
Casting: Kiyoshiro Imawano, Kuriyama Chiaki, Miyasako Hiroyuki.
Musique: Kôji Endô
Scénario: Hiroshi Aramata & Takashi Miike
Montage: Yasushi Shimamura
Photographie: Hideo Yamamoto

Depuis quelque temps, on savait Miike cherchant à ôter son étiquette d'enfant terrible du cinéma nippon contemporain. Cela donnait lieu à des métrages non dénués d'intérêt mais nettement moins percutants qu'une bonne part de ses formidables méfaits qui l'ont rendu célèbre. Avec The Great Yokai War, le cinéaste recouvre toute sa forme et parvient cette fois à faire véritablement des étincelles dans un genre beaucoup plus consensuel, voire carrément familial en l'occurrence. Ce conte fantastique mettant en scène les mésaventures d'un jeune garçon d'abord faible et malmené par ses camarades, puis de plus en plus intrépide lorsqu'il est par un beau jour élu Chevalier Kirin et se charge d'aider les Yokai (des créatures mi-monstres mi-humaines bienfaisantes) à combattre un humain maléfique transformant ces derniers en machines destructrices dans le but de créer le chaos sur la Terre et d'y prendre le pouvoir, apparaît comme un véritable enchantement pour nos yeux.

Avec un budget autrement plus conséquent, Miike peut enfin se permettre de laisser libre cours à ses délires artistiques d'une prodigieuse inventivité, en déployant moult effets numériques dont l'ampleur visuelle stupéfie. Ceux qui redouteront un divertissement bon enfant trop niais auront pris peur en vain: The Great Yokai War est uniquement pétri de cette naïveté qui manque tant aux Harry Potter et autre Seigneur des Anneaux, si bien qu'il n'hésite pas à basculer quelquefois dans l'absurde, si ce n'est la parodie grasse. Mais Miike a décidé de ménager ses penchants saugrenus afin de se concentrer sur le spectacle, histoire de nous en mettre plein la vue entre deux éclats de rire on ne peut plus spontanés; sans doute pour la première fois, il uvre dans le cinéma d'entertainment qui s'honore et qui se respecte, et il le fait avec une maestria pas forcément attendue. L'on n'a guère la permission d'en douter, ce The Great Yokai War tour à tour chatoyant, drôle, poétique, impressionnant et décalé figure aisément dans l'étagère des plus grandes réussites du réalisateur.
9/10




