Réalisateur: Yves Boisset
Année: 1982
Origine: France/Yougoslavie
Durée: 1h40
Distribution: Gérard Lanvin, Marie France Pisier, Michel Piccoli, Bruno Cremer, Andréa Ferréol, Jean-Claude Dreyfus, Gabrielle Lazure, Catherine Lachens.
Sortie salles France: 26 Janvier 1983
FILMOGRAPHIE (site Wikipedia): Yves Boisset est un réalisateur français, né le 14 Mars 1939 à Paris.
1968: Coplan sauve sa peau. 1970: Cran d'arrêt. 1970: Un Condé. 1971: Le Saut de l'ange. 1972: l'Attentat. 1973: R.A.S. 1975: Folle à tuer. 1975: Dupont Lajoie. 1977: Un Taxi Mauve. 1977: Le Juge Fayard dit Le Shériff. 1978: La Clé sur la porte. 1980: Le Femme flic. 1981: Allons z'enfants. 1982: Espion, lève-toi. 1983: Le Prix du Danger. 1984: Canicule. 1986: Bleu comme l'Enfer. 1988: La Travestie. 1989: Radio Corbeau. 1991: La Tribu.
Inspiré par la nouvelle de Robert Sheckley, Le Prix du Danger préfigurait avec 20 ans d'avance (Loft Story ayant débuté le 26 Avril 2001) le concept documenteur de la TV Réalité. A partir d'un jeu télévisé novateur conçu à la manière d'une impitoyable chasse à l'homme, le réalisateur Yves Boisset met en exergue une société vénale consacrée à glorifier le spectacle de divertissement dans un but lucratif. Un concentré d'action et de brutalité putassière bâti sur le voyeurisme du spectateur avide de sang et de violence. Pour la somme d'un million de dollars, François, chômeur de longue durée, décide de tenter sa chance au fameux jeu télévisé, le Prix du danger. Durant plus de 4 heures d'une traque inlassable, cinq tueurs volontaires sont lancés à ses trousses à travers les rues parisiennes jusqu'au fameux point d'arrivée. Seulement, l'héroïsme pugnace du fugitif attise la sympathie des spectateurs. Afin de les contenter et enrichir l'intensité de son suspense, la production décide de modifier les règles pour privilégier la stoïcité de François dans sa traque sans relâche ! Mais au bout de la course, aucun héros ne peut remporter la victoire au risque de lasser son public fougueux.
Avec un sujet aussi fort et tristement actuel, le film d'Yves Boisset aurait pu converger à un film d'anticipation redoutablement incisif dans sa prophétie médiatique. Malencontreusement, il faut bien avouer que le Prix du danger accuse le poids des années par l'aspect obsolète de ses décors ringards (le plateau de télévision high-tech fait triste figure comparé à ceux d'aujourd'hui !), le jeu trivial des comédiens et surtout le manque d'ampleur de sa réalisation. Si les séquences d'action sont plutôt bien troussées et que Gérard Lanvin fait preuve d'une vigueur inébranlable dans sa course effrénée, le caractère grotesque des situations et surtout le manque d'aplomb de la mise en scène confinent le spectacle vers la parodie involontaire. En prime, le comédien notoire Michel Piccoli en fait des tonnes dans le rôle du présentateur cynique jusqu'à nous irriter. On se demande même si ses outrances et railleries sont ironisées afin de caricaturer l'insolence de nos traditionnels speakers. La réflexion sur la violence auquel l'homme impuni serait prêt à commettre le meurtre gratuit en guise de fantasme se révèle aussi inquiétant que percutant mais manque inévitablement de persuasion dans la caractérisation des antagonistes.
Si le Prix du Danger avait déjà été discrédité par la majorité des critiques lors de sa sortie, sa rediffusion actuelle lui porte un inévitable préjudice. Parce que cette production datée se révèle aujourd'hui encore plus indécise et donc finalement peu crédible pour dénoncer le voyeurisme malsain du spectateur endoctriné par une télévision conspiratrice.