THE HOUSE OF THE DEVIL
Réalisateur: Ti West.
Année: 2009.
Durée: 1H39.
Origine: U.S.A.
Distribution: Jocelin Donahue, Tom Noonan, Mary Woronov, Greta Gerwig, Dee Wallace
Le sujet: Une jeune étudiante accepte un poste de Babysitting le temps d'une nuit dans une maison de personnes âgées. C'est le début d'une nuit de cauchemar en adéquation avec une insolite éclipse météorologique.
Mon avis: 3è long métrage de Ti West après un 1er essai bien peu révélateur et laborieux nomé "The Roost" suivi de la suite de "Cabin fever" que je n'ai pas encore eu la possibilité de visionner, "House of the Devil" est un profond et élogieux hommage au cinéma d'épouvante des années 80 dans le sens le plus noble et digne du terme où lintérêt essentiel du film est représenté et ciblé sur une atmosphère trouble et inquiétante en osmose avec un sens du suspense insinueux soigneusement installé et bien amené. Un hommage si respectueux et sincère à ces histoires sataniques que l'on a pû savourer des nuits d'antan, particulièrement vers la fin des années 70 avec de petits films comme "La Pluie du diable", "Une fille pour le diable" ou la célèbre tétralogie "La Malédiction" dont le précurseur inégalable restera le chef-d'oeuvre absolu en terme de satanisme suggestif (combien croient encore avoir véritablement aperçu le bébé de Rosemary à la toute fin ??? !!!) avec "ROSEMARY'S BABY" de Roman Polanski réalisé en 1968.
Ti West nous narre ici le récit d'une baby-sitter fauchée, réfugiée dans une grande demeure baroque et silencieuse venue surveiller le temps d'une nuit, grâce à l'influence du maitre des lieux, une grand-mère impotante figée dans sa chambre et que nous n'apercevrons jamais. Des bruits et évènements imprévus ne vont pas tarder à se dérouler ! Une trame limpide qui résume parfaitement les 70 premières minutes du film auquel nous serons les témoins. Là où le métrage aurait pû sombrer dans l'ennui le plus complet voire l'emprise de l'insomnie Ti West soigne avec une étonnante maitrise et un soin quelque peu charnel dans sa fidèle mise en scène un climat au parfum nostalgique, au fort pouvoir suggestif et un sens du suspense bien mené quand on se rend compte qu'il ne se passe quasiment rien pendant 70 minutes ! une forme d'exploit que n'aurait surêment pas renié Hitchcock ! Une atmopshère calme, insinueuse et mystérieuse formidablement entretenue par une partition musicale opaque, justement appropriée et mélodieuse qui séduit d'autant plus que l'époque dans laquelle nous est retranscrite l'histoire se déroule au début des années 80. Et l'on retrouve intact le charme chaleureux de ces petits films attirants, attrayants, attachants et délicieusement envoutants qui savaient conduire avec un étonnant savoir faire une histoire orthodoxe et efficace. Le plaisir de savoir raconter avec justesse et amour du genre une trame balisée comme si on avait l'impression de la voir pour la première fois !
C'est simple, dans "House of the devil" on se croirait véritablement avoir fait un bon en arrière et se retrouver subitement à nouveau dans cette décennie si généreuse pour le cinéma d'horreur et de fantastique employée à l'ancienne, c'est à dire avec un refus de l'effet-choc gratuit ou du grand guignol facile.
Et quel plaisir de voir une héroine aux cheveux bruns à la beauté si simple, orthodoxe et naturelle ! l'anti bimbo blonde silliconée par excellence que l'on a tant l'habitude de voir dans ces mauvaises séries B mercantiles et téléphonées !
Et comme dans ces fameuses et glorieuses années 80, reconstitution fidèle oblige, on y trouve par exemple dans la maison un objet si quotidien comme un téléphone à cadran avec fil !
La tenue vestimentaire de notre héroine frappe aussi par son insignifiance ! elle est vêtue ordinairement d'un jean bleu ciel avec une chemise à carreau, chaussée d'une paire de basket blanche (sans marque !) et écoutant un tube entrainant, ses gros écouteurs posés sur les oreilles, avec son imposant walkman à cassette (que l'on a tous un jour acheté ! du moins pour les trentenaires que nous sommes devenus aujourd'hui !)
Ti West ne perd jamais en route le spectateur toujours imbriqué dans cet étrange visite pour cette maison du diable abritant un épouvantable secret. C'est ce que révéleront les 20 dernières minutes dans un déchainement de violence innatendue qui raviront les amateurs d'émotions fortes où le rythme trépidant n'a pas le temps de nous avertir d'une grande menace, où l'apparition des forces du mal joue habilement avec des visions saccadées, horribles de visages déformés et/ou défigurés !
On appréciera notamment l'apparition en introduction de l'attachante et inoubliable Dee Wallace Stone (la colline a des yeux, En plein cauchemar, Critters, Cujo, E.T, etc...) en locataire d'appartement et ces petits clins d'oeil involontaires ou pas à ces grands classiques de l'horreur que sont "Trauma" de Dan Curtis (la mère cachée dans la chambre qu'on ne voit jamais), "Terreur sur la ligne" de Fred Walton (pour la fille angoissée, réfugiée seule en pleine nuit dans une grande demeure) et Rosemary's baby (pour un détail que je ne divulguerai pas de peur de déflorer la petite surprise).
Même la scène de clôture et le générique de fin est un pur hommage au cinéma eightie !
Pour son 3è long-métrage le nostalgique Ti West surprend son monde avec cet "House of the devil", un excellent petit film baigné dans l'affection du genre, réalisé avec intelligence pour un sujet si rebattu, qui se savoure comme un bon petit cognac que l'on déguste au coin du feu un soir hivernal !
18/03/10 (avis brouillon)