Titre d'origine: Rabid
Réalisateur: David Cronenberg
Année: 1977
Origine: Canada
Durée: 1h31
Distribution: Marilyn Chambers, Frank Moore, Joe Silver, Howard Rysphan, Patricia Gage, Susan Roman, Jean-Roger Périard, Terry Schonblum.
Sortie salles France: 3 Août 1977. Canada: 8 Avril 1977
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada).
1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.
Deux ans après le séminal Frissons, David Cronenberg renoue avec l'épouvante viscérale en empruntant le schéma du film catastrophe. Après un accident de moto et suite à une greffe de peau, une femme se retrouve porteuse de germes. En état de manque, car acculer à pomper leur sang, elle pique ses victimes à l'aide d'un dard situé sous son aisselle. Rapidement, chaque contaminé entre dans une phase de violence incontrôlée semblable à l'épidémie de la rage et mordent à leur tour n'importe quel quidam.
Diptyque inauguré par Frissons, Rage possède cette même aura malsaine que la mise en scène clinique de Cronenberg va amplifier à l'aide d'une photo blafarde et d'une réalisation documentée. Nouvelle expérience de la terreur dénonçant les dérives des progrès de la médecine, Rage met en exergue la peur du virus dans sa forme la plus alarmiste et emprunte la thématique du vampirisme d'une manière singulière. Son cheminement narratif se fraye à une descente aux enfers irréversible, la progression sommaire d'une épidémie mortelle extrêmement contagieuse où chaque quidam en incubation est incapable de refréner ses pulsions ! Epris de fièvre, l'écume aux lèvres, les yeux injectés de sang et le regard abêti, ils se précipitent sur n'importe quel individu pour les mordre à pleines dents ! Ce climat d'insécurité implanté dans une ville en état de siège, Cronenberg le retransmet avec souci de véracité par l'enchaînement de séquences chocs souvent terrifiantes ou terriblement dérangeantes ! A l'instar de son inoubliable image finale auquel Marilyn Chambers se retrouve vulgairement projetée à l'intérieur du conteneur d'un camion poubelle par des éboueurs en combinaison blanche ! En talent de maître à frissons, Cronenberg sait renouveler l'horreur dans sa forme la plus crue à l'aide d'un sujet percutant alloué au mode catastrophe. C'est à dire la peur virale, en l'occurrence celle de la rage, et l'incapacité des pouvoirs publics d'enrayer la menace. Ne reste plus alors qu'à appliquer la loi martial la plus réactionnaire !
Ancienne star du X, Marilyn Chambers surprend agréablement dans son rôle à contre-emploi puisqu'elle possède ici un réel talent de comédienne (professionnelle !) afin d'incarner une femme-vampire infectieuse mais inconsciente de ces actes. Pourvue d'un charme sensuel et érotique, elle véhicule une aura magnétique presque surnaturelle lorsqu'elle décide de séduire ses victimes avec sous-entendu sexuel. Sa présence aussi délétère que charnelle doit également beaucoup au climat anxiogène qui régit ses exactions.
Véritable cauchemar sur pellicule, Rage s'achemine à l'expérience viscérale et malmène le spectateur dans une descente aux enfers vertigineuse. La folie de ces images morbides et la maîtrise à laquelle Cronenberg réussit à provoquer la répulsion laissent en mémoire une série B indécrassable.