TERREUR A DOMICILE / D'ORIGINE INCONNUE
Titre d'Origine: Georges Pan Cosmatos
Année: 1983
Origine: U.S.A
Durée: 1h28
Distribution: Peter Weir, Jennifer Dale, Lawrence Dane, Kenneth Welsh, Louis Del Grande, Shannon Tweed.
FILMOGRAPHIE: George Pan Cosmatos était un réalisateur et scénariste grec né le 4 janvier 1941 à Florence (Toscane, Italie), mort le 19 Avril 2005 à Victoria (Colombie-Britannique, Canada) d'un cancer du poumon.
1977: Le Pont de Cassandra. 1979: Bons Baisers d'Athènes. 1983: Terreur à Domicile. 1985: Rambo 2, la Mission. 1986: Cobra. 1989: Leviathan. 1993: Tombstone. 1997: Haute Trahison.
Habile artisan de la série B musclée, George Pan Cosmatos est surtout connu pour avoir réalisé l'excellent film catastrophe Le Pont de Cassandra, ainsi que Rambo 2 et Cobra pour les fans irréductibles d'actionner bourrin. Néanmoins, c'est en 1983 qu'il réalise son oeuvre la plus percutante et originale, un huis-clos sous tension resté inédit en salles Hexagonales puis directement sorti en Vhs ! Interprété par le futur héros de Robocop (un certain néophyte Peter Weller), Terreur à Domicile (ou d'Origine Inconnue) reste un modèle d'efficacité et de suspense, transcendé par un scénario roublard impeccablement maîtrisé !
Alors que sa femme et son fils sont en villégiature, un cadre supérieur isolé dans sa demeure se retrouve harcelé par un rat belliqueux. Bientôt, ce cauchemar impromptu va virer à l'obsession et engendrer un véritable affrontement physique entre l'homme et l'animal.
A partir d'un concept délirant à peine probable (la lutte sans merci entre un rongeur quadrupède et un bourgeois prospère communément embrigadés dans une demeure restreinte), George Pan Cosmatos procède à authentifier un film de terreur d'une diabolique roublardise dans son suspense en crescendo. C'est la maîtrise de son argument à la limite du plausible et une réalisation sans faille qui élèvent Terreur à Domicile à un degré d'efficacité rarement atteint pour le thème de l'agression animale ! L'habileté première qui diffère des films fantastiques outranciers est qu'en l'occurrence le rat est caractérisé comme un animal à la quasi normalité corporelle. Son caractère intimidant lui est gratifié d'une redoutable perspicacité dans ses brimades incessamment provoquées contre l'homme ! En alternant scènes de terreur cinglantes littéralement affolantes et suspense machiavélique distillé au compte goutte, le réalisateur statue autant à jouer avec les nerfs du protagoniste exténué que du spectateur désorienté. Cette rivalité peu commune entre l'homme et un simple rat "d'origine inconnue" réussit le tour de force de nous convaincre que ce mammifère redoutable puisse se jouer de l'être humain orgueilleux avec une compétence sans esbroufe outre mesure !
D'ailleurs, le réalisateur ne va pas manquer de nous évoquer avant les diverses rixes la réputation notoire de notre rongeur invétéré et sa dangerosité universelle. Comme sa faculté à pouvoir se glisser dans un trou de 3 cms, nager 1 km et se maintenir sur l'eau durant 3 jours ! Sa capacité de traverser le plomb et le béton avec ses crocs dont la pression exerce 1,700 kg par cm2 ! Il peut notamment survivre à la descente des WC et à une chute de 5 étages sans blessure ! Quand à sa progéniture, deux rats ont l'aptitude de proliférer jusqu'à 20 millions de nouveaux nés en moins de 3 ans ! Enfin, nous apprenons aussi qu'1/5 des céréales du globe est toujours dévasté (ce qui évalue une perte de 2,5 milliards de kilos rien qu'aux USA !) et qu'au 14è siècle, le rat a transporté la peste noire tuant 1 personne sur 3 de l'Inde en Islande (1/3 du monde civilisé anéanti par le rat !).
En alternance, le réalisateur va encore nous énoncer quelques infos supplémentaires vis à vis du comportement inflexible du rat pour mieux l'éradiquer alors que certains pays (l'Inde et l'Extrême- Orient) le considèrent comme une divinité. Cette foule d'informations alarmistes sont mises en évidence de manière à accentuer un sentiment d'appréhension, d'incertitude et de préoccupation auprès du spectateur avant le combat final redouté ! Et on peut avouer sans rougir que son point d'orgue apocalyptique, véritable baroud d'honneur pour la quête victorieuse est un moment d'anthologie furieusement belliqueux. Mais auparavant, George Pan Cosmatos nous aura planifié avec réalisme consciencieux et tension permanente la lente dérive paranoïaque d'un homme toujours plus désaxé car confronté aux provocations insidieuses d'une rate implacable !
Dominé par un Peter Weller erratique et utilisant avec dextérité l'aspect terrifiant d'un rongeur ordinaire (en insistant sur les gros plans de son attrait physionomique), Terreur à Domicile est un modèle de terreur anxiogène. Sans nul doute le film le plus roublard jamais réalisé sur le rongeur quadrupède ! Son efficacité toujours plus insolente, son sens du rythme incisif et la rigueur d'une mise en scène autoritaire nous déconcertent sans jamais défaillir ! Mais la plus grande réussite de cette fable sarcastique fustigeant l'homme moderne, car asservi par son confort et sa cupidité, réside dans son scénario original proprement jubilatoire. Il pourrait même se révéler potentiellement plausible dans le fantasme de nos affres les plus défiantes !