Après six longs-métrages qui dissèquent l'évolution d'une invasion de morts-vivants, le tout, s'échelonnant sur une carrière de plus de 40 ans, le légendaire réalisateur George A.Romero est toujours aussi passionné par son sujet fétiche. Le secret de sa longévité est que film après film, il trouve le moyen de se réinventer et d'exploiter sous un nouvel angle, sensiblement la même histoire.
Survival Of The Dead est la continuité de la seconde saga de morts-vivants de Romero, débutée en 2007 avec Diary Of The Dead. Si pour sa première saga, Romero avait pris bien son temps entre chaque chapitre (plus ou moins une décennie séparait les quatre films), Survival Of The Dead nous arrive moins de deux ans après son prédécesseur. Sans doute le réalisateur est-il pressé par le temps, il a quand même 69 ans, ou veut-il simplement faire amende honorable après le décevant Diary Of The Dead?
Avec la popularité du film de zombies, il est intéressant de voir comment le maître du genre allait répondre. Si Diary Of The Dead était brouillon et aussi subtil que le vendeur dans l'infopub du Shamwow,Survival Of The Dead est un film de Romero tout craché. Sa critique sociale est bien intégrée à l'histoire et n'est pas du tout imposée au spectateur. Les héros sont imparfaits (rappelant ceux de Day Of The Dead) et les moments gores feront applaudir le plus blasé des amateurs. L'humour noir que préconise Romero n'aura pas été aussi bien rendu depuis Dawn Of The Dead. Sans jamais tomber dans la comédie (le marché pour la comédie de zombies est déjà assez saturé), Survival Of The Dead regorge de petites perles humoristiques, comme le pêcheur qui trouve un zombie au bout de sa ligne!
Le concept du scénario, simple et efficace, est la force principale de Survival Of The Dead. Romero l'a écrit un peu comme un vieux western dans lequel deux clans se confrontent pour la possession d'un territoire. Il y a d'ailleurs une version "Romerienne" spectaculaire de la fusillade western à la fin du film. Dans celle-ci les deux clans ennemis s'affrontent, armes à feu à la main, avec une horde de zombies qui erre sur le terrain de combat. Les personnages doivent donc tenter d'éliminer l'ennemi et les morts-vivants en même temps. Et ils accomplissent leur tâche avec grâce!! Si certaines scènes peuvent sembler longues et que le récit tourne parfois en rond, Romero se rachète avec la dernière portion de son film, certainement ce qu'il a réalisé de plus excitant depuis Day Of The Dead en 1985. Romero pousse aussi plus loin l'évolution psychologique du zombie, chose qu'il avait un peu laissée de côté avec Diary Of The Dead. Un peu comme dans Day Of The Dead, certains protagonistes tentent d'apprivoiser les zombies et changer progressivement leur comportement. Il serait intéressant que le cinéaste approfondisse cette notion si un nouveau chapitre venait se greffer à la série.
Là où Survival Of The Dead déçoit, c'est ironiquement dans une de ses qualités; les scènes gores. Pour quelqu'un qui a popularisé les effets de maquillage sanglants avec Dawn Of The Dead et Day Of The Dead, il est décevant que Romero ait autant recours aux effets numériques dans son dernier opus. Surtout, que les effets en question sont de qualité douteuse. Au moins, les effets moins réussis sont concentrés dans la première partie du film. On peut donc se régaler sans déception lors de la seconde moitié. Un autre élément qui amoindrit les qualités du film est que le scénario ne semble pas avoir été peaufiné au maximum de son potentiel. Survival Of The Dead est bourré d'idée ingénieuse, mais jamais elles ne sont approfondies. Le scénario contient plusieurs scènes qui n'avancent pas l'histoire, et ce, malgré sa durée de 90 minutes. Survival of The Dead aurait gagné à être plus long tout en se concentrant sur ses idées maîtresses.
Survival Of The Dead ne rivalise peut-être pas avec les meilleurs films de morts-vivants de Romero, mais c'est une oeuvre qui s'accroche étonnamment longtemps à notre subconscient. À une époque où les films de zombies sont plus populaires que jamais, il est intéressant de voir celui qui a donné son identité au genre y contribuer aussi aisément.
3,5/5 DANY CHAMPAGNE.