Sisters

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Messagepar BRUNO MATEI » 23 Décembre 2011, 12:53

SISTERS
Réalisateur: Douglas Buck.
Année: 2006.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h32.
Distribution: Chloë Sevigny, Stephen Rea, Lou Doillon, Dallas Roberts, JR Bourne, William B. Davis, Gabrielle Rose, Colin Chaplin, Talia Williams, Rachel Williams

FILMOGRAPHIE: Douglas Buck est un réalisateur, scénariste et producteur américain
1995: After All
1997: Cutting Moments
1998: Home
2003: Prologue
2006: Sisters
2011: The Theatre Bizarre

Entre 1997 et 2003, le novice Douglas Buck s'était fait remarquer auprès des amateurs de bandes déviantes avec trois courts-métrages particulièrement dérangeants. Trois contes de la folie ordinaire récemment commercialisés en dvd et regroupés sous forme de long-métrage sous le titre condensé de Family Portraits.
33 ans après le chef-d'oeuvre Hitchcockien de De Palma, Soeurs de sang, le réalisateur s'accorde la tâche de remanier l'oeuvre originelle en y adoptant un ton plus hermétique à la limite du fantastique. Une gageure d'autant plus couillue qu'il recrute pour endosser les soeurs siamoises la présence inopinée de notre actrice française Lou Doillon.

Une journaliste, Grace, enquête sur les exactions peu scrupuleuses d'un étrange médecin responsable de la clinique Zurvan. Le cas d'Angélique, patiente interlope et flegmatique va intriguer la journaliste jusqu'à daigner l'épier du bas de son appartement. Mais un meurtre sauvage va être commis dans l'immeuble devant son témoignage. Elle décide d'avertir les services de police mais aucune trace du cadavre.

Dans une superbe photographie limpide, Sisters insuffle dès son prologue un sentiment sous-jacent d'étrangeté émanant du comportement infantile d'enfants et d'adultes déficients déambulant dans le jardin de la clinique du docteur Lacan (Stephen Rea, parfait d'austérité ombrageuse). La futile scène de drague entrevue entre Angélique et un jeune médecin surnommé Wallace va nous confiner furtivement en interne de l'appartement de celle-ci pour une sobre séquence sexuelle que n'aurait pas renié David Cronenberg (caresse et baiser langoureux pratiqués sur les cicatrices d'Angélique par son amant attisé par l'excitation). Une séquence érotique trouble et charnelle renforcée par le comportement ambivalent d'Angélique, à deux doigts d'inhiber les avances du médecin. Après avoir
averti Wallace que sa soeur jumelle Anabelle réside sous le même toit de son appartement, celui-ci décide de commander un gâteau d'anniversaire en guise de courtoisie. C'est en revenant avec le cadeau que l'amant se fait sauvagement assassiné par Anabelle, soeur psychotique préalablement siamoise car détachée par les soins chirurgicaux du Dr Lacan, éperdument amoureux d'Angélique.
Douglas Buck a la bonne idée dans sa première partie soigneusement fignolée de se démarquer du mode opératoire de suspense Hitchcockien précédemment entrepris avec virtuosité par De Palma en axant son intrigue dans un climat funèbre fascinant et terriblement anxiogène. C'est cette ambiance réellement trouble et inquiétante, mis en contraste avec la stylisation de décors contemporains de l'immeuble, qui rendent cette nouvelle version autrement distincte. Plusieurs éléments narratifs vont être aussi habilement contournés pour éluder la redite ou le copier-coller (exit le cadavre occulté à l'intérieur du canapé !). La sobriété suspicieuse des protagonistes principaux renforcent également ce sentiment diaphane d'une intrigue accordant un intérêt croissant sur la psychologie d'Angélique et de Grace, lourdement perturbées par Annabelle.

La seconde partie, beaucoup plus dérangeante et tortueuse se détache encore de la structure originelle de son ascendant en privilégiant le caractère psychologique de notre journaliste, rendue droguée et totalement tributaire des ambitions perfides du docteur Lacan. Dans un florilège d'images extravagantes et de visions extériorisées par les substances psychotropes administrées sur notre enquêteuse, Sisters nous happe l'esprit de visions hallucinées terriblement effrayantes. Un sentiment prégnant de démence va lentement se distiller à l'intérieur du psyché tourmenté de Grace perdue dans son identité fraudée. ATTENTION SPOILER !!! Dès lors, notre héroïne va lamentablement s'identifier à travers l'esprit perturbé d'Anabelle pour se substituer mais entamer par delà même une vengeance sanglante afin de mettre un terme aux expériences scientifiques du docteur Lacan. Un bain de chair et de sang nous est alors violemment asséné de manière viscérale et emphatique par une femme destituée de son identité car en état de confusion psychotique.
Un final déconcertant, à la lisière du fantastique, illustrant également avec désespoir déchu un acte d'amour entrepris par une journaliste délibérée à sauver l'existence esseulée d'une femme désorientée, traumatisée par la séparation chirurgicale de sa soeur jumelle. FIN DU SPOILER.

Baignant dans un climat cauchemardesque perpétuellement trouble et fascinant, Sisters réussit à provoquer l'inquiétude et attise son pouvoir vénéneux dans une intrigue opaque laissant libre court aux tourments pathologiques d'une soeur hantée par la mort de son double délétère.
L'interprétation déroutante du trio Chloë Sevigny, Stephen Rea et Lou Doillon et la mise en scène clinique exacerbent son caractère baroque pour un remake adroit, personnalisé par la patte d'un cinéaste adepte du malaise diffus découlant d'une folie schizophrène.
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BRUNO MATEI
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