PHANTASM
Réalisateur: Don Coscarelli.
Année: 1979.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h32.
Distribution: Michael Baldwin, Bill Thornbury, Reggie Bannister, Kathy Lester et Angus Scrimm.
FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie).
1976: Jim the World's Greatest
1976: Kenny and Compagny
1979: Phantasm
1982: Dar l'invincible
1988: Phantasm 2
1989: Survival Quest
1994: Phantasm 3
1998: Phantasm 4
2002: Bubba Ho-tep.
Pour son troisième long-métrage concocté en 1979, le néophyte Don Coscarelli va frapper un grand coup dans le paysage fantastico-horrifique avec Phantasm, justement récompensé du Prix Spécial du Jury à Avoriaz. Ce conte fantastique à petit budget va même bifurquer dans la science-fiction vers son dernier acte, point d'orgue révélateur des exactions du Tall Man et de ses nains encapuchonnés ! Le succès sera si fructueux et méritoire que trois suites inégales seront réalisées avec plus ou moins d'adresse et de naïveté.
Un jeune adolescent et son grand frère sont la cible d'évènements particulièrement étranges et inquiétants dans la morgue adjacente de leur contrée familiale, après que l'un de leur ami ait été retrouvé mystérieusement assassiné. Un croque-mort patibulaire, une sphère métallique meurtrière et des nains encapuchonnés semblent vouloir nuire à nos héros déconcertés.
Dès le préambule nocturne à l'atmosphère charnelle et menaçante, un meurtre est perpétré à l'arme blanche dans un sinistre cimetière par une jeune femme lubrique qui était entrain de forniquer avec un quidam confiant. Une ambiance particulièrement trouble et envoûtante s'insinue facilement dans l'esprit du spectateur, témoin au préalable d'un acte érotique sensuel pour ensuite bifurquer vers la mise à mort d'un assassinat mesquin.
Furtivement, nous allons rencontrer les amis du défunt, Jodie et Michael, deux frères déjà lourdement endeuillés par la disparition de leurs parents. Alors que l'aîné semble davantage en quête d'une idylle amoureuse, son jeune frère Jodie refuse à ce que celui-ci lui soit soutiré par la femme envahissante et décide donc dans un égoisme inconscient de le pister dans ses moindres faits et gestes.
C'est après l'inhumation de leur ami Tommy que Jodie va être témoin d'un acte incongru: un croque-mort de grande taille à la posture ténébreuse va ravir le cercueil du défunt pour l'entreposer à l'arrière de son véhicule. Un peu plus tard, alors que Michael s'est également réfugié dans un cimetière avec une attrayante conquête féminine, le petit frère espionnant le couple en plein ébat va entendre des bruits suspicieux et percevoir des petites silhouettes assombries venues des feuillages avoisinants.
Avec la mélodie lancinante d'une partition musicale funèbre et onirique, concoctée par Fred Myrow et Malcom Seagrav, Don Coscarelli s'est entrepris de bâtir un univers hors normes totalement atypique et surnaturel. Par les yeux innocents d'un jeune adolescent terrifié à l'idée de perdre son frère, potentiellement ravi par l'idylle féminine, un règne opaque étrangement fascinant semble se matérialiser par ses craintes refoulées de la grande faucheuse. Dans son esprit tourmenté par le décès brutal de ses parents, d'un ami familier et de l'absentéisme d'un frère davantage volage, un croque mort, maître d'oeuvre d'un funérarium baroque enlève des cadavres pour les réduire à la taille de nain afin de pouvoir les ravir sur sa planète lointaine en guise d'esclavage. Voilà pour l'imagination débordante déployée par l'entremise d'un esprit fragile, de plus en plus conscient que la vie est indissociablement affiliée à l'iniquité de la mort. Ce n'est qu'à la toute fin du métrage que nous allons apprendre pour quelle véritable motivation Jodie était si obsédé à l'idée de craindre la mort en apprenant par l'intermédiaire de son ami Reggie ATTENTION SPOILER !!! que son propre frère Michael était finalement lui aussi décédé dans un fortuit accident meurtrier. FIN DU SPOILER. Mais en combattant ses démons, l'adolescent meurtri va réussir in extremis à contrôler ses peurs, transcender ses craintes pour valeureusement annihiler l'incarnation du mal représenté par le Tall Man.
Cette succession d'évènements insolites et débridés utilise donc à bon escient l'alibi fantastique pour énoncer une métaphore sur la phobie morbide.
Mais Don Coscarelli en novateur de l'horreur sarcastique va pousser la raillerie à son paroxysme dans son ultime épilogue antinomique afin de faire douter au spectateur que tout ceci n'était peut-être pas qu'un simple cauchemar exutoire mais bel et bien une réalité altérée par un être démoniaque aux pouvoirs surnaturels incongrus !
Personne n'a pu oublier l'impressionnante présence du charismatique Angus Scrimm dans celui du Tall Man, véritable icône du monstre mortifère alloué au spectre fantasmé. Un être diabolique hautain, vêtu d'un costume noir dans sa posture gigantesque et d'un visage blême à l'esprit insidieux. L'étrange et attachant Bill Thornbury apporte une vraie touche d'innocence infantile mais téméraire dans celui de l'ado perturbé par la mort de sa famille, contraint de combattre ses démons perturbateurs dans un courage chevronné au profit d'une peur finalement maîtrisée.
Avec une imagination débordante affiliant l'horreur, le fantastique, le conte et la science-fiction, Phantasm est un sempiternel chef-d'oeuvre du fantastique contemporain déployant un florilège d'idées échevelées et d'éléments fantasmagoriques (la sphère foreuse de cerveau, les doigts scindés regroupés dans une boite de pandore libérant un insecte frénétique, les nains antiques au sang d'une teinte ambrée, l'entrée dimensionnelle vers la planète rouge). L'intelligence débridée de son scénario au préalable désordonné mais subtilement confectionné, l'univers onirico-horrifique qui y est dépeint avec une force créatrice saugrenue et son ambiance singulière scandée par un score musical obsédant achèvent de configurer Phantasm dans les plus belles réussites du fantastique moderne.