THE INNKEEPERS
de Ti West. U.S.A. 1h41. Avec Sara Paxton, Pat Healy, Kelly McGillis, George Riddle, Lena Dunham, Alison Bartlett, John Speredakos, Jake Schlueter.
Sortie U.S: 3 Février 2012. Sortie France: indéterminée.
FILMOGRAPHIE: Ti West est un réalisateur, producteur, éditeur et scénariste américain né le 5 Octobre 1977.
2001: The Wicked.
2005: The Roost.
2007: Trigger Man.
2009: Cabin Fever 2. The House of the Devil.
2010: Perdants Take All.
2011: The Innkeepers.
En 2009, Ti West avait surpris (et réconforté) les puristes fantasticophiles avec House of the Devil pour son hommage affecté au cinéma d'épouvante des années 70 et 80. Trois ans plus tard, il renoue avec les mêmes ambitions modestes dans son huis-clos imposé par un vieil hôtel classieux auquel deux employés vont invoquer le fantôme d'une défunte préalablement pendue !
Deux gérants d'un hôtel prochainement clôturé s'intéressent de plus près aux phénomènes paranormaux en invoquant l'esprit d'un fantôme en guise d'ennui. Avec l'arrivée d'une ancienne actrice et d'un vieillard interlope, d'étranges évènements vont peu à peu se confirmer et devenir plus frénétiques.
Ti West est un véritable amoureux du genre horrifique des années 70 et 80 tant il façonne avec parcimonie son nouveau métrage largement influencé par les ambiances latentes et les angoisses diffuses. Après son formidable House of the Devil, le réalisateur renoue donc avec une histoire classique de maison hantée entièrement dédiée à l'effet de suggestion et un suspense sous-jacent émaillé de pointes de cocasserie.
Dès la mise en place de nos protagonistes principaux, Ti West accorde une principale attention à nous familiariser avec ces deux employés au caractère distinct mais à la complicité manifeste. Pat est un trentenaire solitaire occupant son temps à surfer sur le net, spécialement les pages web érigées sur l'occultisme (voirs aussi quelques sites pornos, faute d'un célibat de longue durée) quand la clientèle de son hôtel se fait rare. Son acolyte Claire est une jeune fille un peu godiche attirée par les phénomènes paranormaux que Pat s'amuse à lui narrer en guise d'ennui. Ensemble, ils décident sans conviction d'invoquer le fantôme d'une défunte anciennement pendue dans la chambre 353 de l'hôtel. C'est le début d'une succession de futiles évènements intrigants avant que ne culmine un revirement cinglant !
La caractérisation humaine de ses deux comédiens attachants, accentuée par la maladresse d'une jeune blonde à l'allure garçonne doit beaucoup au caractère sympathique qui en résulte. Avec ce duo inhérent accoutré d'une physionomie naturelle, Ti West prend son temps à nous décrire leur relation amicale non exempt de tendresse affectée (la confession de Pat à Claire sous emprise de l'alcool) avant de nous façonner sans esbroufe une traditionnelle histoire de fantôme. Par vague de scénettes burlesques improvisées par notre héroïne cumulant ses maladresses tributaires d'une peur panique, The Innkeepers réussit à provoquer l'amusement tout en nous faisant patienter pour les éventuelles apparitions surnaturelles. Une manière ludique et finaude à mieux nous prendre au piège de l'effroi légitimé dans sa dernière partie échevelée.
Au soin vétuste accordé à l'architecture de l'hôtel classique et à ses décors de couloirs lugubres ou d'une cave tamisée, le réalisateur nous entraîne en interne d'un environnement fascinant davantage anxiogène après qu'un dernier client ait préconisé d'investir la fameuse chambre 353. Soin du cadre alambiqué pour mettre en exergue des décors raffinés ou lugubres et score musical vrombissant sont octroyés pour parachever vers un climat de terreur en crescendo. Avec une économie de moyens, une bande son habilement distillée et une perspicacité à éluder le moindre effet choc inutilement explicite, The Innkeepers fait souvent appel à l'imagination du spectateur plutôt que de se laisser influencer par la surenchère spectaculaire en pleine vogue.
Quand aux fameuses apparitions fantomatiques, elles se révèlent proprement terrifiantes par leur aspect morbide et fétide, découlant d'un effet de surprise escompté ou fortuit alors que son point d'orgue cruel va surprendre le public habitué aux happy-end salvateurs.
Hormis un épilogue en demi-teinte (on apprécie sa dramaturgie finalement imposée mais la dernière image vaine ne surprend guère), le nouveau film de Ti West confirme tout le bien que l'on s'était invoqué à la vue de l'excellent House of the Devil. Avec la dextérité d'une réalisation assidue entièrement conçue à renouer avec les ambiances vétustes allouées au pouvoir de suggestion, The Innkeepers amuse par la complicité de protagonistes persuasifs et intrigue sans ambition avant de réellement nous terrifier dans un final percutant.