LA REVOLTE DES MORTS-VIVANTS
Titre Original: La Noche del terror ciego
Réalisateur: Amando De Ossorio.
Année: 1971.
Origine: Espagne / Portugal.
Durée: 1H30.
Distribution: César Burner, Lone Fleming, Elena Arpon, Joseph Thelman, María Elena Arpón.
FILMOGRAPHIE: Amando de Ossorio (6 avril 1918 13 janvier 2001) est un réalisateur espagnol spécialisé dans le film d'horreur et connu plus particulièrement pour sa tétralogie dite « des Templiers ».
1956 : La Bandera negra (The Black Flag) ,1964 : La Tumba del pistolero,1966 : Massacre à Hudson River, 1967 : Pasto de fieras, 1967 : La Niña del patio,1967 : Arquitectura hacia el futuro, 1968 : Escuela de enfermeras, 1969 : Malenka, 1971 : La Révolte des morts-vivants , 1973 : La Noche de los brujos, 1973 : Le Retour des morts-vivants , 1974 : The Loreley's Grasp, 1974 : Le Monde des morts-vivants, 1975 : La Chevauchée des morts-vivants, 1975 : La Endemoniada,1976 : Las Alimañas (The Animals), classé S (= X en Espagne),1980 : Pasión prohibida (Forbidden Passion), classé S (-18 de ans) en Espagne, -18 puis reclassé -16 en France, 1984 : Hydra, le monstre des profondeurs.
LES MORTS SONT VIVANTS MAIS LES CHEVAUX, EUX, LE SONT-ILS ?
La Révolte des Morts-vivants est le premier volet d'une célèbre saga de quatre longs-métrages imaginés et réalisés par Amando De Ossorio.
En s'appropriant d'un archétype mondialement célébré trois auparavant avec la mythique Nuit des Morts-vivants de Romero, le réalisateur espagnol décide d'y apporter sa touche personnelle en créant des personnages moribonds de templiers décharnés, vêtus de soutanes décrépies et cavalant sur leur grand cheval dans des effets techniques de ralenti maniéré.
Au 13è siècle, une jeune femme est offerte en sacrifice à une secte de templiers réunis dans leur église maudite.
Après l'avoir flagellé et potentiellement dévoré, nos adorateurs du malin vont être condamnés par le roi d'Espagne pour meurtre sous couvert de rite macabre.
Quelques siècles plus tard, les condamnés décident de se venger en revenant d'entre les morts pour tourmenter les vivants.
Dans le rayon zone bis ou série Z impayable, La Révolte des Morts-vivants possède suffisamment d'atouts dans son sac à cadavre pour contenter l'amateur de joyeusetés nanardesques qui transcendent la consternation pour créer l'attachement.
Après une scène d'introduction plutôt violente (mais surjouée), assez complaisamment gore pour égayer notre appétit pervers (gros plans juteux sur les plaies entaillées par des coups de sabre assénés sur le corps fouetté d'une innocente enchainée), la suite des aventures de nos templiers récalcitrants va cependant s'atténuer en terme de surenchère sanguine. La narration aussi mince qu'un filet de hareng dévoré par une armée de piranhas affamés nous convoque deux couples d'amants aussi abrutis et inexpressifs qu'un épisode d'amour, gloire et beauté, réunis dans les ruines de nos templiers parce que l'une de leur amie aura disparu après avoir sauté d'un train en arrêt !
Dès lors, c'est la débandade, l'escapade dans les situations les plus rudimentaires et saugrenues ! Comme cette jeune fille réfugiée dans une pièce remplie de mannequins, aux éclairages d'un ton oranger que n'aurait pas renié Bava ou une morgue inquiétante auquel un médecin chef va narrer aux protagonistes stupéfaits la terrible histoire des templiers. Des fameux satanistes condamnés par l'autorité pour avoir pratiqué de monstrueux sacrifices humains. En guise de punition, on leur aura arraché les yeux de leur orbite par des corbeaux perfides après avoir été pendus à la branche d'un arbre.
On l'aura compris, le scénario n'existe pas, les comédiens jouent comme des vaches à lait et chaque situation hasardeuse se confronte à l'incohérence la plus répréhensible quand on voit l'attitude débile de nos personnages potentiellement épouvantés ! A titre d'exemple croquignolet et cocasse, je vous recommande sans réserve la séquence risible où un gugusse barbu (pervers et sadique donc ! pardon Jérome, j'le f'rais plus !) s'amuse à observer et tripatouiller une grenouille dans un bocal d'eau !
Heureusement, toute cette fanfaronnade involontairement crétine et pittoresque est également rehaussée grâce aux décors plutôt soignés comme ses ruines gothiques lugubres et fantasques ou ses plaines verdoyantes héritées d'un Jean Rollin. Avec peu de moyens, Amando De Ossorio administre également une ambiance étrange sous-jacente sur fond d'érotisme polisson à de rares exceptions. Mais c'est surtout cette pléiade de templiers maudits sortis d'outre-tombe, chevauchant sur leur cheval à la conquête de leurs futures victimes au sang frais qui interpelle et fascine le spectateur amusé (Par contre, on se saura jamais si leurs animaux domestiques ont eux aussi une existence exsangue et surnaturelle !).
Le final bordélique qui se clôture dans le décor insolite d'un train de voyage vaut également son pesant de cacahuètes et termine sa besogne avec le plan fixe sur image d'un cri infernal d'une cinquantenaire éberluée à la touffe volumineuse de cheveux gris décoiffés !
EL ZOMBLARD A DADA ! ("quand il n'y a plus de places en enfer, les morts reviennent à cheval !")
Vous l'aurez compris, La Révolte des Morts-Vivants est une série Z à réserver aux inconditionnels de nanars devenus atypiques avec le temps, auquel l'ambiance vintage et désuète accorde un véritable attachement. Du moins pour ceux qui vouent un culte aux zombies de toutes formes ! Car justement ici, nos stars agonisantes à l'apparence antique sont plutôt visuellement bien retranscrites, peu communes et assez photogéniques. Leur présence fantomatique demeurant également soutenue par une sombre partition musicale aux accents latins caverneux.
Les incessantes réparties verbales d'une débilité indétrônable suggérées par la prestance inerte de nos comédiens prometteurs (dans leur conviction d'un autre temps) concourent de rendre sympathique cette production croyant dur comme fer à épouvanter le spectateur.
Dans tous les cas, l'épouvante aura bien lieu !