par SUSPIRIA » 14 Novembre 2010, 10:56
Vincenzo Natali traite avec savoir-faire les conséquences dramatiques d'une manipulation génétique quand un couple hérité des ambitions de Frankenstein enfante un monstre humain hybride difficilement domptable, davantage épris de liberté, contestataire du refus de soumission et de domination.
La qualité essentielle du métrage bien construit et réalisé avec adresse tient dans sa noblesse retranscrite à travers l'apparence d'une créature fascinante constamment en mutation, terriblement attachante, belle mais désespérément seule, tributaire de ses désirs romanesques et sexuels.
Un créature douée d'émotion et de sentiments qui au fur et à mesure de son évolution sera alimentée par la soif de liberté, revancharde des ses créateurs responsables de sa condition d'esclave, obligée à se terrer dans une ferme abandonnée pour éviter que quiconque ne soit alerter de sa présence intolérable.
Avec la richesse inspirée d'effets-spéciaux stupéfiants de réalisme et d'inventivité, il faut voir de quelle manière ce monstre humain évolue. Dans ses formes physiques (et morales) les plus innovantes, du bébé difforme étrangement attirant, apeuré de l'hostilité de son environnement ainsi que ses présences humaines tolérées jusqu'à sa taille furtivement adulte d'une jeune femme séduisante dans un corps charnel mais déformé, radieuse par ses yeux bleux perçants autant que frivolement menaçants dans son regard équivoque.
C'est cette généticienne qui aura offert une partie de ses ADN à son cobaye qui éprouvera dans un premier temps un regain d'attachement, une compassion chaleureuse et réciproque envers sa créature.
D'abord réconforté, apprivoisé et mise en confiance par l'autorité compatissante de sa créatrice, le monstre, en contradiction de ses désirs sera à mi-parcours davantage épris d'affection, de sentiments et d'amour pour son généticien mâle qui était si réticent au prémices de sa naissance mais aujourd'hui étrangement envoûté par ses charmes irréels.
Le couple davantage en situation à haut risque ne saura plus ce qu'il faudrait envisager quand à l'avenir incertain de leur création en constante mutation.
La narration classiquement établie ne fait que restaurer de manière contemporaine une histoire qui a déjà été mainte fois traitée dans ces oeuvres antécédentes mais l'incroyable pouvoir de fascination d'une créature hautement fascinante, l'attachement accordé au couple complice formé par Brody et Pollet et la structure de l'intrigue efficacement captivante, inquiétante et non dénué de suspense achèvent de rendre un nouveau film de monstre qui restera dans les annales du cinéma fantastique.
Adrien Brody campe cet homme ambitieux de ses recherches médicales avec sa traditionnelle aisance, sa quotidienne bonhomie, davantage irrité et alerté par la présence inquiétante de celle qu'il a malencontreusement adopté alors qu'il ne souhaitait de prime abord sa destruction.
Sarah Polley campée par la généticienne de renom par qui tout a commencé est parfaitement habile de ses émotions retranscrites avec compassion, amour et attachement envers sa progéniture composée d'éléments de différentes natures.
Un monstre hybride atypique qui doit énormément au pouvoir d'attraction du film, composé par l'actrice talentueuse Delphine Chanéac. Une subtile interprétation en demi-teinte qui laisse place à un florilège d'émotions contradictoires dans sa déchéance esseulée et sa quête addictive de liberté salvatrice.
Nonobstant une narration classiquement orthodoxe mais doté d'un lot généreux de scènes surprenantes habilitées dans des images poétiquement troubles et fascinantes, Splice et un irrésistible et fascinant conte fantastique qui ne perd jamais de vue le sens de l'émotion affectée envers sa progéniture.
Un film rondement mené et maitrisé qui doit énormément à la présence de ces personnages imbriqués dans une situation irréversible, tristement pathétique avant que n'éclot un nouveau spécimen marchandé pour le compte orgueilleux des autorités humaines tendancieuses.
Une perle du genre à devenir un classique.