Réalisateur: Chris Sivertson
Année: 2005
Origine: U.S.A.
Durée: 1h59
Distribution: Marc Senter, Shay Astar, Alex Frost, Megan Henning, Ed Lauter, Robin Sydney, Michael Bowen, Dee Wallace-Stone.
Sortie salles U.S: 18 Mars 2008. Sortie Dvd France: 4 Mars 2009
FILMOGRAPHIE: Chris Sivertson est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
2001: All Cheerleaders Die (co-réalisateur). 2006: The Lost. 2006: The Best of Robbers. 2007: I know who killed me. 2011: Brawler. 2013: All Cheerleaders Die.
Premier long, premier coup de maître par l'auteur du méjugé I Know who killed me ! (les Razzie Awards s'en souviennent encore !). Inédit en salles chez nous, The Lost est le genre de péloche sortie de nulle part (bien que tirée d'un roman de Jack Ketchum et produit par Lucky McKee !), vous laissant en état de collapse sitôt le générique écoulé ! Un concentré de violence et d'adrénaline que Chris Sivertson maîtrise avec dynamisme dans sa mise en scène expérimentale exploitant notamment l'architecture d'appartements au design moderne (teintes rouges criardes et noir profond contrastent avec le psyché névrosé du tueur). Autant dire que le réal est plutôt inspiré à fignoler une bande d'ultra-violence méchamment sardonique dans son concept jusqu'au-boutiste à dépeindre le comportement cynique d'un marginal sans vergogne. Il faut dire que ce portrait sulfureux est largement privilégié par la présence magnétique de Marc Senter. Affublé de vêtements ténébreux et maquillé de noir sous les yeux, l'acteur impose une présence new-wave exubérante et véhicule une palette d'émotions contradictoires face à la gente féminine, car alternant accalmies de tendresse et accès de démence ! Le soir d'un feu de camp, Ray Pye et un couple d'amis (des ados paumés trop influençables !) abordent près d'un étang deux jeunes inconnues. Il décide de s'en débarrasser en les assassinant d'un coup de fusil. Quatre ans plus tard, Ray et ses complices restent en liberté car n'ayant pas été incriminés, mais un inspecteur sur le qui-vive commence à suspecter le comportement effronté du jeune leader.
C'est une descente aux enfers que nous convie Chris Sivertson à travers le portrait d'un sociopathe rongé d'égotisme et de jalousie obsessionnelle envers les femmes. Phallocrate indécrottable, junkie à la petite semaine, ses seules occupations tournent autour du sexe, de la drogue et de l'alcool. Outre sa flânerie quotidienne, sa convoitise principale est d'asservir les minettes insouciantes en accumulant les conquêtes jusqu'au jour où l'une d'elles décide de lui tenir tête afin de se rebeller ! La peinture réaliste que le réalisateur projette à travers une paisible banlieue ricaine est notamment hétérodoxe car elle dévoile une population politiquement incorrecte (à l'instar de la relation non assumée qu'un sexagénaire entretient avec une fille de 18 ans !) où la jeunesse inculte, en quête de coqueluche, est livrée à l'abandon. Dans l'art de conter son récit et une montée progressive de la tension, Chris Sivertson distille une ambiance malsaine d'autant plus vénéneuse du fait du comportement pervers de Ray Pye. Ses jeux de drague improvisés avec des potiches écervelés et surtout sa nouvelle aventure entamée avec une compagne versatile nous place dans une situation inconfortable, sachant que cette dernière voue une fascination morbide pour ce bad boy burné ! Et il aura fallu une contre-attaque féminine pour que ce dernier pète un plomb et se transforme en ange de la mort afin d'accomplir son dernier baroud d'honneur !
Orange Mécanique
Transgressif, malsain et hystérique, The Lost provoque remous et effroi face à l'autorité erratique d'un faux rebelle en pleine crise rancunière. La manière caustique dont Chris Sivertson brode son portrait est notamment privilégié par la vigueur d'un montage redoutablement percutant et l'interprétation hallucinée de Marc Senter (son personnage symbolise une bombe à retardement !). L'explosion de violence finale qui émane de la frustration du tueur risque sévèrement de vous ébranler la rétine car elle déploie la férocité gratuite d'un tempérament capricieux gagné par l'omnipotence. Une satire au vitriol en somme d'un rejeton criminel de nos sociétés modernes, traversée d'une BO rock endiablée !