
[A.K.A Eaten Alive; Mangiati Vivi]
Tourné un an avant son fameux Cannibal Ferox, ce La secte des cannibales offre une fois de plus l'occasion à Umberto Lenzi de saisir la remorque de la mode: des cannibales, mais aussi le milieu des sectes (le film s'inspire d'ailleurs très librement du Temple du Peuple, drame religieux véridique, qui défraya la chronique dans les années 70). L'on a donc affaire a un joyeux petit foutoir scénaristique (une jeune héritière états-unienne part pour l'Amérique du Sud à la recherche de sa soeur disparue, la dite soeur est sous l'emprise d'un gourou - ridicule -, des cannibales surgissent de là on ne sait vraiment pourquoi) pondu par un réalisateur en l'occurrence visiblement peu intéressé par son entreprise.

Censé se dérouler en Nouvelle-Guinée, La secte des cannibales a en réalité vraisemblablement été tourné, outre ses intermèdes new-yorkais, au Sri Lanka, cela s'expliquant par l'allure des indigènes peuplant le métrage. Et lorsque ces derniers changent de look, c'est tout simplement parce qu'il s'agit de stock-shots d'oeuvres (encore peut-on qualifier ces films ainsi) antérieures, dont La montagne du Dieu cannibale, Le dernier monde cannibale ou Au pays de l'exorcisme; des réutilisations abusives de séquences appartenant à d'autres bandes loin de rendre dupe, car indiquant clairement de flagrants changements de photographie.

On peut sourire devant tant de maladresses et de je-m'en-foutisme (la très jolie Janet Agren, positionnée dans un radeau au milieu d'un fleuve, mime le dégoût en regardant devant elle, alors qu'elle surprend soi-disant l'attaque d'un petit singe par un boa, scène - dure - se déroulant en pleine jungle et tout droit reprise du Dernier monde cannibale, ou encore un 'gentil' indigène détachant un Robert Kerman en mauvaise posture, alors que l'on peut apercevoir une corde que l'on n'a pas même pris la peine d'attacher), mais ce qui frustre davantage, c'est le rythme particulièrement mollasson de l'ensemble, les nombreux temps morts, longueurs, et autres bavardages complètement stupides et inutiles, achevant de reléguer ce La secte des cannibales au rang de minable petit film d'aventures à l'exotisme de pacotille. La réalisation médiocre (éclairages moches, zooms lourdingues, mouvements de caméra bidons) et les nombreux sévices gratuits sur les animaux ne sont pas pour améliorer l'affaire.

Seules quelques jolies scènes Gore émergent de cette série Z bis ringarde, comme une castration (moins corsée toutefois que celle de Cannibal Ferox) et surtout un magnifique gros plan sur une éviscération totale, ponctué par un écartèlement de la cage thoracique du même cadavre; ceci mis à part, les trucages sont bien trop rudimentaires pour émoustiller l'amateur d'atrocités sanglantes. Quant au suicide collectif final au sein de la secte, il se révèle d'un grotesque et d'une incrédibilité absolus, tout comme la scène de viol lors du dénouement, par ailleurs fort inoffensive.

L'intérêt de La secte des cannibales se limite à une ou deux incartades Gore efficaces, une sympathique bande-son, ainsi que les beaux yeux de Janet Agren. Pour le reste, ce recueil vieillot de longueurs, d'incohérences et de mollesse, à l'interprétation pitoyable et au machisme aussi galopant que nauséabond (la Agren se reçoit au moins trois robustes gifles au cours du film par son accompagnateur, et elle l'embrasse encore...) s'avère plus chiant et dispensable qu'autre chose.
3/10
