courage gunblast je suis là!
Des militaires répandent par accident un gaz verdâtre dans latmosphère, ce qui a pour effet de transformer les habitants dune bourgade voisine en zombies putrides amateur de chair sanguinolente. Face à cette invasion qui commence se dresse une petite équipe de survivants menés par un mystérieux pistolero moderne
Le pitch de
Planète terreur est volontairement simpliste. En effet lorsque Quentin Tarantino et Robert Rodriguez on mit en chantier leur projet
grindhouse, ils avaient pour but de rendre explicitement hommage au cinéma bis qui connut son heure de gloire dans les années 70 et 80. Appartenant au cinéma populaire, les films bis était le fer de lance du cinéma dexploitation dalors : il convenait duser des recettes aux codes établis dans toute une série de films qui compensaient leur manque doriginalité par des excès dans la violence, le gore et les maquillages, ainsi que par un esprit libertaire et anticonformiste qui faisait grand bruit dans la société dalors. Ce genre est aujourdhui éteint et le cinéma bis a été remplacé par des blockbusters outranciers et conformistes.
En bons nostalgiques, les deux amis cinéastes se sont donc mis en tête de faire revivre ce genre. Mais si Tarantino a choisi de réaliser un hommage à la fois moderne et délicieusement désuet avec son film
Boulevard de la Mort, Rodriguez lui a au contraire carrément essayé de faire mieux que les films dépoque.
Nantit dun budget 10 fois supérieur à nimporte quel film bis, le réalisateur texan décide donc dy aller franco dans le gore et le délire outrancier. Tout en saupoudrant le tout de cette grosse dose dhumour et de
fun commune à ses films. On a ainsi droit à toute une horde des zombies dégoulinants de jus rances, à des démembrements violemment gorasses, des explosions, des filles dévêtues
bref, sil est une chose quon ne peut enlever au bonhomme cest sa générosité et son envie den montrer toujours plus.
Par contre je ne me priverais pas pour lui ôter tout le talent quune poignée de spectateurs aveugle lui attribue à tort.
En effet la folie ambiante et le délire gore qui caractérise le film ne mène hélas pas bien loin. Pire encore, le caractère outrancier de lhistoire et des effets spéciaux finit par lasser et devenir complètement vain.
Planète terreur est à ce titre complètement vide de sens. La narration a été particulièrement malmenée et est desservie par le caractère systématique des démembrements de zombies. En fin de compte il ne reste plus quune accumulation inutile de scènes à effets spéciaux : des zombies tués à coup de couteau, de mitraillette, de lance roquette, dhélicoptère
Rodriguez va crescendo mais narrive pas un insuffler limpact voulu à son film. Lensemble manque cruellement dune logique densemble, dune atmosphère, dune ambiance qui lierait toutes ces scènes pour donner un ensemble cohérent.
Mais rien ne semble pouvoir sauver le film du naufrage. Même les acteurs peinent à incarner des personnages crédibles
Tom Savini cabotine trop, Rose McGowan ne fait que déhancher et les multiples caméos (Quentin Tarantino, Bruce Willis...) nont aucune saveur.
Par ailleurs, en plus de la mauvaise qualité générale, le film rate complètement son objectif. A aucun moment lesprit anti-conformiste du cinéma bis ne ressortira du film. Là où son collègue Tarantino avait recourt à dhabiles métaphores (notamment lors du passage ou les bagnoles vintage venaient foutre le bordel au milieu des automobiles actuelles au look insipide) Rodriguez tape dans loutrance facile, qui ne choque plus personne. Si dans les années 70 montrer des zombies décrépis, des décapitations, des cannibales fous et des avortements forcés signifiait réellement prendre position face à une société plus puritaine et sinscrire dans un mouvement à la limite du revendicatif (face à une censure alors bien plus sévère quaujourdhui), aujourdhui cela na plus de sens. Le cinéma a déjà presque tout montré et les films actuels rivalisent de spectaculaire jusquà verser dans lexcès inutile. Actuellement le cinéma dhorreur est victime dun formatage qui na plus rien danticonformiste et il est triste de voir que même des défenseurs du cinéma bis comme Rodriguez senlisent dans le système. Enfin, la volonté de volontairement rayer la pellicule est totalement antinomique avec le cinéma bis (naurait-il pas mieux valu de réaliser un vrai film à petit budget plutôt que de sombrer dans cette supercherie qui nabuse personne ?) et je névoquerais même pas le coup de la fausse bobine manquante qui sert dhideux raccourcit scénaristique.
Bref, si la volonté des producteurs de séparer
Boulevard de la mort et
Planète terreur originellement réunis reste condamnable, elle permet toujours daller voir le segment de Tarantino sans être obligé de subir la partie réalisée par Rodriguez : ce que je préconise tant ce film me paraît dispensable.