Après une décapante première suite, où il se chargeait de doubler la tension, la violence et les retournements de situation du film initial et accouchait d'une bombe de sensations fortes, Darren Lynn Bousman récidive dans la même veine avec ce troisième volet d'une saga qui aura décidément fait parler d'elle. Le personnage de Jigsaw, interprété par un surprenant Tobin Bell, prend de l'étoffe au point qu'il représente ici le clou de l'histoire. Gravement malade, en phase terminal de son cancer, Jigsaw n'a pourtant rien perdu de son ingéniosité perverse et va, non sans la précieuse aide de son ancienne victime et désormais complice Amanda (une Shawnee Smith au jeu trop outré pour être convaincante), élaborer une machination aussi sanglante que dédaléenne. Toute l'issue du film dépend de lui, de ce vieillard retors et impitoyable agonisant dans un lit, au fin fond d'un sous-sol sans fin où ses dernières victimes en date affronte toutes sortes de pièges potentiellement mortels afin de tenter de sauver leur peau.
Surenchérissant dans le spectaculaire parfois au détriment du scénario,
Saw III se veut paradoxalement plus profond que les deux métrages précédents en matière de psychologie des personnages; cette dernière est ainsi entretenue à grand renfort de flash-back et dialogues qui tendent par moments à nuire à l'efficacité du récit, même s'ils ne sont guère dénués d'intérêt et restent assez intelligemment amenés. Une chose est sûre, l'on ne retrouve pas la fougue morbide et la densité émotionnelle aux confins de l'insoutenable qui faisaient la force de
Saw II. On sent de la part de Bousman la volonté de réaliser un thriller plus viscéral mais en même temps plus extrême durant les séquences-chocs à l'aune des deux prédécesseurs. Quoique la maîtrise échappe parfois au cinéaste encore novice (mise en scène clipesque et peu inspirée, rythme inégal, direction d'acteurs mauvaise excepté pour Tobin Bell), le bougre se rachète en multipliant les scènes de violence d'une impressionnante cruauté tout autant qu'inventives, optant pour un Gore - certes soft - inhabituel dans la production contemporaine et qui fait plaisir à voir; on retiendra de tout cela une opération cérébrale particulièrement corsée et éprouvante, où rien ne nous est épargné.
Il faut bien reconnaître qu'avec trois épisodes en date au compteur, la saga
Saw ne régresse pas trop en intérêt, mais la mécanique risquerait néanmoins de s'essouffler à force d'exploitation mercantile. Serait-il donc sage de s'arrêter là, avec un fort honorable
Saw III, qui remplit parfaitement sa mission sans révolutionner quoi que ce soit pour autant ? Sans nul doute, oui. Glauque, opaque et grandement violente, cette seconde suite se fait un poil moins captivante, roublarde et manipulatrice qu'auparavant mais s'en tire tout de même avec les honneurs et nous offre une fois encore une bonne bouffée d'adrénaline. À voir impérativement.
7/10
