Titre d'origine: Prophecy
Réalisateur: John Frankenheimer
Année: 1979
Origine: U.S.A.
Durée: 1h42
Distribution: Robert Foxworth, Talia Shire, Armand Assante, Richard Dysart, Victoria Racimo, George Clutesi, Burke Byrnes.
Sortie salles: 15 Juin 1979
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Frankenheimer est un réalisateur américain, né le 19 Février 1930 à New-York (Etats-Unis), décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles (Californie).
1957: Mon père cet étranger. 1962: Le Prisonnier d'Alcatraz. 1962: Un Crime dans la tête. 1964: Le Train. 1966: Grand Prix. 1966: L'Opération Diabolique. 1968: L'Homme de Kiev. 1970: Les Cavaliers. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy, le monstre. 1982: A Armes égales. 1986: Paiement Cash. 1992: Year of the gun. 1996: L'Ile du Dr Moreau. 1998: Ronin. 2000: Piège fatal. 2002: Sur le chemin de la guerre.
Série B aujourd'hui sombrée dans l'oubli mais bien connue des vidéophiles des années 80, Prophecy, le monstre est la première incursion dans l'horreur pour John Frankenheimer. Sous couvert de divertissement frissonnant où plane l'ombre d'un monstre de légende (le Kathadin !), le réalisateur aborde intelligemment un sujet écolo envers la pollution lorsqu'une usine de papiers déverse illégalement du mercure dans un lac. Par cette occasion, il en profite notamment pour dénoncer le racisme infligé à une nation indienne incriminée.
Un peuple amérindien vivant reclus dans la forêt va donc subir les frais de cette contamination puisque des malformations de nouveaux-nés, la taille anormale des poissons de la rivière et l'état d'ébriété inexplicable de certains d'entre eux vont les contraindre à alerter le gouvernement américain. Seulement, ils doivent faire face à l'hostilité raciste d'un agent de protection gouvernementale délibéré à les mettre sous les verrous depuis la macabre découverte de corps déchiquetés. Mais grâce au soutien d'un médecin et de son épouse dépêchés sur place, les indiens vont pouvoir coopérer pour tenter de dévoiler au grand jour le scandale.
Avec sa mise en scène solide et le jeu dépouillé des interprètes (le couple Robert Foxworth/Talia Shire apporte une vraie intensité dans leur investigation scrupuleuse et leur mésentente conjugale compromis à la maternité), John Frankenheimer confectionne une série B adroitement troussée car privilégiant de prime abord l'épaisseur psychologique de ses personnages. Qui plus est, avec la qualité des effets spéciaux conçus par Tom Burman, Prophecy, le Monstre réussit à crédibiliser un animal colossal particulièrement rugissant et agressif (sorte d'ours mutant) lorsqu'il s'acharne sur ses victimes. Et à ce niveau, ses méfaits meurtriers font parfois l'objet d'instants de terreur aussi cinglants qu'inopinés ! Pour ce qui est de la physionomie de la créature, et en dépit du latex grossièrement imposé, elle s'avère pourtant aussi impressionnante que pathétique, car victime de la responsabilité de l'homme d'avoir avili sans vergogne son environnement naturel. D'ailleurs, bien avant les attaques récursives du monstre, le réalisateur aura pris soin de nous provoquer l'empathie avec la découverte d'un bébé mutant agonisant. Son aspect terriblement difforme, ses gémissements et ses braillements plaintifs s'avérant éprouvants pour le spectateur. Si la dernière partie conventionnelle finit par céder à l'esbroufe horrifique dans son mode "survival", elle n'en demeure pas moins haletante par son lot incessant d'attaques surprises et de scènes-chocs sanglantes !
En accordant autant d'intérêt à l'aspect ludique du film de monstre et à la réflexion écolo sur les conséquences de la pollution (notamment celles de la nutrition pour l'empoisonnement du poisson !), John Frankenheimer confectionne une série B horrifique des plus captivantes. Qui plus est, la conviction des comédiens (jusqu'aux moindres seconds rôles !), l'esthétisme accordé à la beauté des paysages forestiers et l'ampleur de son score épique l'acheminent vers le petit classique du genre.