par Maniak » 24 Juillet 2006, 14:02
petite critique perso:
Rob Zombie nous avait déjà prouvé son amour pour le cinéma de genre avec le très bon House of 1000 corpses. Ce premier film, malgré quelques erreurs de débutants et quelques lourdeurs dans la réalisation, permettais déjà de faire découvrir aux spectateurs lunivers de Rob Zombie. Un univers dérangeant et grand guignolesque, mais surtout hautement référentiel. Suite directe de son premier métrage, The devils rejects lève le voile sur un autre aspect de lunivers de Zombie.
On retrouve donc la famille Firefly, qui doit cette fois ci faire face au shérif John Quincy Wydell venu venger la mort de son frère. Il lance lassaut sur la maison de nos dégénérés et réussi à capturer Mother Firefly, tandis quOtis, baby et le captain Spaulding parviennent à senfuir.
Dès le début du film on remarque des différences très marquées avec le premier film. Déjà cette suite est beaucoup plus réaliste, exit le grand guignol de House of 1000 corpses. Spaulding ne porte plus son maquillage de clown, les tueurs ne sont plus de boogeymen, mais des serials killers réalistes et sans pitié. La réalisation sadapte à ce changement de style, et les effets clipesques hystériques et colorés disparaissent. Le film est moins "patchwork" que House of 1000 corpses et laisse beaucoup plus de place à la tension. Car le film développe une véritable atmosphère sèche et tendue, directement héritée de classiques des années 70 tels que Massacre à la tronçonneuse ou La Horde sauvage. Le paysage semi-désertique texan, la route poussiéreuse, le soleil de plomb, les motels crasseux
Ajoutons à cela une musique parfaitement adaptée faite de morceaux country et de vieux rock sudiste et on obtient le cadre idéal pour les atrocités de notre bande de tueurs. En effet, sils sont bel et bien poursuivis par un shérif psychopathe et extrémiste campé par lexcellent William Forsythe, Zombie nen fait pas dinnocentes victimes, bien au contraire. Comme le prouve la scène du motel, extrêmement brutale et malsaine, où on voit Otis et baby torturer et tuer de la plus atroce des façons une bande de musiciens. La scène choque et met mal à laise par son réalisme et sa crudité intense. Impossible de ne pas prendre en pitié les victimes. Alors que Rob Zombie avait réussi à rendre les meurtres de House of 1000 corpses réjouissants, et la famille Firefly attachante, il nous les montre soudainement sous un jour nouveau, comme des tueurs de la pire espèce, pourris et haïssables. Cette ambiguïté fait toute la force du film. Sil est clair que Rob Zombie aime énormément ses personnages, et donc nous les font aimer également, il rappelle ici que ce sont des tueurs, de vrais salauds. Cette scène du motel trouve son opposé dans la scène de torture des Firefly par Wydell. A ses tueurs, le réalisateur oppose quelquun de pire encore, un shérif obsédé par une volonté de vengeance toute divine, qui le fera basculer progressivement de lautre coté de la loi. La référence aux "Vigilantes movies" et autres Death wish est claire. Mais cette scène ou Wydell torture ses prisonniers au moyen dun pistolet à clous divisera sans doute les spectateurs. La violence de Wydell peut paraître légitime (même si elle est assurément douteuse) au regard des salauds quil torture, ou bien le cur des spectateurs peut pencher pour les Firefly, qui sont certes de tueurs, mais unis par les liens du sang. Et surtout qui ont été élevés au statut dicônes par Rob Zombie. Il multiplie les ralentis et les vues en contre plongée pour ses anti-héros, leur fait dire nombre de phrases cultes qui plairont à Tarantino
Au spectateur de choisir son camp.
Cette ambiguïté vis à vis des héros est clairement une des preuves que ce film dégage des thématiques bien plus riches quon aurait pu le penser de prime abord. On notera à ce propos que tout le film est empreint dune dimension religieuse assez intéressante. En premier lieu la ressemblance physique de Otis avec les représentations du Christ, renforcée par les clous plantés dans ces paumes. Ensuite linefficacité de la prière contre Otis qui affirme clairement "I am the devil
" et que dire aussi de la véritable croisade des policiers, persuadés dêtres envoyés par Dieu ? Et cette affiche parodiant la Cène ? The Devils rejects est assurément bien plus quune simple somme de références au cinéma américain des années 70. Il possède sa propre personnalité, essentiellement basé sur un bad guy et des héros à la psychologie fouillée, ainsi que sur toute une galerie de personnages secondaires très travaillés. Dany Trejo viendra ainsi montrer sa gueule patibulaire et ses tatouages pour le rôle dun chasseur de prime particulièrement retors, Ken Foree et Michael Berryman camperont un excellent duo comique (!) et dautres acteurs moins connus viendront incarner des rednecks enculeurs de poules ou des putes vérolées
Et le film se terminera sur cette splendide scène finale, jusquau boutiste, désespérée et pourtant incroyablement libératrice, comme létait Easy Rider dans les seventies
Bref, malgré des défauts bien naturels pour un débutant, Rob Zombie nous livre un excellent film, fait par un fan pour les fans, à la thématique riche et au casting soigné. Et une chose est sûre, que lon aime ou pas ce film, on n'a pas finit dentendre parler de Rob Zombie, qui risque fort de laisser une trace comparable à celle que des gens comme Sam Raimi, Wes Craven ou Clive Barker ont laissé