Oh My Gore ! - Forum

[BRUNO MATEI]

Titre d'origine: Blue Sunshine
Réalisateur: Jeff Lieberman
Année: 1977
Origine: U.S.A.
Durée: 1h35
Distribution: Zalman King, Deborah Winters, Mark Goddard.

Sortie salles: 7 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Jeff Lieberman est un réalisateur et scénariste américain né en 1947 à Brooklyn, New-York. 1972: The Ringer. 1976: La Nuit des Vers Géants. 1977: Le Rayon Bleu. 1980: Dr Franken (TV). 1981:Survivance. 1988: Meurtres en VHS. 1994: But... Seriously (TV). 1995: Sonny Liston: The Mystérious Lie and Death of a Champion (TV). 2004: Au Service de Satan.

Après s'être fait connaître auprès des amateurs de nanars avec La Nuit des Vers Géants, un premier film fauché bougrement ludique et attachant, Jeff Lieberman monte d'un échelon avec Le Rayon Bleu grâce à une mise en scène mieux élaborée auquel le concept insolite renforce son potentiel terrifiant. Suite à une inexplicable alopécie, des individus sans histoire se transforment en meurtriers erratiques incapables de refréner leurs pulsions. Témoin de trois assassinats, Jerry Zikpkin décide de mener son enquête quand bien même la police le suspecte de son éventuelle culpabilité.

Un pitch simpliste des plus original et inquiétant lorsque l'on apprend que l'origine de cette vague de crimes émane d'une drogue de synthèse que les consommateurs d'une université avaient consommé 10 ans auparavant. Ces effets secondaires retardataires produisant chez eux un comportement irascible particulièrement susceptible au moindre tapage sonore, alors même que leur chevelure périclite soudainement ! Satire incisive des méfaits de la drogue, en l'occurrence l'acide et le Lsd, Le Rayon Bleu n'a d'autre but que de voguer sur le sympathique divertissement dans sa facture bisseuse de série B. A l'image de son héros principal au charisme renfrogné mais dénué d'expression, Zalman King misant sur les comportements outrés pour provoquer stupeur et inquiétude au fil de son investigation et de sa traque policière. Cette maladresse d'interprétation s'avère néanmoins paradoxalement attachante dans sa naïveté, quand bien même les seconds rôles s'avèrent beaucoup plus convaincants dans leur sobriété humaine. Outre quelques maladresses narratives (notamment le suspense inexistant régi autour d'un candidat à la présidence, l'ancien commanditaire du "Blue Sunshine") et certaines situations grotesques (Jerry se rendant chez un armurier pour essayer une arme à air comprimé), Le Rayon Bleu tire-parti d'un climat des plus inquiétant lorsque ces quidams chauves sont d'abord épris de malaise puis de folie meurtrière en roulant des yeux comme des demeurés ! Bien ancré dans son époque des seventies, la facture brutale de certains meurtres détonnent dans leur froideur, Jeff Lieberman impliquant également des rebondissements cinglants pour nous impressionner (les 3 homicides qui ouvrent le prologue accumulent les poursuites effrenées alors que son final confiné au sein d'une discothèque affiche une panique collective !).

En dépit de ses maladresses, du surjeu de Zalman King et d'un récit dénué de surprise, Le Rayon Bleu tire-parti de son efficacité à insuffler un climat ombrageux palpable non dénué d'humour noir dans la posture extravagante des meurtriers toxicos ! Pour les amoureux du Bis, on peut également évoquer la graine de culte !