Réalisateur: Rob Zombie
Année: 2012
Origine: U.S.A.
Durée: 1h41.
Distribution: Sheri Moon Zombie, Richard Lynch, Bruce Davison, Meg Foster, Lew Temple, Ernest Lee Thomas, Ken Foree.
Sortie salles U.S: 19 Avril 2013
FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts.
2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.
Bad trip expérimental, messe noire invoquée au culte de Satan, délire horrifique chargé de symboles lucifériens, le nouveau Rob Zombie est un ovni anti religieux qui risque sévèrement de vous ébranler les neurones ! Difficile en l'état actuel d'évoquer ses impressions à chaud tant le film déroute méchamment. Néanmoins, et de manière prégnante, il nous préserve en mémoire des séquences cauchemardesques jamais vues au préalable !
Que l'on aime ou que l'on rejette en bloc ce pamphlet anticlérical, on ne peut nier la stylisation novatrice du réalisateur ainsi que son esthétisme formel déployant de saisissantes plages d'onirisme macabre. Qui plus est, la photographie élégamment teintée de filtres verts, sépia et rouges renforce l'aspiration du réalisateur, ici régi en véritable créateur d'images picturales ! Que ce soit l'architecture religieuse d'un oratoire ou du design baroque de l'appartement de Heidi, de la nature automnale d'un parc public ou de la procession mystique du concert des Lords !
Si le rythme languissant, (voir fastidieux dirons les plus réfractaires !), risque d'en décourager plus d'un, les autres pourront doucement se laisser happer par cette expérience satanique au script linéaire mais irrémédiablement trouble et fascinant. Ici, tout est dans l'art de la mise en scène et la manière de narrer une histoire d'impiété héritée des conspirations de Rosemary's Baby ou du Locataire. Si les séquences hallucinatoires (oh combien incongrues !) suggérée par l'héroïne s'avèrent au départ un peu trop récurrentes, son cheminement tortueux laisse place à d'autres évènements plus inquiétants comme cette rencontre pernicieuse avec ces trois voisines de palier ! (Parmi ce trio évoqué, quel plaisir de retrouver les talentueuses Meg Foster et Dee Wallace Stone dans des prestances malveillantes !)
Vibrant hommage aux sorcières de Salem, Rob Zombie semble habité par le malin à daigner nous entraîner dans une sarabande diabolique où la verdeur des dialogues n'a jamais été aussi scabreuse pour répudier la divinité de Dieu ! Le clou du nihilisme funeste atteignant son paroxysme dans un final emphatique lardé d'images psychédéliques ! (on peut aussi évoquer l'univers métaphysique d'Alejandro Jodorowski). Au niveau des comédiens, chaque personnage possède la physionomie adéquate (sclérosée ou burinée pour certains) afin de camper leur rôle avec une conviction suprême ! Quand à l'apparence chétive de Sheri Moon Zombie, transie d'émoi, elle promène sa silhouette à la manière d'une fantômette errante !
Cérémoniel mortifère littéralement atypique dans son imagerie fétide (voir la séquence flamboyante du martyr des sorcières condamnées à rôtir sur le bûcher !), The Lords of Salem déroute et déconcerte, ébranle nos habitudes ludiques et provoque une fascination sous-jacente pour ceux qui sauront se laisser envoûter par son univers occulte. Véritable ovni subversif multipliant les provocations visuelles et verbales dans un esthétisme singulier, Rob Zombie délivre ici son film le plus personnel. Un auteur ambitieux, un esthète prodige voué à l'anticonformisme en prenant le risque de déplaire au plus grand nombre des spectateurs. Une chose est sure, The Lords of Salem s'érigera en phénomène culte dans le cercle bien restreint des satanistes !
Pour public averti !