Troisième volet d'une pentalogie de zombie-movie entamée par le très moyen et surestimé film de Dan O'Bannon et dépourvue de continuité scénaristique pour chaque opus,
Le Retour des Morts-Vivants 3 se présente comme une sorte de Roméo et Juliette de l'horreur dans la mesure où il traite du mythe du mort-vivant en l'imbriquant dans un drame passionnel. Il demeure par ailleurs l'une des rares fictions à avoir attribué des sentiments humains au zombie, celui étant dans la plupart des cas limité à un simple mangeur de chair sans âme. Brian Yuzna réalise ainsi une uvre thématiquement intéressante, qui manque toutefois d'ambition pour se hisser au rang des sommets du genre. En effet,
Le Retour des Morts-Vivants 3 peine à sortir de sa dimension de série B dans l'air du temps et ne constitue qu'un divertissement efficace là où il avait matière à révolutionner l'approche du zombie-movie. Pourtant, tenir le spectateur en haleine reste un gage difficile et on peut confirmer qu'en ce sens, le film de Yuzna remplit parfaitement son contrat.
Quelque part, si
Le Retour des Morts-Vivants 3 séduit autant, c'est parce qu'il est ancré dans cette époque déjà fort nostalgique des années quatre-vingt-dix. La qualité d'image très relative, la musique pop/rock à la Guns N Roses, les fringues démodées des personnages, les décors, tout cela évoque un bon vieux téléfilm ou une bonne vieille série d'il y a environ quinze ans, ce qui n'est pas sans déplaire, dans le fond. On retiendra également la psychologie taillée à la machette des protagonistes et les grosses caricatures de rigueur (jeune fille pseudo-gothique fascinée par les trucs macabres, fils à papa rebelle, truands latinos pleins de hargne, clochard noir avec le cur sur la main), mais le tout est traité avec innocence par un Yuzna davantage préoccupé par l'aspect purement horrifique de son film que par tout le reste, si bien que la pilule passe et que l'on peut même trouver ça touchant, si, si ! Au rayon des scènes-chocs et effets spéciaux, force est de reconnaître que
Le Retour des Morts-Vivants 3 joue suffisamment la carte de la générosité pour satisfaire les amateurs d'épouvante spectaculaire et de violence graphique; quelques scènes de carnage et d'automutilation passablement Gore, des détails craspecs (zombie vorace décollant lui-même une partie de l'épiderme couvrant son visage, laquelle gênait sa mobilité, peau littéralement arrachée de la lèvre inférieure jusqu'au menton) et des morts-vivants délirants dont un spécimen sous forme de tête détachée du corps et soutenue par la colonne vertébrale nous le démontrent amplement. Les trucages, entièrement réalisés à base de latex, sont de bonne facture, encore qu'ils ne valent pas les folies graphiques d'un
Society (probablement le chef-d'uvre de Brian Yuzna) et que certains d'entre eux accusent le poids des ans. Enfin, la transformation de Julie en bête assoiffée de chair, de sang et de douleur ne laisse pas indifférent et son caractère tragique fonctionne relativement bien. Les agissements du personnage de Curt, aveuglé par l'amour, auraient sans doute mérité un traitement plus en finesse, mais n'oublions pas que nous nageons dans de la série B d'horreur lambda où le talent s'affirme moins au niveau du script, de la mise en scène et de la direction dacteurs que dans les maquillages spectaculaires et l'ambiance.
Le Retour des Morts-Vivants 3 confère un certain prestige à une série qui aurait pu sentir le roussi sur toute la ligne avec deux premiers épisodes peu intéressants. Gavée de maladresses et de stéréotypes, notamment dans le développement de ses personnages, cette série B n'en démérite pas pour autant et porte la marque de son gratiné réalisateur qui a quand même signé une ou deux perles dans le genre. Un bon quota de Gore et de SFX tantôt fun, tantôt peu ragoûtants, un doux parfum de produit cheap des années 90, les beaux yeux de Mindy Clarke
que demande le peuple ?
7/10