Pour compléter ma critique des deux Tetsuo (hop hop ! cest ici !), je vous ai concocté un petit tread consacré à ce réalisateur génial.
« Culte » est un mot galvaudé, mais je pense que pour une fois on peut lutiliser légitimement afin de qualifier ce cinéaste hors normes et ces films démentiels. Le cyberpunk furieux des débuts a certes évolué depuis, mais pris dans leur ensemble, ses films forment une continuité dans les thèmes abordés et petit à petit son oeuvre extrêmement cohérente se présente comme une vision du monde : brutale, sans concessions, misanthrope et nihiliste, alliant sadomasochisme et fantasme nietzschéen. Bien quil soit extrêmement difficile décrire sur ses films qui sont plus des expériences sensorielles que des oeuvres intelligibles, je tente ici un petit guide qui, sans manger de pain, pourra guider les plus curieux dentre vous.
Bienvenue dans le monde de Shinya Tsukamoto. (tatatin !)
>>> The phantom of regular size (Futsu saizu no kaijin 1986)
(court métrage n&b de 18 min)
Malheureusement pas vu.
Et pas près de le voir car si mes souvenirs sont bons, il navait pas les droits pour la musique. Le film nest donc pas exploitable.
Où le trouver ? Dans la collec perso du réalisateur.
>>> Laventure de Denshu Kozo (Denchu Kozo no boken 1987)
(moyen métrage n&b de 47 min)
Ce film est en quelque sorte le brouillon de Tetsuo, on y retrouve (parfois de façon maladroite) tout ce qui constituera le film culte à venir : zéro moyens et effets spéciaux bricolés, montage à la serpe et réalisation psychédélique.
Lhistoire est dune réelle étrangeté : un gosse à qui il pousse un poteau électrique dans le dos est envoyé dans le temps pour combattre des vampires mégalomanes qui on obscurcit le ciel avec une bombe de leur invention. Je vous laisse imaginer.
Ce film est sympatoche, même si honnêtement il est loin dêtre parfait ni même est très passionnant. Mais quand on est fan, on compte pas.
Où le trouver ? Dans le coffret Gemini/Hiruko.
>>> Tetsuo : the iron man (1988)
(moyen métrage n&b de 64 min)
Avec ce film, Tsukamoto entre pour de bon dans la cour des grands. Lisez ma critique pour plus de détails, ce film est simplement un des meilleurs films de SF.
>>> Hiruko The Goblin (Yokai Hanta Hiruko 1990)
(long métrage couleurs de 89 min)
Le premier véritable long métrage de Tsukamoto est en fait un film de commande pour la Shochiku et sûrement le moins personnel de son réalisateur.
En effet, on ny retrouve que trop rarement le génie tsukamotesque et la maestria dans la mise en scène que lon peu trouver dans ces autres films. Au final, une petite bisserie sans prétention qui se laisse regarder, mais rien dextraordinaire.
>>> Tetsuo II : Body hammer (1992)
(long métrage couleurs de 85 min)
Remake/développement du premier Tetsuo, moins réussi mais fournissant une extraordinaire grille de lecture au premier film, ainsi quà ceux qui vont suivre.
Voir la critique pour plus de détails.
>>> Tokyo fist (Tokyo ken 1995)
(long métrage couleurs de 87 min)
Boxe, piercing et sadomasochisme.
LE chef doeuvre de Tsukamoto, un coup de poing dans la gueule comme on nen fait plus.
Jarrive pas à en parler tellement cest bon.
>>> Bullet ballet (1998)
(long métrage n&b de 90 min)
Dans ce film, Tsukamoto développe le thème de la fascination exercée par les armes à feu (déjà esquissé dans Body hammer) à travers le portrait dun salary man déstabilisé par le suicide de sa petite amie. Moins expérimental et plus posé dans sa réalisation, Bullet ballet est aussi son film le plus ancré dans la réalité tokyoïte.
>>> Gemini (Soseiji 1999)
(long métrage couleurs de 85 min)
Deuxième film de commande de Tsukamoto, adapté dun roman dEdogawa Rampo, Gemini est contrairement à Hiruko parfaitement tsukamotesque tout en marquant une étape dans loeuvre de son réalisateur, celle de la maturité. Sil quitte le Tokyo bleuté de Tokyo fist pour le Japon traditionnel des années 20, il nen continue pas moins dexplorer ses préoccupations personnelles (malédiction familiale, opposition civilisation/décadence,...). Commencez par celui là si les autres vous font peur par leur extrémisme.
Un petit lien
>>> A snake of june (Rokugatsu No Hebi 2002)
(long métrage n&b de 80 min)
Encore inédit en France.
Tsukamoto laisse la violence de coté pour sintéresser au sexe. Le film, dans la veine de Bullet ballet, est malheureusement trop inégal, alternant passages plutôt ennuyeux avec des fulgurances de génie à létat brut.
En passant, un lien potopromo.
Où le trouver ? DVD zone 2 (NTSC) chez Happinet Pictures
En attendant son prochain film, Vital.
Malheureusement, il semble que Tsukamoto peine à se renouveler (cest dur à admettre pour un fan hardcore comme moi) : la critique de Sancho.
Sauf indiction particulière, ces films sont dispos en DVD zone 2 PAL chez Studio Canal dans une excellente édition.
Pour résumer, lesquels voir ?
Dur dur. Ces films forment un tout tellement cohérent quil est à mon sens indispensable de tous les voir (excepté Hiruko qui est à part et de peu dintérêt) afin de les apprécier dans leur conteste artistique.
Mais pour vous faire plaisir (et parce que j'ai bien conscience que tout le monde n'est pas fanatique), je vous fais un classement préférentiel :
- Tokyo fist
- Tetsuo I : the iron man
- Gemini
- Tetsuo II : body hammer
- Bullet ballet
- A snake of june
- Denshu kozo
- Hiruko the goblin
En plus dêtre réalisateur, Shinya Tsukamoto est aussi un excellent acteur (en plus dêtre producteur, monteur, scénariste, caméraman,... de ces films). Outre ces propres films (execpté Gemini et Hiruko), il a notamment joué dans des films de Takashi Miike (DOA II, Ichi the killer) ainsi que pour dautres réalisateurs.
Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille ce superbe site qui, en plus davoir de la gueule, est très intéressant, même si certaines interprétations peuvent être sujettes à caution (en anglais).