Razorback de Russell Mulcahy, 1984

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Razorback de Russell Mulcahy, 1984

Messagepar BRUNO MATEI » 06 Novembre 2013, 07:38

Réalisateur: Russell Mulcahy
Année: 1984
Origine: Australie
Durée: 1h35
Distribution: Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood, David Argue, Judy Morris.

Sortie salles Australie: Avril 1984

FILMOGRAPHIE: Russell Mulcahy est un réalisateur australien, né le 23 Juin 1953 à Melbourne, dans l'état de Victoria.
1979: Derek and clive get the horn. 1984: Razorback. 1985: Arena. 1986: Highlander. 1991: Highlander 2. 1991: Ricochet. 1992: Blue Ice. 1993: l'Affaire Karen McCoy. 1994: The Shadow. 1996: Tireur en péril. 1998: La malédiction de la Momie. 1999: Resurrection. 2003: Swimming Upstream. 2007: Resident Evil: Extinction. 2008: Le Rois Scorpion 2. 2009: Fais leur vivre l'enfer, Malone !

A peine âgé de 31 ans lorsqu'il met en chantier son second long-métrage, Russell Mulcahy ne laisse pas indifférent les membres jury d'Avoriaz qui voient en ce solide artisan un nouveau prodige de la réalisation, et cela même si Razorback repart bredouille d'une quelconque récompense. Si durant sa sortie ciné, le succès s'avère timoré auprès du grand public, c'est du côté des vidéophiles qu'il va finalement se tailler une petite réputation de série B culte. Mixant allègrement fantastique, aventure et horreur malsaine pour le portrait déviant imparti à un duo de rednecks, Russell Mulcahy se réapproprie du bestiaire animalier afin d'accentuer le caractère épique d'un affrontement au sommet.

Deux portraits d'individus meurtris se télescopent dans Razorback. Celui du jeune Carl, exilé dans le désert australien pour retrouver la trace de sa femme disparue, Beth Winters, journaliste militante pour la cause animale. Et celui de Jack, sexagénaire esseulé, rongé par la vengeance après avoir perdu son petit fils durant une attaque nocturne du sanglier. Ces deux hommes au caractère bien distinct vont livrer chacun de leur côté un combat impitoyable envers la bête. Au milieu de cet affrontement, deux bouseux travaillant dans un abattoir vont se retrouver mêler à cette chasse impitoyable depuis leur tentative de viol commise sur l'épouse de Carl.

Spectacle baroque furibond où l'onirisme crépusculaire se mêle à une nature solaire clairsemée (la traversée hallucinée de Carl au sein du désert aride !), Razorback joue la carte de la singularité en renouant avec des thèmes éculés du cinéma fantastique. Avec une ambition stylisée, Russel Mulcahy agrémente des plages de poésie durant le cheminement aussi hasardeux que belliqueux de deux justiciers rongés par le deuil. Dans la mouvance des Dents de la mer pour le côté démesuré octroyé à la morphologie du sanglier et de Massacre à la Tronçonneuse pour le portrait émis à deux détraqués sadiques (à bord de leur véhicule, ils pourchassent les kangourous durant les nuits de braconnage en les aveuglant sous les feux de projecteur pour les torturer à leur guise !), Razorback est un curieux mélange des genres auquel l'aventure épique redouble d'intensité. En prenant soin de nous attacher aux personnages valeureux, où leur humanisme est fragilisé par leur écorchure intime, Russel Mulcahy nous propulse au sein d'un survival qui voit s'affronter des chasseurs faillibles mais toujours rebelles pour s'opposer au monstre. Tandis qu'une certaine émotion poignante est véhiculée vis à vis de la relation amicale entretenue entre Sarah (la jeune assistante de Jack) et Carl, veuf inconsolable qui réussira grâce à son soutien à retrouver un regain d'affection. Cette dose de romantisme qui enveloppe peu à peu le récit est intensifiée par la magnifique élégie musicale d'Iva Davies.
En ce qui concerne la carrure impressionnante du Razorback, le réalisateur joue la carte de la suggestion et n'abuse jamais d'esbroufe pour divertir le spectateur. Sans doute pour pallier le manque de moyens alloués aux effets-spéciaux, il fait donc appel aux gros zooms en insistant sur sa physionomie afin d'accentuer la férocité de l'animal. Avec l'habileté d'un montage précis et d'une réalisation régulièrement inventive, Razorback réussit le tour de force de crédibiliser son monstre avec l'appui d'une imagerie crépusculaire littéralement ensorcelante.

Spectacle flamboyant où l'onirisme baroque se dispute à une violence parfois âpre, Razorback mixe les genres avec autant d'efficacité que d'émotion prude. Alors que sa mise en scène, particulièrement douée, transcende l'icône d'une bête d'apocalypse et la pugnacité de nouveaux pionniers jamais à court de renoncement. Un classique indépendant qui n'est pas prêt de s'éteindre !
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BRUNO MATEI
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