Titre d'origine: Planet of the Apes
Réalisateur: Franklin J. Schaffner
Année: 1968
Origine: U.S.A
Durée: 1h52
Distribution: Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter, Maurice Evans, James Whitmore, James Daly, Linda Harrison.
Sortie salles France: 25 Avril 1968. U.S: 8 Février 1968
Récompenses: Oscar d'honneur pour John Chambers en 1969.
Genesis Awards 1996 : meilleur film classique
2001: entrée au National Film registry
FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 juilllet 1989 à Santa Monica.
1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: L'île des adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Coeur de Lion. 1989: Welcome Home.
Grand classique de la science-fiction, La Planète des Singes a laissé une trace indélébile dans la mémoire du spectateur tant par la nature délirante de son concept que de sa réflexion philosophique sur la nature humaine.
Après un voyage astral de 18 mois, trois astronautes se retrouvent projetés en l'an 3978 pour atterrir sur une contrée désertique étrangement mutique. Au fil de leur expédition, ils ne vont pas tarder à rencontrer l'hostilité d'une ethnie d'hommes-singes.
Inspiré par le roman de Pierre Boule et d'un épisode de la 4è Dimension (Une Flèche dans le ciel), La Planète des Singes fut un énorme succès international grâce à l'originalité de son postulat et le réalisme imparti aux maquillages des primates confectionnés par John chambers. Il en émane la création d'un univers atypique retranscrit avec une vérité trouble et rehaussé d'une partition ombrageuse. A travers l'irruption accidentelle de trois américains débarqués sur un continent aride, Franklin J. Schaffner insuffle un climat d'étrangeté feutré dans cet endroit solaire épargné de civilisation. Tout du moins c'est ce que les 20 premières minutes laissent sous entendre avant que nos héros témoignent d'une communauté d'hommes sauvages fouinant de la nourriture à travers champs. Rapidement pourchassés par une race de singes mutants armés, les derniers survivants vont se retrouver embrigadés dans des cages d'acier pour être réduits à l'esclavage !
Cette trame insensée engendrée par une ancienne théorie (l'homme descendrait du singe !) est ici magnifiquement retranscrite dans la scénographie d'un microcosme primitif auquel les singes vont devoir taire la rébellion d'un humain doué de parole. A travers un scénario passionnant riche de thématiques (notamment une charge militante pour la cause animale puisque l'homme est ici tenu en laisse et retenu en cage !) et fondé sur la quête existentielle d'une civilisation première, c'est une forme de parodie que Franklin J. Schaffner met en exergue afin de se railler de notre orgueil. La donne est donc inversée pour illustrer à travers l'éthique des singes à quel point toute civilisation est avide d'accéder instinctivement à l'élite du pouvoir pour asservir les plus faibles et les priver de la liberté d'expression. Car ces simiens potentiellement intelligents vont reproduire nos mêmes fondements de doctrine judiciaire (leur tribunal de jurisprudence), de recherche scientifique et médical (l'exploitation de la vivisection, le domptage animal) et de foi religieuse pour se justifier un sens existentiel (leur paroisse chrétienne). Le conservatisme, le racisme, l'exploitation de l'esclavage sont également traités à travers l'intolérance de leur supériorité où la violence expéditive est employée pour maltraiter les prisonniers (les gorilles ne sont d'ailleurs que des geôliers écervelés). Dans cette société faillible compromise par la persuasion d'un homme, deux chimpanzés psychologues (Roddy McDowall et Kim Hunter crèvent l'écran dans leur dignité humaniste !) vont tout de même s'extirper de leur idéologie réactionnaire pour tenter de comprendre le pacifisme de cet insurgé et découvrir sa vraie nationalité.
Mis en scène avec maîtrise (les scènes d'action sont remarquablement coordonnées), La Planète des singes bénéficie notamment d'une direction d'acteur hors pair pour crédibiliser les différents primates humains (orang-outans, gorilles et chimpanzés ont tous une morphologie distincte selon leur origine) alors que Charlton Heston tente de s'extirper de ce cauchemar avec une hargne rigoureuse ! Ce qui nous amène vers la conclusion d'un cliffhanger effroyable de nihilisme afin de mieux fustiger la nature autodestructrice de l'homme !