DU SANG POUR DRACULA

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DU SANG POUR DRACULA

Messagepar BRUNO MATEI » 07 Décembre 2012, 07:38

Titres d'origine: Blood for Dracula / Andy Warhol's Dracula
Réalisateur: Paul Morrissey (avec la collaboration d'Antonio Margheriti)
Année: 1974
Origine: U.S.A/France/Italie
Durée: 1h43
Distribution: Joe Dallesandro, Udo Kier, Arno Juerging, Maxime McKendry, Milena Vukotic, Dominique Darel, Stefania Casini.

Sortie salles France: 22 Janvier 1975

FILMOGRAPHIE: Paul Morrissey est un réalisateur, scénariste, directeur de photographie, producteur, monteur et acteur américain, né le 23 Février 1938 à New-York (Etats-Unis).
1966: Chelsea Girls. 1967: I, a Man. 1968: San Diego Surf. 1968: The Loves of Ondine. 1968: Flesh. 1969: Lonesome Cowboys. 1970: Trash. 1971: I miss Sonia Henie. 1971: Women in Revolt. 1972: Heat. 1973: l'Amour. 1973: Chair pour Frankenstein. 1974: Du sang pour Dracula. 1978: Le Chien des Baskerville. 1981: Madame Wang's. 1982: Forty Deuce. 1985: The Armchair Hacker. 1985: Cocaïne. 1985: Le Neveu de Beethoven. 1988: Spike of Bensonhurst.

Un an après son chef-d'oeuvre d'incongruité Chair pour Frankenstein, Paul Morrissey s'empare cette fois-ci du mythe de Dracula pour nous livrer une semi-parodie beaucoup plus prononcée vers la sensualité érotique que l'horreur sanguinolente. Sorti en VHS au début des années 80 sous la bannière de René Chateau dans le cadre des "films que vous ne verrez jamais à la télévision" (mention: strictement interdit au moins de 18 ans, svp !), Du Sang pour Dracula tente de renouer avec la subversion décadente de son binôme cité plus haut. Avec toujours la même équipe technique (Carlo Rambaldi, Antonio Margheriti, Enrico Job, Claudio Gizzi, Luigi Kuveiller, Andy Warhol, Jean Pierre Rassam et Jean Yanne !) et son illustre trio d'acteurs (Udo Kier, Joe Dallesandro, Arno Juerging), cette relecture pittoresque du baron vampire se distingue par son portrait moribond où la maladie l'emporte toujours un peu plus au dépit de sang vierge.
En guise de clin d'oeil, on reconnaîtra dans un passage loufoque le réalisateur Roman Polanski dans celui d'un client de tenancier.

Profondément malade et famélique, Dracula part en Italie avec l'entremise de son valet pour rechercher la femme vierge qui pourra le rajeunir de sang pur. Sur place, ils font la rencontre d'une famille d'aristocrates en situation précaire auquel les jeunes filles effrontées sont sous l'emprise d'un jardinier machiste.

Avec son rythme languissant et sa narration quelque peu redondante, Du Sang pour Dracula peut de prime abord déconcerter le public non averti dans cette déclinaison saugrenue de l'archétype du vampire. Illustrant le profil agonisant d'un baron en quête de virginité, Paul Morrissey déroge aux règles traditionnelles en nous caractérisant son égérie immortelle comme un être faible et aigri particulièrement désabusé. Le plus souvent déplacé par son valet sur une chaise roulante, sa condition physique semble de plus en plus une contrainte et son désespoir de trouver une femme vierge au sein d'une société moderne en expansion le réduit à un vieillard anachroniste (il se teint la tignasse en noir pour masquer ses cheveux blancs !).

En individu défraîchi gagné par l'ennui de l'existence et la frustration de la solitude, Udo Kier réussit une nouvelle fois à démystifier l'icône vampirique, ici sévèrement raillé par des nymphettes en pleine émancipation sexuelle. Son visage glacial de mort-vivant gagné par la maladie ainsi que son regard terne imprégné de mélancolie nous inspirent avec une certaine pitié l'image d'un mourant intoxiqué.
De façon pittoresque et sensuelle, Paul Morissey nous dresse en l'occurrence un tableau dérisoire de la mythologie du vampire où les séquences érotiques occupent une place importante afin souligner notamment le caractère frondeur d'une lutte de classes. Puisque le communisme est ici personnifié par l'autorité machiste d'un jardinier voué à abuser de la noblesse de femmes hautaines en pleine libération de moeurs. Le réalisateur n'hésite pas à porter en dérision le portrait de jeunes nymphos d'apparence respectables mais totalement assouvies par le masochisme sexuel d'un mâle insatiable. Autour de cette partie de jambes en l'air quotidienne, un vampire sur le déclin assiste impuissant à cette déchéance où la virginité n'a plus de déontologie. Et cela même s'il tentera en désespoir de cause de copuler avec certaine d'entres elles avant de vomir (à en mourir !) leur sang impur !
Comme pour mettre un terme au folklore du vampire séculaire n'ayant plus sa place dans la société contemporaine, le final gore en diable clôt cette éloge à la libération sexuelle dans un bain de sang exutoire. ATTENTION SPOILER !!! Puisque Dracula, réduit à l'état de corps démembré, périra sous les coups de hache du jardinier avant de recevoir le traditionnel coup de pieu en plein coeur ! FIN DU SPOILER.

Soutenu par l'inoubliable partition élégiaque de Claudio Gizzi et porté par les épaules de l'ange diabolique Udo Kier, Du Sang pour Dracula reste une oeuvre curieuse à l'esthétisme gothique imprégné de suavité. Son climat semi parodique illustrant la provocation libertine d'une sexualité épanouie transcende notamment avec sarcasme respectueux le portrait mélancolique d'un vampire à bout de souffle.
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BRUNO MATEI
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