Le Territoire des Loups

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar Lan » 02 Mars 2012, 19:55

Image
Ecrit par Joe Carnahan, Ian Mackenzie Jeffers
Avec Liam Neeson, Dermot Mulroney, Frank Grillo

Année : 2012
Pays : USA
Durée : 117 min

L'HISTOIRE
Comme beaucoup de ceux qui choisissent de vivre au fin fond de l'Alaska, John Ottway a quelque chose à fuir. De sa vie d'avant, il garde le souvenir d'une femme, une photo qu'il tient toujours contre lui, et beaucoup de regrets. Désormais, il travaille pour une compagnie pétrolière et protège les employés des forages contre les attaques des animaux sauvages.
Lorsque le vol vers Anchorage qu'il prend avec ses collègues s'écrase dans l'immensité du Grand Nord, les rares survivants savent qu'ils n'ont que peu de chances de s'en sortir. Personne ne les trouvera et les loups les ont déjà repérés. Ottway est convaincu que le salut est dans le mouvement et que la forêt offrira un meilleur abri. Mais tous ses compagnons d'infortune ne sont pas de son avis et aux dangers que la nature impose, s'ajoutent les tensions et les erreurs des hommes.


ImageImage
ImageImage

.: LA CRITIQUE
Produit par Ridley et Tony Scott, ce nouveau film du réalisateur Joe Carnahan ("MI$E A PRIX", "L'AGENCE TOUT RISQUE"...) est inspiré d'une nouvelle de Ian Mackenzie Jeffers, intitulée «Ghost Walker». Vraisemblablement très attendu par le public (et encensé par la critique), "LE TERRITOIRE DES LOUPS" mêle crash d'avion, survival en montagne alaskienne et bêtes sauvages assoiffées de sang : bref, autant d'épreuves pénibles auxquelles seront confrontés une poignée d'employés d'une compagnie pétrolière...

D'abord, on a droit au crash d'avion en plein désert de glace, qui rappelle furieusement "LES SURVIVANTS" (auquel le film fait d'ailleurs explicitement référence). Sauf qu'ici, l'enjeu ne sera pas de survivre en milieu hostile en bouffant des bouts de cadavres congelés, mais en échappant à une meute d'énormes loups aux hurlements excessivement inquiétants.
A ce propos, le film dresse un portrait de cette espèce animale qui semble bien loin de la réalité... Relevant plus d'une dimension fantastique que réellement basés sur des faits éthologiques, les loups sont, d'une part, suffisamment bien portants physiquement pour ne pas à avoir à s'attaquer à l'homme pour se nourrir (ils ne les grignotent que très superficiellement d'ailleurs), mais le plus incroyable, c'est qu'ils semblent éventrer ceux qu'ils considèrent comme des intrus par pur plaisir sadique, soi-disant dans le but de protéger leur territoire...

Outre cette représentation peu plausible, "LE TERRITOIRE DES LOUPS" se laisse volontiers suivre si l'on occulte les emphases répétées et les élans héroïques qui alourdissent le récit... Le poème rabâché par le héros (leader improvisé du groupe, qui a toujours réponse à tout), ses souvenirs sous forme de flashs, les introspections et prises de consciences des plus irascibles... sous ses airs de film d'action testostéroné, l'aventure de ces personnages exclusivement masculins est jalonnée de bons sentiments.
Bien sûr, il y a le froid, tellement bien retranscrit qu'on n'a qu'une seule envie : se mucher sous une grosse couverture avec une boisson chaude (mention spéciale aux acteurs ayant surmonté des conditions de tournage particulièrement difficiles), seulement, autre détail gênant : les protagonistes, si gelés soient-ils, ne profitent quasiment jamais des capuches fourrées dont sont équipées leurs parkas...

Alors que Joe Carnahan prétend avoir voulu «révéler le choc des industries, de la civilisation contre la nature», le résultat est plutôt fait pour diaboliser les loups (à l'instar d'œuvres telles que "LES DENTS DE LA MER" avec les requins) sans vraiment proposer de réflexion sur l'empreinte néfaste de l'homme sur l'environnement...
Dommage également de ne pas avoir insisté sur l'aspect surnaturel des créatures, que l'on aurait aimées davantage animées d'un sentiment de vengeance face au tueur de loups (entre autres) qu'est le héros, incarné par Liam Neeson.

Note de Lan : 6 sur 10

Critique du film "LE TERRITOIRE DES LOUPS"
http://www.ablazine.com/
<a href="http://www.actuanimaux.com"><img src="http://www.actuanimaux.com/wp-content/uploads/2010/12/300x250-AAbannerV02.gif"/></a>
Avatar de l’utilisateur
Lan
Cruelty free
 
Messages: 2076
Inscription: 04 Novembre 2003, 14:19

Messagepar BRUNO MATEI » 15 Mars 2012, 15:48

Une fois de plus dans la mêlée. Dans le dernier et plus grand combat de ma vie. Vivre et mourir aujourd'hui. Vivre... et mourir... aujourd'hui.

Joe Carnahan nous avait préalablement épaté avec son polar moite Narc puis l'excellent caméléon Mise à Prix, pour ensuite nous décevoir avec un blockbuster policé, l'Agence tous Risques. En l'occurrence, il nous revient avec un pur survival, une brèche aussi acérée que le tranchant d'une lame, Le Territoire des loups. Et il faudra remonter au mythique Délivrance de John Boorman pour retrouver une telle intensité et un souffle si désespéré pour la sombre destinée d'une poignée de survivants confrontés aux monstres tapis dans l'obscurité, au sein des décors enneigées d'une nature hostile.

Un avion transportant des ouvriers d'une compagnie pétrolière s'écrase dans les montagnes du Grand Nord. Un groupe de survivants vont devoir se soumette à l'autorité de John Ottway, un solitaire nihiliste profondément marqué par la mort de sa femme. Rapidement, une horde de loups voraces vont venir défier les intrus alors que John va tenter de sauvegarder son équipe par sa pratique professionnelle à discerner l'instinct du carnassier.

La mosaïque du survival horrifique, de l'aventure, du suspense et de l'action échevelée nous ait habilement agencée pour nous illustrer sans fioriture une odyssée humaine désenchanté au réalisme imparable. A travers les montagnes rocailleuses et enneigées du Grand Nord, Joe Carnahan nous entraîne au milieu d'un enfer terrestre avec l'intrusion d'une poignée d'êtres humains, survivants d'un crash aérien, fugacement confrontés à la sauvagerie d'une meute de loups. Le film annonce la couleur blafarde dès son préambule défaitiste avec la tentative de suicide de notre expert en chasse, un braconnier de loups employé à préserver la vie de foreurs d'une compagnie pétrolière. John Ottway est un veuf accablé par le chagrin de son épouse, toujours plus dépité par la nature délétère de l'homme. Il décide de rejoindre sa défunte à un moment opportun avant de se raviser, suite aux hurlements plaintifs d'un loup entendu dans la forêt adjacente. Le lendemain, après avoir embarqué dans l'avion parmi son équipe pour rejoindre l'Alaska, l'engin s'écrase en pleine nature déshéritée.
Le réalisme de cette catastrophe nous ébranle sans prévenir par son ton brutal et sans concession. Filmé en interne de l'appareil incontrôlé, la panique générale allouée aux voyageurs crispés sur leur siège nous saisit d'une terreur sourde. Un vacarme d'apocalypse où les cris de frayeurs des passagers s'entremêlent avec le bruit assourdissant des moteurs en flamme et de taules déchiquetées.

Dès le prélude, Joe Carnahan va insister à nous décrire sa vision hyper réaliste et dérangée de l'agonie humaine quand l'un des survivants sévèrement mutilé va être confronté à sa pire labeur, sa propre mort en direct devant le témoignage de ses compagnons démunis. Ce sentiment morbide de la peur de trépasser, cette affres de rejoindre un ailleurs anonyme vont planer durant toute le récit sur le psyché désarmé de nos survivants. Une poignée d'homme à caractère bien distinct, confrontés au froid glacial d'une contrée inconnue et sauvage, à la famine et la fatigue de l'épuisement. Mais surtout des êtres humains faillibles par leur sentiment d'orgueil, de vanité ou d'arrogance (l'inattention, l'imprudence, la phobie et leur conflit d'égo les mèneront fatalement au déclin). Des quidams perplexes de leur destinée, rapidement accablés par le désespoir car gagnés par la peur envahissante de trépasser. Durant ce périple improvisé, chaque protagoniste va être mêlé à sa propre idéologie, une remise en question individuelle et spirituelle sur le sens de leur propre destinée. Par cette terreur instinctive de trépasser dans un avenir proche au milieu d'une écologie menaçante et par cette crainte primitive d'être violenté par le loup, nos derniers rescapés vont devoir se mesurer à leur courage et leur bravoure pour tenter de s'extraire d'un calvaire toujours plus abrupt et sinistré.

Cette atmosphère mortifère est parfaitement rendue par l'immensité de l'environnement naturel, par ces tempêtes de neige fluctuantes au vent ardent fouettant les visages burinés de nos héros davantage exténués. Tandis que dans l'obscurité, la présence nuisible souvent latente des loups ne fera qu'accentuer ce sentiment d'insécurité prégnant auprès de nos témoins et surtout leur frayeur sensitive de craindre d'être dévorés par les maîtres des lieux. Il faut d'ailleurs insister sur la physionomie de ces fauves enragés, impressionnant de robustesse dans leur présence iconique, particulièrement terrorisants dans les attaques sournoises violemment perpétrées sur leurs proies humaines. Et personnellement, de mémoire de spectateur, je n'avais pas ressenti une angoisse aussi diffuse devant une présence animale si hostile et effrayante depuis les lycanthropes du Loup-Garou de Londres (son préambule auquel les 2 héros s'étaient égarés dans la campagne nocturne des landes reste toujours aussi affolant !) ou encore Hurlements (l'agression de Terry Fisher dans la cabane isolée).

Dans un rôle viril de meneur de groupe intarissable, Liam Neeson crève l'écran par sa stature imposante, sa pugnacité chevronnée à livrer un combat sans merci contre l'ennemi invisible. Mais aussi et surtout sa dimension humaine accablée par la perte d'un être cher et par son éthique à accepter ou stigmatiser sa foi mystique. L'épilogue bouleversant et équivoque ne manquera pas de suggérer un dernier acte de bravoure, un baroud d'honneur pour cet homme livré à sa seule raison. ATTENTION SPOILER !!! Une raison existentielle de transcender une dernière fois sa peur et ses doutes pour lui permettre de combattre frontalement la bestialité instinctive de l'être vivant. Affronter sa vie de plein fouet quoiqu'il advienne et bafouer son sens immoral. FIN DU SOILER.

Rédemption
Spectaculaire, intense, terrifiant, désespéré et implacable, Le Territoire des Loups est un survival âpre d'une acuité émotionnelle vulnérable autant qu'un drame humain d'une densité bouleversante dans les enjeux aléatoires. La rigueur de sa mise en scène transcendant la beauté sauvage de ces montagnes enneigées, l'interprétation mise à nue des comédiens, son caractère funèbre octroyé au thème spirituel du sens de la vie nous acheminent vers un grand moment de cinéma. Une pierre angulaire jusqu'au-boutiste où chaque homme appréhende mais aménage sa propre mort.
Image
Avatar de l’utilisateur
BRUNO MATEI
Oh My Gore &#33; Fan
 
Messages: 1319
Inscription: 14 Novembre 2010, 10:25


Retourner vers Cinéma Horreur & Fantastique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité