RITUALS (The Creeper)
Réalisateur: Peter Carter.
Année: 1977.
Origine: U.S.A/CANADA.
Durée: 1H40.
Distributrion: Hal Holbrook, Lawrence Dane, Robin Gammell, Ken James, Gary Reineke, Murray Westgate, Jack Creley, Michael Zenon.
FILMOGRAPHIE: Peter Carter est un réalisateur et producteur britannique né le 8 Décembre 1933 en Angleterre, décédé le 3 juin 1982 à Los Anglees.
1972: The Rowdyman
1977: Rituals
1978: High Ballin
1980: Klondike Fever
1982: Highpoint
Rituals est un survival confectionné dans le moule de la série B, à mi chemin entre le notoire Délivrance sorti 5 ans auparavant et l'excellent Survivance de Jeff Liberman, réalisé en 1981.
Complètement sombré dans l'oubli et disparu de la circulation depuis nos vétustes rayons vhs, cette oeuvre oppressante à l'atmosphère moite et poisseuse se révèle pourtant une pièce maîtresse du genre balisé, trop souvent exploité à mauvais escient pour abuser abondamment du gore festif, imbibé de complaisance.
Cinq médecins amis de longue date décident de partir six jours en pleine forêt pour profiter de la chasse et du bon air . Mais rapidement, d'étranges évènements pernicieux vont venir perturber l'ambiance estivale de notre groupe de vacanciers davantage angoissés par une succession d'accidents irritants.
Au préambule du script linéaire, il est indubitable de penser au chef-d'oeuvre de John Boorman puisqu'il empreinte le même schéma bâti sur l'environnement hostile d'une nature sauvage auquel un groupe d'acolytes va devoir affronter après qu'une menace invisible et nuisible se soit manifestée de manière préjudiciable à l'intérieur de l'enfer vert.
Doté d'une solide interprétation de seconds couteaux bien connus des amateurs (Hal Hoolbrook/Creepshow, Lauwrence Dane/Scanners), Rituals puise sa force dans sa rationalité des faits consciencieusement narrés vers une ambiance anxiogène sous-jacente davantage oppressante et palpable.
Par petites touches successives bien amenées d'accidents volontairement assénés (le vol des bottes de chacun des protagonistes durant leur 1ère nuit, la ruche jetée sur le sol durant leur cheminement pour laisser s'échapper un essaim sauvage d'abeilles prises de marasme ou les pièges à ours infiltrés dans la rivière), notre groupe de médecins va diffusément se laisser happer par un sentiment d'insécurité pour se voir complètement sondés, à la merci d'une présence invisible particulièrement finaude dans son art de les provoquer afin de les désorienter dans cet environnement sauvage conforté à la nature menaçante.
A ce titre, il faut saluer l'habile utilisation des décors décharnés, insolites, arides, opaques ou vertigineux, savamment exploités dans une texture écologique de toute beauté permettant d'accentuer l'effet d'immensité pour ces vastes endroits étrangement baroques d'où plane le silence pesant pour lesquels nos héros lessivés évoluent malencontreusement sous un soleil écrasant.
C'est au fur et à mesure des évènements dramatiques compromis dans la mort et la déchéance que Rituals va gagner en intensité et en science du suspense implacablement exécuté. Et cela sans jamais céder à l'effet gratuit du spectaculaire ou du gore putanesque. Le réalisateur inspiré se jouant de l'effet de suggestion avec sagacité (la présence menaçante à peine effleurée en caméra subjective reste invisible jusqu'aux toutes dernières minutes), de manière à permettre d'exacerber cette lente descente aux enfers vouée à l'échec ou à la repentance pour nos personnages contraints de se laisser embarquer dans un lynchage intempestif sans restriction.
Peter Carter ajoute une belle densité dans la psychologie de ses personnages constamment tourmentés et éreintés d'avoir à subir une épreuve de survie parce que l'un d'entre eux aura malencontreusement porté atteinte à la santé d'un de leur patient durant la seconde guerre mondiale.
C'est en particulier Lawrence Dane dans celui du médecin insidieux, fébrile et sans vergogne et surtout Hal Holbrook incarnant un baroudeur inflexible du fait de son courage sans limite mis en exergue pour la dignité humaine qui tirent leur épingle du jeu. Leur prestance commune allouée aux conflits contradictoires et autoritaires permettent d'amplifier avec sobriété le caractère tragique, pathétique de cette aventure cauchemardesque culminant son point d'orgue dans un final cinglant d'une implacable cruauté.
Nonosbtant sa réputation de rareté condamnée à l'oubli inéquitable, dénigrée des amateurs en dehors d'une poignée d'irréductibles, Rituals est aujourd'hui devenu l'un des dignes représentants du survival vintage n'ayant pas à rougir de ses illustres précurseurs comme l'inégalable Délivrance, Sans Retour ou Survivance, à échelle moindre, sorti quelques années plus tard.
L'excellence de l'interprétation à la psychologie fouillée dressant un tableau abrupt sur la nature humaine dont personne ne sortira indemne, la beauté incisive de ses superbes décors dantesques ou inquiétants, l'atmosphère malsaine sous-jacente subtilement amenée dans une réalisation édifiante nous entraînent dans un cauchemar caniculaire aussi étouffant qu'angoissant.