potentiel) nouveau prodige du cinéma d'horreur au vu du résultat estomaquant de cette petite bombe venue d'Australie ayant fait sensation dans divers festivals où il fut projeté.
Sorte de croisement improbable entre Massacre à la Tronçonneuse de papy Hooper, Nuits de cauchemar (Motel Hell) et Carrie (la nouvelle génération pourrait évoquer le navrant et complètement foiré Jennifer's Body).
Entre comédie noire très acide, drame juvénile sur le mal-être de nos adolescents et horreur hardcore à base de torture dans une ambiance de conte de fée à paillette d'un bal galvaudé !

Suite à la mort accidentelle de son père survenue dans une voiture qu'il conduisait, Brent, un plaisant lycéen replié sur lui même, est courtisé par une jeune fille, Holly auquel il semble indifférent à son charme docile. Tandis que son ami Sac invite avec succès une jeune gothique pour l'accompagner au bal de fin d'année.
Auparavant, Lola Stone, adolescente introvertie aura demandé à Brent s'il désirait la prendre pour cavalière, en vain.
Cette négation aura de lourdes conséquences pour le destin du jeune garçon, déjà fragilisé par la culpabilité meurtrie de son paternel. Une nuit de cauchemar s'offensera à lui pour l'invitation impromptue d'une nouvelle idylle frelatée.

Si vous recherchez le film d'horreur inflexible se détachant du lot traditionnel pour enfin vous réconcilier avec le genre corrosif, brute de décoffrage et sans concession, ne cherchez pas plus loin, The Loved Ones est fait pour tous les fantasticophiles adeptes de métrages finauds, réalisés avec souci consciencieux et surtout imagés pour rivaliser avec les classiques que l'on aime revoir avec autant de plaisir masochiste.

En prenant comme base narrative des éléments classiques du cinéma d'horreur (la famille psychopathe, le huis-clos, les scènes chocs soumises à l'art de la torture et une vengeance animale où l'homme se montre aussi bestial que son bourreau), The Loved Ones réussit à surprendre, à scotcher son spectateur désarçonné, invité dans une sarabande infernale intransigeante et créé la fougue collective dans un savant dosage d'horreur pure et d'humour noir à froid !

Comme disait Hitchcock, plus le méchant est réussi, meilleur le film sera ! Et je peux vous affirmer que vous ne serez pas prêt d'oublier le personnage de Lola Stone, interprétée par la méconnue Victoria Thaine (le fils du Mask, Gone). Une meurtrière psychopathe maladivement jalouse des beaux mâles du lycée refusant ses propositions d'idylle naissante. Adolescente réservée, d'apparence docile, non dénué de charme et de volupté dans sa silhouette ordinaire (en évacuant l'inflammation de cellulite plaqué sur ses fesses) mais sacrément dérangée du bulbe depuis que chaque conquête masculine se voue successivement à un échec imparable.
Dès lors, en compagnie de son paternel chérissant (en suspectant dans leur complicité effrontée un zeste d'inceste), la garce revancharde a décidé de faire subir son châtiment divin à tous les mâles hautains dans une leçon d'épreuve beaucoup plus radicale, lente et intense que toute la série porn des "Saw" !

La séquence d'intro débute de manière surprenante avec un coup de théâtre infligé de manière inopinée pour 6 mois plus tard reprendre les évènements laissés en suspens (pour ne pas dire en cours de route !). On se retrouve ensuite à cette même voie de circulation terrestre dans la dernière ligne droite du métrage mais en inversant cette fois-ci les rôles de manière sarcastique et punitive (la victime n'étant plus en ligne de mire).
La force brute du métrage et son impact sur notre affectation émotionnelle viennent en priorité de ces personnages remarquables de concision, crédibles dans leur physique à peine lambda et leurs affrontements grand guignolesques à teneur malsaine, abrupte, impitoyable, dans la mouvance du sacre de la tronçonneuse de Tobe Hooper.
On retrouve cette même folie viscérale aliénante, ce même degré d'humour noir (le gars trouvant refuge sur un arbre perché est quasi hilarant) et cette perversité sulfureuse qui suinte l'écran.
Un long calvaire sans retenue subi sur un otage qui ira jusqu'au bout de sa déchéance promise sans tomber dans la surenchère fatale des Tortur'porn à la mode des années 2000.
Le récit imprévisible et bien structuré s'entache aussi à évoquer à travers une farce sardonique gore le malaise des adolescents à travers le personnage clef composé par la meurtrière vindicative, Lola Stone. Mais également celle plus empathique de cette jeune fille gothique marginalisée, pratiquant des attouchements sexuels sur son nouvel ami devant l'assemblée juvénile d'un bal de fin d'année et parmi l'indécence du directeur de lycée, austère et puritain. Alors qu'un peu plus tard, après avoir plaisamment forniqué avec son compagnon dans la voiture, elle s'en ira se réfugier dans la chambre de son cocon familial pour s'enfouir dans les couvertures de son lit et pleurer en désespoir de cause et de remord.

Le conte de fée buriné, cynique et ricaneur empiète dans une ambiance égayée, futile mais terriblement inconfortable. Entre burlesque et grotesque pour ce portrait atypique, dérangé d'un duo meurtrier et son sens aiguisé de la rancune immorale.
Les scènes gores éprouvantes sont d'une tenace intensité sans verser dans la gaudriole bon marché, de l'outrance gratuite, forcément complaisante. Et c'est là aussi où l'oeuvre, aussi courte soit-elle (1H24 qui défile à toute allure !), s'en sort grandit, convaincante et terriblement affolante dans des moments parfois pénibles créant un malaise tangible dans l'art de la suggestion !
Au fur et à mesure du calvaire imposé, le spectateur est entrainé un peu plus chaque minute dans une résultante de l'effroi, pour un revirement encore plus dantesque à venir, morbide et nauséeux. Un gouffre sordide et pathétique dans l'abomination orgiesque d'une chausse trappe de l'enfer !

TOUS LES GARCONS N'AIMENT PAS LOLA STONE.
A travers le malaise inéquitable de l'adolescence en quête d'affection et de reconnaissance et en évoquant dans sa dernière partie à une réflexion sur la violence vindicative, soumise à l'instinct meurtrier, animal qui est en chaque être humain, The Loved Ones éclabousse l'écran sans commune mesure !
Un nouveau choc venue d'Australie comme on n'en voit trop peu chaque année classiquement balisée, réalisé avec une force de caractère qui impose le respect auprès de ce nouveau maître à gérer les frissons, compromis dans une mise en forme adulte, extrême et réaliste.
Rythmé par un score musical rock hargneux et insolent, cette série B endiablée en faveur de ses personnages clownesques est apte à entrer dans les classiques de l'horreur en cette décennie 2000 (et se révèle pour ma part le meilleur film d'horreur que j'ai pu assister cette année 2010).
Une violente farce cynique, drôlement acide sur les rejetés de la normalité, une revanche incongrue sur les exclus de la bienfaisance.

NOTE: The Loved Ones a remporté le prix du public de la catégorie horreur lors du dernier Festival de toronto.
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Messagepar ottorivers » 07 Décembre 2010, 16:35

La bande annonce ne me fait pas du tout envie et ça m'a l'air assez banal à première vue.
Si tout le monde l'encense il doit bien avoir une raison donc je vais me forcer. :rolleyes:
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Messagepar Mindy Clarke » 08 Décembre 2010, 11:15

Rien à ajouter!!! Ces australiens sont en putain de forme!!!
J'ai vu en une semaine The Loved Ones et The HorseMan, je ne m'en remet pas! (The Horseman, est beaucoup plus dur et "adulte")

The Loved ones qui m'a pas mal fait penser à massacre à la tronçonneuse au niveau de la composition de la"famille" en un peu plus dérangeant...
Lola est un putain de personnage joué par une putain d'actrice, sa folie en est troublante..
Ce qui est marrant dans le film, c'est que dès son enlevement, on sait ce qui va se passer tout au long du film, mais on s'enfout, c'est tellement bien amené et bien plus déviant que les films de ce genre...
J'ai passé un putain de bon moment!

Et je conseille fortement the Horseman!!
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