SURVIVANCE
Titre d'Origine: JUST BEFORE DAWN
Réalisateur: Jeff Lieberman.
Année: 1981.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h37 (uncut).
Distribution: Gregg Henry, Deborah Benson, George Kennedy, Chris Lemmon, Jamie Rose, Ralph Seymour, Katie Powell, John Hunsaker.
Récompenses: Grand Prix du film d'Angoisse au Festival du Rex à Paris, en 1981.
Prix d'interprétation Féminine pour Deborah Benson.
FILMOGRAPHIE: Jeff Lieberman est un réalisateur et scénariste américain né en 1947 à Brooklyn, New-York.
1972: The Ringer
1976: Le Rayon Bleu, La Nuit des Vers Géants
1980: Dr Franken (TV)
1981:Survivance
1988: Meurtres en VHS
1994: But... Seriously (TV)
1995: Sonny Liston: The Mystérious Lie and Death of a Champion (TV).
2004: Au Service de Satan.
Honnête artisan du Bis à petit budget, Jeff Lieberman avait séduit les amateurs d'horreur en 1976 en réalisant simultanément deux séries B débridées bien troussées, La Nuit des Vers Géants et Le Rayon Bleu. Mais en 1981, il frappe un grand coup dans le domaine du survival avec Survivance, récompensé à juste titre du Grand Prix du film d'Angoisse et du Prix d'interprétation féminine décerné à une méritante Deborah Benson, au festival du Rex de Paris .
Cinq amis de longue date décident de passer un week-end idyllique dans une forêt reculée pour pratiquer du camping en toute autonomie. Mais un meurtre vient d'être perpétré non loin d'une église désaffectée. Rescapé des agissements du meurtrier commis dans ce lieu intangible, un ivrogne en état de marasme rencontre sur son chemin le groupe de jeunes et les alertent fougueusement qu'un démon rode dans les parages. Croyant avoir à faire à un alcoolique azimuté, la bande d'amis continue leur chemin et s'enfonce dans la forêt vers leur destination montagneuse.
Dans la mouvance du notable Délivrance et de Vendredi 13 en pleine ascension, Survivance est un petit miracle d'efficacité dans son ambiance angoissante sous-jacente, constamment inquiétante et palpable. Les amateurs purs et durs n'ont pas oublié le fameux prologue meurtrier qui voit deux comparses éméchés radotant dans une église désaffecté, quand tout à coup l'un d'eux croit entrevoir du plafond ébréché de la bâtisse la présence patibulaire d'un homme insalubre de forte corpulence. Après que le témoin médusé par cette présence hostile se soit dirigé à l'extérieur de l'église pour tenter de démasquer l'intrus, son compagnon resté en interne se fera assassiner de manière cruelle par cet inconnu accoutré d'une machette pour lui échancrer subitement l'arrière train et ses parties génitales. L'effet choc percutant et inopiné se pare d'une certaine verdeur plutôt que de verser dans les dérives sanguines. Pourtant, cette scène concise viscéralement impressionnante terrifie le spectateur dans son impact psychologique sadique et sans concession.
La suite des évènements oriente l'intrigue auprès de ces 5 quidams juvéniles venus camper sauvagement dans cette contrée forestière. L'entente vacancière bon enfant et chatoyante parmi ses citadins est au beau fixe malgré les avertissements inquiétants du survivant du premier meurtre.
Jeff Lieberman réussit à maintenir l'intérêt d'une première partie balisée et sans surprise, transcendée par des comédiens beaucoup plus convaincants et moins puérils que la traditionnelle. En outre, les évènements dramatiques ou délétères envisagés sont moins convenus et plus réalistes que dans n'importe quel slasher lambda. Enfin, l'incroyable score musical ombrageux (accompagné d'un régulier sifflotement aigu) concocté par Brad Fiedel va venir exacerber un climat d'insécurité lattent dans le refuge funèbre de décors forestiers incroyablement hostiles. Rarement un environnement naturel aussi sauvage qu'édénique n'aura été retranscrit de façon aussi persuasive dans son aura opaque !
Le seconde partie va faire monter d'un cran une certaine tension oppressante par le recours à quelques meurtres âpres et intenses (l'homme à bout de souffle dévalant du pont de corde, le couple folichon réunit dans le cimetière près de l'église). Chaque situation de danger présagé étant mis en scène avec un soin consciencieux à vouloir créer coûte que coûte une angoisse lourdement diffuse plutôt que le caractère spectaculaire des effets gores graphiques.
Alors qu'au bout d'une heure de métrage, un rebondissement impondérable va venir ébranler la destinée mortuaire de nos héros à bout de course ! Cette dernière demi-heure va ainsi scander une oppressante traque nocturne à travers bois pour notre dernier couple désespéré d'avoir découvert les corps sans vie de leurs amis exsangues et désorienté par une menace récurrente grandissante.
Il faut allouer la formidable prestance d'une jeune méconnue du nom de Deborah Benson (ovationnée d'un prix d'interprétation !), d'une justesse de sobriété assez inédite dans le genre souvent routinier du survival. Un rôle en demi-teinte de femme mature de prime abord dubitative, chétive et craintive des étranges évènements encourus à leur insu. C'est vers son point d'orgue décisive que la femme revancharde semi traumatisée va littéralement s'extérioriser pour combattre fougueusement la brutalité animale de son meurtrier inflexible. A ce titre, il y a un baroud d'honneur d'anthologie jamais vu dans une production horrifique quand celle-ci décide d'annihiler son antagoniste en tentant de l'étouffer par la poigne de son bras droit et le pénétrer au fond de sa cavité buccale ! Une séquence extrême et éprouvante, intense et cinglant dans cet affrontement tumultueux entre deux sexes opposés à bout de souffle ! On reconnaîtra en second rôle le jeune acteur Gregg Henry (la série TV "les héritiers", Body Double sorti 3 ans plus tard), livrant une honorable interprétation presque aussi convaincante si sa dulcinée ne lui avait pas volé la vedette. ATTENTION SPOILER !!!!!!! Enfin, le portrait de famille octroyé à nos tueurs azimutés rappelle indubitablement les rednecks incultes et rétrogrades ayant perpétré leurs méfaits sordides dans des classiques comme La Colline a des Yeux ou Massacre à la Tronçonneuse. Ces deux jumeaux physiquement robustes par leur taille corpulente et d'une trogne d'ahuri décervelé réussissent à impressionner dans une brutalité rugueuse pour les crimes lâchement exécutés. FIN DU SPOILER.
Quelques décennies après sa sortie et une flopée d'imitations rarement transcendantes, ce must du survival garde intact son pouvoir anxiogène grâce à l'élaboration photogénique d'une ambiance forestière incroyablement prégnante et crépusculaire. La qualité peu commune de son interprétation d'ensemble humainement fouillée, le score musical funèbre et les quelques séquences chocs qui émaillent le récit comblent les attentes de l'amateur d'angoisse perceptible plutôt que le fan de gore outre mesure.
Note: A sa sortie dans certaines salles (dont celle que j'ai personnellement connu à l'époque du Cantin à Liévin), le film était interdit au moins de 13 ans, alors qu'en vidéo il fut proscrit aux moins de 18 ans comme il était traditionnellement acquis à l'origine ! D'ailleurs, la version éditée sous le label Hollywood Vidéo dans nos vidos-clubs est également trompeuse dans le sens où elle n'est pas rigoureusement intégrale !