Titre d'Origine: Somewhere in time
Réalisateur: Jeannot Swarc
Année: 1980
Origine: U.S.A
Durée: 1h43
Distribution: Christopher Reeves, Jane Seymour, Christopher Plummer, Teresa Wright, Bill Erwin, George Voskovec, William H. Macy.
Sortie salles France: 6 Mai 1981. U.S: 3 Octobre 1980
Récompense: Antenne d'Or à Avoriaz, 1981
FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse. 1975: Les Insectes de Feu. 1978: Les Dents de la Mer 2.
1980: Quelque part dans le temps. 1983: Enigma. 1984: Supergirl. 1985: Santa Claus. 1987: Grand Larceny. 1988: Honor Bound. 1990: Passez une bonne nuit. 1991: La Montagne de Diamants. 1994: La Vengeance d'une blonde. 1996: Hercule et Sherlock. 1997: Les Soeurs Soleil
Réalisateur éclectique, Jeannot Szwarc s'entreprend en 1980 d'adapter un roman de Richard Mathson, Le jeune homme, la mort et le temps. Rebaptisé au cinéma Quelque part dans le temps, cette tragédie romantique au postulat d'anticipation (les voyages temporels) se révèle la plus brillante réussite de son auteur, justement récompensée de l'Antenne d'Or à Avoriaz.
Au cours d'une réception, un écrivain de théâtre reçoit la visite d'une sexagénaire lui conjurant de lui revenir. Déconcerté par cette déclaration ainsi que l'offrande d'une montre antique, Richard Collier continue son existence solitaire dans le cadre passionnel de sa profession. Huit ans plus tard, alors qu'il loue la chambre d'un hôtel, il aperçoit sur le mur du hall le cadre d'une célèbre actrice photographiée en 1912. Irrésistiblement attiré, il semble reconnaître la vieille dame qu'il avait entrevue dans les coulisses de sa première représentation théâtrale. Avec l'aide d'un professeur utopique, il va tenter de remonter le temps pour retrouver l'amour de sa vie.
A partir d'un canevas délirant axé sur les voyages temporels, le cinéaste français Jeannot Swarc s'improvise en conteur romantique sous l'entremise du notoire Richard Matheson. Avec la complicité talentueuse du couple candide Christopher Reeves / Jane Seymour, Quelque part dans le temps nous illustre leur romance éperdue avec une grâce particulièrement prude. Retranscrit modestement dans une reconstitution champêtre de l'époque des années 1910, cette bouleversante histoire d'amour utilise l'argument fantaisiste du voyage dans le temps afin d'unifier un couple infortuné, destiné à se retrouver dans une époque antérieure. Sans esbroufe spectaculaire, la méthode originale dans laquelle le héros décide de remonter le temps est totalement suggéré par le pouvoir de persuasion. C'est à dire l'autosuggestion psychologique par l'hypnose de l'esprit ! Cette idée singulière réussit avec parcimonie à nous convaincre qu'un homme obstiné, irrésistiblement attiré par la volupté d'une inconnue, puisse accomplir l'inconcevable par la seule force de sa pensée ! Néanmoins, on est aussi en droit de suggérer que tout ceci n'était que l'hallucination contrariée d'un écrivain esseulé perdant peu à peu pied avec sa propre réalité !
D'un romantisme ardent et d'une sensibilité timoré, Jeannot Swarc confectionne quelques instants d'émotion plein de poésie, non exempt d'humour pittoresque (Elise déclarant sa flamme amoureuse en pleine représentation théâtrale devant un public hébété, la complicité amicale entretenue entre le petit Arthur - futur majordome de l'hôtel - et Richard). Outre la densité de son histoire passionnelle compromise par l'hostilité d'un maître chanteur, Quelque part dans le temps captive son spectateur par la conviction d'interprètes habités par leur rôle ! En Dom Juan anachronique vêtu d'un costume rétrograde et transi d'émoi, Christopher Reeve incarne son personnage avec une pudeur innocente afin de conquérir sa future dulcinée. En comédienne de théâtre à l'aube d'une notoriété, Jane Seymour impose une présence gracile dans son élégance formelle et canalise au possible ses nobles sentiments pour sa rencontre avec un inconnu infaillible. A eux deux, ils forment sans esprit de mièvrerie un couple harmonieux vampirisé par la passion des sentiments.
Quand au final proprement bouleversant (pour ne pas dire déchirant !), il saborde sa romance édénique dans un revirement brutal absolument inopiné. L'effet de surprise imposé de manière radicale ébranle le spectateur démuni d'une telle estocade. L'épilogue tout aussi tragique perdure dans ce désespoir affligé avant de nous émerveiller dans une dernière séquence fantasmagorique insondable.
D'une beauté puritaine dans son classicisme imposé et d'une émotion bicéphale pour l'issue accordée à cette brèche temporelle, Quelque part dans le temps est un poème virginal sur la passion des coeurs et la perte de l'être cher. Soutenu par la symphonie pudibonde de John Barry, ce chef-d'oeuvre de lyrisme cisèle le portrait d'amants maudits destinés à perdurer au delà des frontières funestes.