Après s'être juré de ne plus rempiler pour un 4è volet, il aura fallu attendre 10 ans pour que l'antinomique Wes Craven réponde présent avec l'entremise de son compère Kevin Williamson et envisager une nouvelle suite de la fameuse trilogie des années 90, Scream.
Dix ans après les terribles évènements du tueur masqué qui auront coûté la vie à plusieurs adolescents, Sydney Prescott revient dans sa contrée natale, Woodsboro, pour l'inauguration de son livre autobiographique dans une bibliothèque sous les projecteurs. Soudain, la police décrétée par son ami Dewey fait irruption devant l'assemblée pour annoncer aux témoins que Ghostface a encore frappé chez deux adolescentes retrouvées sauvagement assassinées.
Le cauchemar ancestral de Sydney refait soudainement surface et la terreur est revenue à Woodsboro !
ATTENTION SPOILER !!!
A la manière des précédents volets, Scream 4 entre de plein pied dans le vif du sujet et nous assène un préambule en trois actes savoureusement sardonique, ludique et référentiel dans son malicieux dosage des genres et de la devise du "ouh, fais moi peur encore une dernière fois !"
Alors que deux bimbos juvéniles contemplent Stab 6 à la maison devant leur TV, celles-ci s'amusent à ironiser sur la fameuse loi des séries à succès et finissent par établir un parallèle avec la saga mercantile des Saw auquel les personnages réduits à chair à pâté sont à leur goût peu développés, ridicules et inconsistants.
C'est au fameux moment crucial du (ou des) meurtre(s) perpétré(s) que Wes Craven nous dévoile la supercherie pour nous refaire le coup du "film dans le film" puisque la scène auquel nous venons d'assister était tirée d'une "nouvelle" suite de Stab. Un énième volet diffusé devant la TV par deux nouvelles spectatrices avides de sensations fortes mais connaissant les codes du genre sous le bout des ongles.
A peine ce simulacre dévoilé, le tueur, le vrai, va entrer en scène dans la demeure des donzelles et tenter à nouveau de nous appâter dans ses exactions sarcastiques et provocatrices allouées au quizz cinématographique.
C'est enfin qu'apparaît le funeste ballet final au goût de tragédie mélodieuse avec le meurtre empathique d'une jeune fille sauvagement agressée avant d'agoniser de manière lamentée sur le terrain de son entrée de garage.
FIN DU SPOILER.
Après les déclarations sulfureuses des médias avides des nouvelles exactions sanguinolentes de Ghostface et des retrouvailles chaleureuses entre Sydney, sa cousine Jill, l'ancienne journaliste Gale, et Dewey, le flic pittoresque, le tueur continue sur sa lancée pour accomplir deux nouveaux meurtres.
Furtivement, il va avertir entre temps notre héroïne aujourd'hui trentenaire et mature mais esseulée et craintive que la nouvelle série ne fait que commencer et qu'il souhaite simplement dupliquer la mode du temps présent. C'est à dire remaker le modèle d'un film original ! En l'occurrence, Scream !
L'idée astucieuse de nos acolytes Wes Craven et des scénaristes Kevin Williamson et Ehren Kruger est donc de disserter cette fois-ci sur la loi des remakes inutiles et cette mode contemporaine auquel Hollywood ne jure que par elle pour relancer la franchise du cinéma d'horreur. Une tache lucrative afin de réunir son nouveau public avide de sensations fortes et tenter vaguement de surpasser les originaux.
Scream 4 se fond alors en un remake déguisé (voir même une parodie) du premier Scream, avec deci delà quelques surprises aléatoires, des revirements soudains pour pimenter un scénario habituellement riche en clins d'oeil et auto-dérision !
Plutôt bien menée, la narration va prendre une ampleur plus étoffée avec une dernière demi heure haletante et vertigineuse établissant un portrait amer sur la génération actuelle obnubilée par la célébrité via l'entremise d'internet avec You tube et Facebook. Des adolescents toujours aussi fascinés par le pouvoir de l'image chimérique ou réelle mais davantage épris de popularité. Des jeunes rêveurs sous influence avides de starisation, se prenant véritablement pour le cinéaste amateur lambda et filmer de façon autonome leurs séquences cruciales afin de concurrencer la quête du sensationnalisme et du voyeurisme hérités d'une certaine réal TV.
Quand à la révélation finale du ou des meurtriers, elle se révèle presque aussi pertinente que le premier film avant un épilogue un peu grossier dans ces facilités requises mais justifiable par la cause de la hiérarchie des copies conformes, incapables de surpasser leurs précurseurs vétustes mis en exergue dans la sincérité et la créativité.
VOULEZ VOUS ETRE UNE STAR ?
Alors que personne ne misait un centime sur la potentielle qualité de leur nouveau projet casse gueule, ce quatrième volet incisif et ludique réussit à nouveau à surprendre. Avec la contribution explicite d'une touche gore plus abondante dans les giclées déversées (Saw et consorts sont passés par là !), saupoudrée en intermittence d'humour noir mesquin (les gays peuvent maintenant mourir au ciné !), il enterre définitivement au passage le 3è chapitre dans les tréfonds de l'oubli.
Sans toutefois égaliser avec le premier film fondateur, Scream 4 s'avère un excellent slasher toujours plus finaud et malicieux que les succès dérivés dans l'air du temps à la mode des remakes et prouve par la même que la copie ne peut valoir l'original ! (à une ou deux exceptions près peut-être !)