Possession d'Andrzej Zulawski, 1981

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Possession d'Andrzej Zulawski, 1981

Messagepar BRUNO MATEI » 28 Mai 2015, 06:28

Réalisateur: Andrew Zulaswki
Année: 1982
Origine: France/Allemagne
Durée: 2h04
Distribution: Isabelle Adjani, Sam Neil, Margit Carstensen, Heinz Bennent, Johanna Hofer, Carl Duering, Shaun Lawton.

Sortie salles France: 27 Mai 1981. Allemagne: 2007

FILMOGRAPHIE: Andrzej Zulawski est un réalisateur, scénariste, écrivain, metteur en scène de théâtre polonais, né le 22 Novembre 1940 à Lwow (Lviv).
1971: La Troisième partie de la nuit. 1972: Le Diable. 1975: L'Important c'est d'aimer. 1981: Possession. 1984: La Femme Publique. 1985: L'Amour Braque. 1987: Sur le globe d'Argent. 1989: Mes Nuits sont plus belles que vos jours. 1989: Boris Godounov. 1991: La Note Bleue. 1996: Chamanka. 2000: La Fidélité. 2015: Cosmos.

« Je dois à la mystique d'Andrzej Zulawski de m'avoir révélé des choses que je ne voudrais jamais avoir découvertes... Possession, c'était un film infaisable, et ce que j'ai fait dans ce film était tout aussi infaisable. Pourtant, je l'ai fait et ce qui s'est passé sur ce film m'a coûté tellement cher... Malgré tous les prix, tous les honneurs qui me sont revenus, jamais plus un traumatisme comme celui-là, même pas... en cauchemar ! ». Isabelle Adjani.

Fable sur le communisme et le totalitarisme que symbolise à lui seul le mur de Berlin, Possession reste avant tout à mon sens un cauchemar sur pellicule à ranger dans le genre horrifique tant Zulawski pousse l'hystérie des personnages au paroxysme de leur folie meurtrière. Alors que Marc rentre de voyage pour retrouver sa famille, son épouse Anna décide de le quitter après lui avoir avouée une adultère. Incapable de tolérer la rupture et plongé dans une inexorable dépression, Marc ne cesse de la harceler jusqu'à engager un détective. Par le témoignage de ce dernier, nous apprenons qu'Anna entame en définitive une double relation puisqu'une étrange créature tapie dans l'ombre d'une chambre est sur le point d'enfanter un double masculin !

Expérience avec la folie d'une intensité rarement égalée dans le surjeu névralgique des comédiens se questionnant sur la foi spirituelle et la valeur du Bien et du Mal, Possession ensorcelle l'esprit du spectateur, notamment par la performance cinglante d'une Isabelle Adjani habitée par la déchéance psychotique. A l'instar de sa crise de nerf endurée dans les couloirs d'un métro, l'actrice se délivrant corps et âme devant une caméra voyeuriste afin d'extérioriser ses pulsions incontrôlées de psychose. Provocateur en diable et n'ayant aucune pudeur à façonner un film monstre habité par l'aberration, Zulawski abuse de scènes chocs crapuleuses par le biais d'un réalisme clinique aussi éprouvant que dérangeant. Avec sa photo blafarde, sa tapisserie délabrée d'appartements insalubres et sa scénographie urbaine d'une Allemagne aphone de citadins, le cinéaste cristallise un univers anxiogène littéralement étouffant, miroir de la déliquescence morale des protagonistes en dépression. Outre l'horreur des situations et les hystéries collectives qui irriguent les pores d'une intrigue incertaine, Possession clame également le drame psychologique pour la rupture conjugale qu'un couple s'efforce d'accepter en se rejetant la faute l'un sur l'autre. C'est d'ailleurs à la suite de son propre divorce que Zulawski s'est entrepris d'entamer l'écriture de son scénario afin d'exorciser sa douloureuse expérience. De par son dépit inconsolable, ce dernier extériorisant devant une caméra rotative une fracture sentimentale de tous les excès. Une déroute amoureuse qu'un couple en crise se refuse mutuellement à assumer dans leur sens de responsabilité et esprit d'orgueil.

Malsain et dérangeant, glauque et éprouvant, suffocant et d'une violence scabreuse parfois ardue, Possession symbolise l'expérience horrifique de la démesure, au même titre que l'Exorciste de Friedkin, dans le sens où le film scandale de Zulawski multiplie les crises de démence avec une singularité et une intensité aussi tranchée ! Pour parachever, on peut autant saluer le travail artisanal de Carlo Rambaldi ayant réussit à transfigurer une créature organique insaisissable, et que derrière l'horreur de la métaphore se cache aussi un chef-d'oeuvre d'une beauté nonchalante. L'avidité insatiable, désespérée, d'aimer et d'être aimé dans l'harmonie conjugale au point d'en perdre la raison !

Pour public averti !

Récompenses:
Festival de Cannes 1981 : Prix d'interprétation féminine pour Isabelle Adjani (également récompensée pour Quartet).
Césars 1982 : César de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani.
Mostra de cinéma de São Paulo : Prix de la critique pour Andrzej Żuławski.
Fantasporto : Mention spéciale du public pour Andrzej Żuławski.
Prix de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani.
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BRUNO MATEI
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