SALVAGE
Réalisateur: Lawrence Gough.
Année: 2009.
Durée: 1H15.
Origine: Angleterre.
Distribution: Neve Mcintosh, Shaun Dooley, Linzey Croker, Dean Andrews, Ray Nicholas.
L'argument: Une petite bourgade se voit mise sous quarantaine par les forces armées. Très inquiet, les habitants sont séquestrés chez eux et ne vont pas tarder à découvrir que les militaires ne sont pas forcément la pire des menaces qui rodent dans les parages...
MON AVIS: Premier long-métrage d'un jeune réalisateur inconnu, "Salvage" emprunte la voie dans l'air du temps des films d'infectés suite à la propagation d'un virus indéterminé et incontrôlé.
Dans un petit village d'Angleterre, les habitants se voient subitement envahir par une milice militaire non identifiée auquel ils vont obliger chaque citadin à rester cloitrer à l'intérieur de leur domicile pour cause d'une menace invisible extremement vorace et meurtrière semblant planer à n'importe quel recoin de l'extérieur des pavillons terrestres !
On pourrait alors craindre une énième série B orthodoxe aux doux airs de déjà vu à l'annonce d'une narration aussi éprouvée et contemporaine mais un grand soin apporté à la psychologie de ces personnages et un suspense établit grâce à l'effet de suggestion feront l'ultime différence !
Ce petit film indépendant anglais va s'atteler à rendre intéressant trois cas de conscience dont deux en priorité particulièrement ciblés face à ces protagonistes familiers déséspérés, rongés par le remord d'avoir trahi une vie maritale en chute libre après qu'une jeune fille aura été le témoin indirect des ébats amoureux de sa mère venant à peine de se séparer du père. La fille téméraire, éprise de déception et rongée par la haine et la rancoeur coupera directement le lien affectif avec la mère et se réfugier chez celle de l'une de ses proches amies.
Pendant que l'armée interdira aux occupants toute tentative de fuir la ville, les deux amants vont se retrouver malgré eux barricadés et séquestrés dans leur domicile en essayant malgré tout d'y sortir par effet de curiosité, sentiment étouffant de suffocation ou pour la recherche éperdue, maternelle de tenter de retrouver une fille méprisée, involontairement mise à écart au risque de perdre leur propre vie.
Lawrence Gough va s'intéresser de près à ce couple fuyant et tourmenté durant la quasi totalité du métrage avant un final racé beaucoup plus énervé pour les attaques subies et répétées auquel une issue tragique sera instinctivement ressentie auprès du spectateur.
Les confidences, les états-d'âme, les remords, les regrets vont se livrer dans un tête à tête anxiogène, conflictuel entre nos deux personnages rendus affolés, déconcertés dans un climat oppressant, angoissant où la peur puis la terreur d'un danger inconnu va fugacement les envahir. Un huis-clos tendu plutôt bien exploité car orienté sur le principe du pouvoir de suggestion où l'esprit du spectateur sera constamment en état de doute, d'inquiétude, d'appréhension à savoir quelle menace rendue invisible peut bien provoquer ces attaques meurtrières en série extremement furtives et violemment lapidaires !
A cette idée de menace omniprésente s'établit un réalisme brut accès sur la vérité des personnages en détresse, un peu à la manière du cinéma de Ken Loach, cliniquement photographié.
Le final nihiliste attendu débouchera sur une note fatalement pessimiste, acerbe, ce qui renforce aussi son aspect véridique jusqu'au boutiste.
"Salvage" est une bonne surprise venue de l'Angleterre, une série B intelligente qui prime sur ces personnages plutôt que les effets chocs dévastateurs même si le métrage violent et parfois sanglant se laissera parfois entrainer à raison par l'ambiance de folie furieuse (la scène d'égorgement est à cet égard particulièrement dure, voir même un peu pénible).
A découvrir en dvd avec le magazine Mad Movies.